L’actualité géopolitique détériore les conditions financières – Flash boursier Bonhôte

Françoise Mensi, Julien Staehli, Pierre-François Donzé, Karine Patron et Mickaël Gonçalves, Banque Bonhôte & Cie SA

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La semaine écoulée a été marquée par de fortes corrections des principaux indices et une hausse de la volatilité. C’est la course aux valeurs refuge comme l’or, le franc suisse et le dollar.

Historiquement, les évènements géopolitiques ont un impact éphémère sur les marchés financiers. Mais avec le COVID-19 les entreprises font déjà face à des contraintes de production et les chaînes d’approvisionnement subissent des goulets d’étranglement. Ceci s’est traduit par un niveau élevé d’inflation. Avec les forces russes qui continuent d’envahir l’Ukraine et les conditions financières qui se détériorent, la situation empire. Ce qui pourrait peser sur la consommation des ménages et la croissance économique mondiale. L’Europe en particulier a augmenté ces dernières années la part des importations dans sa consommation d’énergie vers 60%. Sa dépendance énergétique par rapport à la Russie est élevée, notamment pour le gaz qui équivaut à un tiers de sa demande.

La semaine écoulée a été un véritable choc sur les places boursières, marquée par de fortes corrections des principaux indices et une hausse de la volatilité. Les valeurs bancaires ont été les plus touchées par les craintes de contrecoups d’éventuelles faillites des établissements de crédit russes suite aux sanctions mises en place sur les paiements internationaux. Le secteur automobile a aussi été délaissé par les investisseurs, potentiellement mis à mal par l’arrêt d’unités de production. La pénurie de pièces détachées en provenance d’Ukraine et de Russie et le renchérissement des produits de base.

L’hypothèse évoquée par les Etats-Unis de s’accorder avec leurs alliés européens pour bannir totalement les importations de pétrole de Russie, une sanction économique supplémentaire, fait que cette semaine débute par un lundi noir. C’est la course aux valeurs refuge comme l’or, le franc suisse et le dollar. Le prix du baril de brent et des principales matières premières s’envolent à nouveau, même si de facto les négociants, armateurs, banques et assureurs ont déjà largement cessé les achats en Russie, vu tous les risques encourus.

L’on peut se demander si le choc pétrolier et l’incertitude géopolitique actuels impliquent une modification des plans de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine. Lors de son témoignage semi-annuel au Congrès la semaine dernière, J. Powell a remarqué que le conflit actuel rend la situation plus incertaine et compliquée, mais que la lutte contre l’inflation est une priorité pour la Fed. Il a estimé que le relèvement des taux d’intérêt lors du prochain comité, mi-mars, pourrait être de 0,25%. Vu que le marché de l’emploi se porte bien, avec des créations dépassant encore largement les attentes en février, la hausse pourrait même être de 0,5% plus tard.

L’essentiel en bref

 

La flambée du pétrole

Le pétrole russe est devenu persona non grata, poussant les prix du pétrole à des niveaux que nous n’avons plus vu depuis 2008. Le Brent a touché les 139 dollars en début de séance ce lundi 7 mars, après que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a annoncé que les Etats-Unis et leurs alliés discutaient d’un éventuel embargo sur l’approvisionnement en brut de la Russie.

Cette décision signifierait une nouvelle escalade dans les sanctions contre la Russie par l’Occident, dont l’économie reste fortement dépendante des exportations de pétrole et de gaz russes. Les négociants et raffineries ont été contraints de vendre avec des remises importantes leur stock de pétrole russe, et boycottent désormais ce dernier. Tant que les sanctions internationales envers la Russie ne sont pas établies, les intervenants ne veulent plus toucher au pétrole russe. Shell, Equinor BP ou encore Exxon ont annoncé cesser tout lien avec les compagnies pétrolières russes Rosneft et Gazprom, seul TotalEnergie n’a pas encore publiquement annoncé rompre ses liens avec la Russie.

Cette perte d’approvisionnement russe prive le marché pétrolier déjà tendu par la hausse de la consommation post-pandémique, de 5 millions de barils journaliers. Les Etats-Unis et d’autres pays membres de l’Agence internationale de l’énergie ont annoncé la libération de plus de 60 millions de barils de pétrole des stocks d’urgence dans le but d’éviter les pénuries d’approvisionnement et de refroidir les prix. Des négociations avec l’Iran sur un pacte nucléaire afin de pouvoir lever les sanctions sur les exportations de pétrole brut iranien sont actuellement en cours mais peinent à trouver une entente.

Les membres de l’Opep+ n’ont pas encore changé leur politique d’augmentation progressive de production et considèrent que la volatilité actuelle est due à des facteurs géopolitiques et non à des fondamentaux. Les analystes estiment que le cours du Brent pourrait monter à 200 dollars si les tensions en Ukraine s’accentuent et que l’Opep n’augmente pas plus rapidement leur offre.

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