Naviguer en eaux turbulentes – Flash boursier Bonhôte

Karine Patron, Julien Staehli, Pierre-François Donzé, Mickaël Gonçalves et Stéphane Dutu, Banque Bonhôte & Cie SA

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L’inflation commence à s’installer aux Etats-Unis. Jerome Powell estime toujours que l’économie américaine est capable de supporter la remontée des taux à venir en évitant une récession.

La semaine dernière fut très agitée naviguant en eaux turbulentes entre inflation, hausse des taux et craintes de récession. L’indice S&P 500 est d’ailleurs en train de tester dangereusement la limite de son bear market (-20% depuis les plus haut) et la question maintenant est s’il va y aller ou non. La semaine fut donc brutale, abattue par la publication des géants de la grande distribution américaine qui ont annoncé une contraction de leurs marges provoquée par la hausse des coûts et qui ont ainsi ravivé les craintes de l’impact de l’inflation sur l’économie.

En effet, l’inflation commence à s’installer aux Etats-Unis et devient la principale préoccupation des entreprises. Actuellement 445 entreprises du S&P 500 ont publié leurs résultats et parmi celles-ci, 377 ont cité le terme «inflation» dans leur discours. Cette angoisse se reflète de plus en plus dans les estimations bénéficiaires qui ont été revues à la baisse à 4,3%, contre 6% il y a un mois, bien en dessous de l’augmentation des prix à la consommation de 8,3%. En revanche, les prévisions de revenus restent optimistes avec une progression du chiffre d’affaires estimée à 9,8% sur 1 an pour le prochain trimestre.

Cet équilibre entre croissance, inflation et taux va être difficile, mais J. Powell estime toujours que l’économie américaine est capable de supporter la remontée des taux à venir en évitant une récession. Le marché de l’emploi est robuste et les dépenses des ménages et l’investissement des entreprises restent encore solides. La croissance aux Etats-Unis est estimée autours des 2,5%, maintenant le pays en phase d’expansion pour cette année encore.

En Europe, l’inflation est restée stable à 7,4%, mais sa généralisation au-delà de l’énergie et de l’alimentation, devrait conduire la BCE à commencer à relever ses taux dès juillet pour pallier les risques d’une spirale inflationniste par les salaires. Cependant, la BCE doit être prudente dans ses actes pour ne pas entraver une croissance économique déjà bien accablée par le conflit en Ukraine.

La situation en Chine pourrait être le coup de pouce qu’attend le marché pour rebondir. Avec les confinements l’économie chinoise tourne pour l’instant au ralenti et les chaines d’approvisionnement sont extrêmement perturbées, ce qui noircie les perspectives sur la croissance mondiale. Mais la situation sanitaire semble s’améliorer et le gouvernement met tout en œuvre pour garantir la croissance de son économie. Vendredi, Pékin a réduit pour la deuxième fois cette année le taux de référence pour les prêts hypothécaires et s’est engagé à prendre d’autres mesures de soutien pour lutter contre le ralentissement économique, ce qui a redonné du souffle aux marchés.

L’essentiel en bref

 

Richemont fortement pénalisé

Les résultats annuels de l’exercice décalé 2020/2021 du groupe se sont révélés en moyenne meilleurs que prévu. Le bénéfice net a augmenté de 61% à plus de 2 milliards d’euros et le chiffre d’affaires a bondi de 44% à 19,2 milliards d’euros. Malgré les bons chiffres, le titre s’est écroulé de 13% vendredi, à cause de perspectives plus mornes et un raté sur la rentabilité.

Les divisions de joaillerie et d’horlogerie, les plus importantes, ont soutenu ces bons résultats, avec des flux entrants de plus de 3 milliards, le groupe de luxe genevois a ainsi gagné des parts de marché dans ces deux secteurs d’activités. Le bijoutier Cartier a d’ailleurs généré des ventes records, en progression de 49%, quant à celles des différentes marques horlogères du groupe, elles ont bondi de 53%.

Le point noir du tableau se trouvait du côté de la rentabilité, mise à mal par la suspension des activités en Russie qui a généré une charge de 98 millions d’euros et une réévaluation des stocks de 70 millions. La hausse des coûts ainsi que les confinements en Chine, qui ont obligé l’enseigne à fermer 50 points dans ventes dans le pays, sont également coupables de cette baisse de rentabilité et continueront de peser sur les prochains résultats.

Malgré une rentabilité affaiblie, Richemont estime détenir la flexibilité nécessaire pour pallier les incertitudes de l’économie mondiale et être bien placé pour bénéficier pleinement d’une reprise de la demande.

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