Deux visages opposés des marchés – Flash boursier Bonhôte

Karine Patron, Julien Staehli et Pierre-François Donzé, Banque Bonhôte & Cie SA

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Les banques centrales se montrent moins accommodantes. Le marché du travail n’est plus un problème aux USA, les créations d’emplois ont largement dépassé le consensus.

La semaine écoulée a eu deux visages pour les marchés boursiers internationaux. Elle s’est soldée par une baisse en Europe, en repli de plus de 1%, et une hausse aux Etats-Unis, avec le S&P500 avançant de 1,5%, poussé par l’énergie et les valeurs de consommation, et le Nasdaq récupérant 2%. Les points clefs ont été les banques centrales se montrant moins accommodantes, les frictions persistantes entre la Russie et l’Ukraine ainsi que les résultats trimestriels d’entreprises mitigés. Sur fond d’augmentation des prix (poussée de l’inflation en Europe à +5,1%, rally du cours du pétrole) les rendements obligataires se sont fortement tendus.

Les investisseurs ont fait preuve de prudence. Avec la perspective d’une réduction de la liquidité en Europe, ils se retrouvent dans un monde nouveau. Ainsi, jeudi dernier, la Bank of England a décidé à l’unanimité d’une hausse de taux à 0,5% dans son effort pour réduire l’inflation, prévue à 7,25% en avril, via une réduction de pouvoir d’achat et par conséquent un ralentissement du PIB. Les obligations de son programme de quantitative easing ne seront pas réinvesties à l’échéance. La BCE continue de réduire son dispositif de refinancement à long terme (LTRO) mais maintient le taux bas et sa stratégie inchangée malgré l’inflation record. La hausse des prix serait pour moitié liée au renchérissement de l’énergie. Il n’y a donc pas encore de resserrement drastique de politique monétaire, mais Christine Lagarde a laissé la porte ouverte à une hausse de taux en 2022, dépendant des chiffres économiques. L’euro s’est apprécié (1,14 contre USD) pesant sur les valeurs exportatrices.

Le robuste rapport sur l’emploi du mois de janvier a ouvert la voie aux craintes que la Fed se montre plus agressive dans le relèvement des taux pour freiner l’inflation, vu que le marché du travail n’est plus un problème. Les créations de postes de travail, 467’000, ont largement dépassé le consensus, 150’000. En outre, les chiffres de novembre et décembre ont été fortement révisés en hausse. Le salaire horaire moyen a bondi de 0,7% (à 31,60 dollars) ce qui a poussé les craintes de resserrement monétaire plus agressif par la Fed en vue d’éviter une spirale prix-salaires. Mais le cas échéant, l’on ne se retrouverait pas forcément en plein mélodrame. Des taux d’intérêt plus élevés ne doivent pas nécessairement aggraver la correction boursière s’ils s’accompagnent d’une croissance économique suffisamment solide.
Concernant les résultats trimestriels des entreprises, il y a d’un côté les relativement bonnes performances dans l’ensemble, en termes de progression des chiffres d’affaires et des bénéfices, et de l’autre les réajustements de cours boursiers parfois violents. En particulier, avec des perspectives jugées pas assez florissantes pour le premier trimestre 2022, certains FAANG, tels Netflix et Meta-Platforms (Facebook) sont devenus moins magnifiques qu’avant.

L’essentiel en bref

 

Meta Platforms: un trimestre ne fait pas le printemps
 

Malgré les défis liés au COVID-19, tels les ruptures de chaines de production, la pénurie de main d’œuvre et la hausse des coûts, la performance financière des FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) en 2021 a été impressionnante, à la fois collectivement et individuellement. Collectivement, ils ont réalisé un chiffre d’affaires de 1,4 trillion de dollars, plus que le PIB de l’Australie, et généré 320 milliards de dollars de profits. Les investisseurs craignent que cette tendance ne puisse continuer, raison pour laquelle tout signe de ralentissement de croissance, sur fond de hausse des taux, entraine une importante correction boursière. Mais est-ce totalement justifié?

Il semble notamment que le monde se soit retourné contre Meta Platforms (Facebook) après la publication des résultats du quatrième trimestre 2021 jeudi dernier. Le cours de bourse s’est effondré de 26% après l’annonce de ventes, tout de même en hausse de 20% par rapport à l’année précédente mais d’un déclin des profits. Le CFO David Wehner a l’habitude de crier au loup, se montrant prudent à chaque présentation des résultats. Comme dans la fable, le loup est arrivé cette fois, avec entre autres un déclin des usagers actifs, les effets de la politique de confidentialité d’Apple qui aurait fait évaporer 10 milliards de dollars de revenus pour Facebook et la concurrence de Tiktok.

La prévision pour le prochain trimestre, de 3 à 11% de croissance est au-dessous du consensus. Au cours actuel, le ratio cours/bénéfices de Meta Platforms se situe autour de 19 fois les bénéfices estimés pour 2022. C’est relativement bon marché pour une entreprise qui a montré une progression à double chiffre régulière de son chiffre d’affaires.

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