France: bonne surprise sur le front de l’emploi avec plus de 100’000 postes créés dans le privé

AWP

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Le secteur privé a enregistré 102’500 créations nettes d’emplois au deuxième trimestre, en hausse de 0,5%, contre 0,3% entre janvier et mars. Les analystes tablaient sur un léger ralentissement.

Moins de croissance de l’activité mais toujours plus d’emplois créés: le nombre d’emplois salariés dans le secteur privé en France a poursuivi son augmentation au deuxième trimestre 2022, en dépit de la guerre en Ukraine et de la flambée des coûts de l’énergie.

Selon l’estimation provisoire de l’Insee publiée vendredi, le secteur privé a enregistré 102’500 créations nettes d’emplois entre fin mars et fin juin 2022. Cette augmentation de 0,5% est supérieure à celle du premier trimestre 2022 (+0,3%, soit 69’500 emplois en plus).

La hausse apparaît comme une «surprise» pour les économistes, compte tenu d’un contexte économique délicat.

Après la petite hausse du premier trimestre 2022, «on s’attendait plutôt à un léger ralentissement», déclare à l’AFP Sylvain Larrieu, chef de la division Synthèses et conjonctures du marché du travail de l’Insee.

«Comment on crée autant d’emplois avec aussi peu de croissance?», s’interroge pour sa part Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Il y voit une «déconnexion entre l’environnement macro-économique et le dynamisme du marché du travail».

L’emploi privé dépasse son niveau d’avant-crise, fin 2019, avec 754.200 emplois en plus (+3,8%). Mais Mathieu Plane rappelle qu’»on a connu des pertes de productivité importantes» depuis la crise sanitaire.

La guerre en Ukraine, la flambée des coûts de l’énergie, l’augmentation des taux d’emprunt et la pénurie de certaines matières premières sont parmi les causes de l’essoufflement de la productivité.

Un facteur expliquant la création d’emplois dans le privé? Sylvain Larrieu cite le retour en masse des touristes étrangers en France lors des vacances scolaires. «L’emploi dans l’hôtellerie-restauration explique une bonne partie de la hausse».

Le tertiaire marchand affiche ainsi une hausse de 0,8% du nombre d’emplois supplémentaires (+97.300 emplois), après une hausse de 77.300 emplois au premier trimestre (+0,6%). «Ce dynamisme explique l’essentiel de la hausse totale de l’emploi salarié privé», note l’Insee.

L’inconnu de la croissance

Autre raison avancée par Mathieu Plane, «les entreprises font de la rétention d’emplois grâce aux aides à l’embauche, et cherchent à récupérer des gains ailleurs».

Mais la productivité «pourrait rattraper les niveaux antérieurs, ce qui fait peser un risque sur la dynamique de l’emploi pour la suite», note Sylvain Larrieu.

Deux options se dessinent alors: «une forte croissance, accompagnée d’un retour des gains en productivité, ou une croissance qui reste molle et s’accompagnera d’une destruction d’emplois», selon Mathieu Plane.

Dans le détail, l’intérim, boussole de l’emploi, poursuit sa baisse amorcée au premier trimestre 2022. Alors qu’il connaissait une forte hausse au sortir du confinement du printemps 2020, il recule de 2,1% au deuxième trimestre 2022 (-17.400).

«Les intérimaires ont été très utilisés fin 2021 pour remplacer les salariés absents», relève Sylvain Larrieu. «D’autre part, dans un contexte difficile de recrutement, il est possible que les salariés demandent et obtiennent plus de CDI».

Mais «l’intérim demeure supérieur à son niveau d’avant-crise», rappelle l’Insee.

Hors intérim, tous les autres secteurs se stabilisent.

L’emploi industriel augmente légèrement avec la création de 3.100 emplois (+0,1%). Une hausse insuffisante pour rattraper le niveau d’avant crise sanitaire.

Le secteur de la construction est stable, avec un niveau de l’emploi salarié privé identique au début de l’année 2022, et largement supérieur à celui atteint fin 2019 (+6,2%, soit 91.600 emplois en plus).

Enfin, l’emploi salarié privé dans le tertiaire non marchand augmente plus nettement, de 0,7% (+19.500 emplois), confirmant là aussi la hausse constatée lors du premier trimestre (de +7.600 emplois, soit 0,3%).

Selon Sylvain Larrieu, les contrats en alternance «continuent à pousser» les bons chiffres de l’emploi. Pour l’alternance, l’emploi a atteint des niveaux «très supérieurs à son niveau d’avant-crise», indique-t-il.

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