Le régulateur allemand gèle des activités de la banque en Allemagne pour «risque imminent de surendettement».
Le superviseur financier allemand, la Bafin, a indiqué mercredi avoir ordonné la suspension immédiate des activités de l’établissement financier Greensill Bank, filiale allemande de la société britannique Greensill, en raison d’un «risque imminent de surendettement».
La Bafin dit dans un communiqué avoir imposé un «moratoire» à cette banque dont la maison mère, au modèle controversé, risque la faillite. Le régulateur «interdit aujourd’hui à Greensill Bank AG de procéder à des cessions et à des paiements car il existe un risque imminent de surendettement de la banque», selon la décision.
Outre l’Allemagne où l’enseigne est peu connue, Greensill, fondée en 2011 et dont le siège est à Londres, possède des activités aux Etats-Unis et en Australie où la société est enregistrée et d’où est originaire son fondateur Lex Greensill.
L’institut de crédit compte notamment comme conseiller l’ancien premier ministre conservateur David Cameron.
«Le moratoire a dû être ordonné pour sécuriser les actifs» de la filiale allemande, d’un total d’environ 4,5 milliards d’euros à fin décembre, précise la Bafin qui assure que les problèmes de la banque ne constituent «pas une menace pour la stabilité financière».
Greensill Bank, dont le siège se trouve à Brême, dans le nord du pays, est depuis plusieurs semaines dans le viseur du superviseur allemand qui a nommé, fait rare, un «représentant spécial» en charge de l’établissement après avoir constaté des problèmes dans ses comptes.
L’argent des épargnants allemands n’est pas menacé, affirme la Bafin, rappelant que les dépôts en Europe sont juridiquement protégés jusqu’à 100.000 euros.
L’association des banques privées allemandes a précisé, dans un communiqué distinct, qu’un fonds d’indemnisation abondé par ses banques membres permet de garantir un montant proche de 75 millions d’euros par client de Greensill.
Greensill n’est pas une banque à proprement parler, mais une société financière spécialisée dans la gestion de la trésorerie des entreprises.
Concrètement, elle leur prête de l’argent pour aider à payer les factures: une forme d’affacturage.
Dans les faits, Greensill va payer pour le compte d’un client un fournisseur, lequel peut recevoir son paiement très vite en échange d’un léger rabais sur le facture.
Greensill se tournera plus tard vers l’entreprise accompagnée pour récupérer le montant total de la facture.
L’établissement regroupe également des créances dans des fonds qui sont proposés à des investisseurs, en leur promettant un meilleur rendement que les placements sans risque.
La crise a éclaté en début de semaine quand la banque Credit Suisse a suspendu 10 milliards de dollars de fonds liés à Greensill, évoquant des «incertitudes considérables» sur la valorisation des actifs sous-jacents.
Dans la foulée, le gérant d’actifs GAM a également coupé les ponts avec Greensill mardi.
Le Financial Times indique que Greensill est en discussions avec la société d’investissement américaine Apollo pour un plan de sauvetage comprenant la vente d’actifs. Greensill cherche par ailleurs à se mettre en dépôt de bilan en Australie.
Parmi les grands clients de Greensill figure le magnat de l’acier Sanjeev Gupta qui a bâti son empire à coup d’acquisitions notamment au Royaume-Uni.