La chronique des marchés de Vontobel au 31 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,33%, SPX +0,33%, Dow +0,43%, Russell -0,27%, SOX -0,06%, Eurostoxx -0,05%, SMI -0,03%.

Wall Street se met en mode «conte de fées». C’est Noël avant l’heure hier downtown Manhattan et le marché reçoit tout, mais absolument tout ce qu’il avait commandé à qui vous voulez. Commençons par le plat de résistance avec la Fed qui réduit son taux directeur de 25 points de base, comme attendu et indique que sa politique monétaire est désormais bien positionnée et qu’elle en a terminé pour le moment. Personne n’est dupe, la Réserve Fédérale des Etats-Unis scrute les statistiques économiques de très près et dégainera une nouvelle baisse de taux si ces dernières confirment le ralentissement ressenti de la croissance américaine. En parlant de statistiques économiques, le PIB américain au troisième trimestre ressort nettement au-dessus des attentes (1,9% de trimestre en trimestre contre 1,6% attendus). Cerise sur le gâteau, les dépenses des consommateurs ralentissent moins que prévu, c’est important lorsque l’on sait que ces dernières contribuent à environ deux tiers de la création de richesses d’un pays. Au chapitre des résultats de sociétés, cela continue de très bien se passer. A ce jour 304 firmes du S&P500 ont publié leurs chiffres avec 61% de surprises positives sur la partie des revenus et 79% sur le front des bénéfices.

Résumons, la Fed fait le boulot, les statistiques économiques du jour rassurent et les résultats de sociétés assurent. En fait, la seule chose qui fera peur au marché en ce dernier jour du mois d’octobre, ce sera probablement Halloween…

Dans ce contexte quasiment idyllique, le sentiment général se détend et envoie la volatilité au tapis, l’indice VIX reculant de 7% à 12,22. C’est vraiment très bas, gardons en tête l’image du boxeur qui baisse sa garde…Le dollar ne profite pas du tout du discours «hawkish» (faucon) du patron de la Fed, Jerome Powell, ni de la bonne tenue de la macro-économie, et recule contre euro à 1,1166. Sur le front des matières premières, l’or reprend quelque peu de poil de la bête et revient à 1502 dollars par once. Le pétrole reste neutre et traite à 55,36 dollars par baril de WTI Light Crude ce matin. Etrangement, les intervenants reviennent dans les obligations gouvernementales et renvoient le rendement de l’emprunt US à 10 ans à 1,76%.

Pour en revenir à Wall Street, les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) postent tous deux un nouveau record historique à la cloche alors que leur vénérable grand frère le Dow Jones n’y est pas encore mais se maintient au-dessus des 27'000 points. La configuration technique des indices se fait belle, des cassures à la hausse ne sont plus à exclure. Au registre des secteurs, les utilitaires surperforment le marché alors que l’énergie reste en retrait. Les volumes d’échanges sont stables.

Après la clôture de New York, Apple et Facebook publient toutes deux leurs résultats trimestriels. La firme à la pomme bat les attentes et relève ses perspectives de résultats. Ce qui plait au marché c’est que la baisse des ventes d’iPhones est nettement compensée par la hausse des revenus dans son activité de services, notamment. L’action Apple progresse de 2% dans les échanges après-bourse. Pouce levé du marché suite aux résultats de Facebook, qui parvient également à surpasser les estimations des analystes et dévoile un ralentissement de la croissance de ses revenus bien moins important qu’attendu. Facebook indique par ailleurs que ses dépenses d’investissement augmenteront de 20% l’an prochain, ce qui est nettement moins que prévu. Ceci additionné à cela fait déjà dire à des analystes que la croissance des bénéfices de Facebook va accélérer de belle façon en 2020. A environ 20 fois les bénéfices, le titre semble relativement bon marché pour une valeur de croissance. L’action Facebook en hausse de 4,4% après la cloche.

Peugeot et Fiat Chrysler ont confirmé ce matin un projet de rapprochement pour créer un groupe détenu à 50/50 par les actionnaires des deux sociétés, qui deviendrait le 4e acteur mondial. La maison-mère serait installée aux Pays-Bas (pour le paysage). Les équipes ont été mandatées pour produire un protocole d'accord dans les semaines à venir. Carlos Tavares prendrait les commandes opérationnelles. L’action Fiat grimpe de 10,5% ce matin et est en  hausse de 21% depuis lundi soir…Peugeot recule de 8% et abandonne 4% sur deux jours. Le marché salue les comptes de Starbucks (+3%), de Lyft (+2%) et de Samsung (+1,5% en séance). Contrairement à Facebook, Twitter va totalement interdire les publicités politiques. Boeing a immobilisé une cinquantaine d'appareils dans le monde, selon l'AFP, après la découverte de fissures structurelles sur des B737NG, le prédécesseur du MAX. L’action en recul de 0.8% hier. BNP publie de bons résultats et recule de 0,1%. Geberit bat les attentes les plus optimistes, maintient ses prévisions pour l’année et grimpe de 1,9%. Sonova recule de 1,8%, Goldman Sachs l’a dégradée à «vendre». La BNS a réalisé un profit de 9 milliards de francs sur les neuf premiers mois de l’année. La taille de son bilan est désormais de 51,5 milliards de francs, il semble bien lointain le temps où ce dernier pesait 20 milliards…

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement dans le vert avec Tokyo qui progresse de 0,37% à  la cloche, le dollar/yen se situant à 108,62. la Banque du Japon a laissé ses taux inchangés mais a modifié sa projection d'évolution («forward guidance»). Shanghai recule de 0,35%, le PMI (indice des directeurs d’achats) s’est encore affaiblit un peu plus et s’éloigne lentement et dangereusement de la barre des 50. A Séoul, l’indice Kospi grappille 0,15% et on termine, une fois n’est pas coutume, avec Hong-Kong qui avance de 0,9%. Cela dit demain devrait être un tout autre jour, le PIB au troisième trimestre vient de tomber et s’est littéralement effondré, à -2,9% contre des attentes de -0,3%. Hong-Kong est désormais officiellement en récession, à suivre de près. En Europe, les indices ne se laissent pas emporter par l’enthousiasme américain et démarrent la journée autour de l’équilibre. Le future SPX est également inchangé.

Au menu du jour, en Europe en matinée, les ventes de détail allemandes (sorties relativement mieux qu’attendu), l'inflation française d'octobre (qui recule encore…), l'inflation d'octobre et la première estimation du PIB du T2 en zone euro (11h00). Aux Etats-Unis, l'étude Challenger sur l'emploi (12h30), les revenus et dépenses des ménages, les inscriptions hebdomadaires au chômage, l'inflation sous-jacente et le coût de la main d'œuvre (13h30) puis l'indice PMI de Chicago (14h45). Sur le front des résultats de sociétés, nous suivrons notamment ceux de Estee Lauder, MSCI, Bristol-Myers, Kraft Heinz, DuPont de Nemours et International Paper.

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