Soixante ans après, les rôles sont inversés – Flash boursier Bonhôte

Pierre-François Donzé, Julien Staehli, Françoise Mensi, Karine Patron et Mickaël Gonçalves, Banque Bonhôte & Cie SA

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Le marché bousier russe inscrit un nouveau record historique avec une plongée de l’indice de 45% en une seule séance.

Semaine particulièrement mouvementée sur les marchés suite à l’entrée de l’armée russe en Ukraine. Le marché bousier russe inscrit un nouveau record historique avec une plongée de l’indice de 45% en une seule séance. Du jamais vu. Nous avons vécu cette semaine un remake de l’histoire avec 60 ans d’écart, lorsqu’en 1961 les Américains ont tenté de renverser le régime de Fidel Castro à Cuba car l’idée d’avoir des bases russes à moins de 200 kilomètres de la Floride leur était inacceptable.

L’actualité et l’ambiance boursière de la semaine dernière s’est véritablement scindée en deux phases bien distinctes: la surprise de l’invasion et les incertitudes liées à la réaction des pays occidentaux a, dans un premier temps, plombé les places boursières jusqu’à jeudi en début de séance. Mais lorsque les premières sanctions furent annoncées, globalement moins dures qu’anticipé, le marché s’est complètement retourné à la hausse en inscrivant aux Etats-Unis un rallye de plus de 6,5% depuis les plus bas de jeudi dernier. Les capitales occidentales ayant statué sur le fait qu’aucune intervention militaire n’aurait lieu, la teneur des sanctions est devenue la seule gauge du niveau de gravité que cette situation allait provoquer au niveau de l’économie.

Nous pensons que malgré toute la modestie dont il faut faire preuve, sur la capacité à anticiper l’évolution géopolitique d’une telle situation, il y a lieu de faire la part des choses. D’un côté il y a la rhétorique des Etats qui visent à se positionner et de l’autre les intérêts des Etats et l’observation des indicateurs des marchés.

Les taux à long terme, aux Etats-Unis comme en Europe, n’ont pratiquement pas bougé. Les emprunts à haut rendement non plus. Sur le marché des changes, les fluctuations de l’euro contre dollar restent dans les fourchettes de ces derniers mois. Seule la volatilité sur les marchés actions a augmenté, ce qui est tout à fait normal dans de telles circonstances. Les pays occidentaux ont tenté, autant que possible, de tenir compte de leurs intérêts au travers des sanctions. C’est pourquoi, à ce jour, les exportations de gaz et de pétrole russe n’ont pas été visées.

L’impact des sanctions sur le système financier russe et les restrictions qui seront imposées à la banque centrale russe, quant à sa marge de manœuvre, est le point le plus délicat de ces mesures. En effet, la banque centrale russe pourrait être partiellement entravée dans la défense du système financier local, ce qui aurait une incidence sur l’épargne russe. Ce matin elle a d’ailleurs relevé son taux directeur de 9,5% à 20% pour contrer la chute du rouble et prévenir les retraits des épargnants.

En conclusion, l’observation des indicateurs clés de marché, qui sont les taux d’intérêt gouvernementaux en occident, ne montrent pas de stress particulier à ce stade. Nous pensons que les sanctions qui pénaliseront de facto les deux camps inciteront les parties à revenir à des négociations car comme le disait Charles de Gaulle: les Etats n’ont pas d’amis ils n’ont que des intérêts.

L’essentiel en bref

 

Swiss Re
 

 

Les résultats 2021 du réassureur suisse ont déçu le marché, malgré sa sortie des chiffres rouges. Swiss Re a donc bouclé l’exercice 2021 sur un bénéfice net de 1,44 milliards de dollars, contre une perte de 878 millions en 2020. Un rebond jugé honorable dans une année marquée par les catastrophes naturelles et la pandémie. L’action a pourtant dévissé sur la publication des résultats, démontrant la déception des investisseurs qui tablaient sur un bénéfice de 1,88 milliard. Les nouveaux objectifs annoncés visant à augmenter le rendement sur capitaux propres (RoE) à 10% en 2022 et à 14% en 2024 n’ont pas suffi à convaincre les marchés.

Les bons chiffres proviennent de l’unité des dommages (P&C) et de l’assurance directe aux entreprises (CorSo), qui sont sortis à plus de 5% au-dessus des attentes, malgré les indemnisations de 2,1 milliards de dollars versées en raison notamment de l’Ouragan Ida et des inondations en Europe. L’unité de vie et santé (L&H) a en revanche déçu, la faute au COVID et enregistre une perte de 523 millions.

Le RoE s’est quant à lui établi à 5,7% en 2021 contre -3,1% en 2020, mais reste bien inférieur à l’objectif du cycle 2013-2018 de 7%. Toutefois, lors des renouvellements de contrats en janvier, le réassureur est parvenu à négocier des prix en hausse de 4% et augmente dans la foulée ses objectifs à horizon 2024. Quant au dividende, il reste inchangé à 5,90 francs par action, le groupe préfère conserver ses liquidités pour développer ses activités dans l’assurance-vie.

En ce qui concerne le conflit russo-ukrainien, le directeur financier a affirmé que Swiss Re n’est pas exposé à la Russie ou à l’Ukraine, que ce soit dans ses activités de réassurance ou en termes d’investissements.

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