Gonet: l'actualité des marchés au 9 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,30%, S&P 500 -0,57%, Nasdaq -1,40%, Russell 2000 -1,69%, SOX -0,78%, Eurostoxx -1,82%, SMI -1,24%.

Wall Street termine la première semaine du mois de mai sur une note fort peu printanière. Le marché des actions est en train de faire son deuil de l’argent gratuit, ne cherchez pas plus loin. l’inflation reste le principal souci du marché, qui doute quant à la croissance économique mondiale, tout en déplorant que la progression des bénéfices de sociétés ne soit pas aussi bonne qu’il le souhaiterait (alors qu’elle reste tout à fait correcte mais le marché est un capitaliste glouton et toujours prêt à se laisser submerger par l’émotion). La guerre en Ukraine reste un facteur X (inflation et chaine d’approvisionnement), tout comme le covid en Chine (confinements – chaine d’approvisionnement). Le marché des actions n’apprécie guère que son grand frère obligataire fasse décoller ses taux si rapidement, ce qui remet en question l’acronyme TINA (There Is No Alternative…but stocks). Et les sacro-saintes liquidités prodiguées par les banques centrale (Fed en tête) depuis 2009 sont en voie d’extinction rapide.

En termes de secteurs, le scénario est assez clair, on se débarrasse des valeurs technologiques, au motif qu’elle se seraient laissées entrainer trop haut et qu’elles détestent des taux en hausse. On vend aussi les titres de la consommation discrétionnaire, les récents avertissements sur bénéfices de nombre de sociétés de e-commerce mais aussi de firmes telles que Home Depot inquiètent, l’inflation aurait-elle commencé à freiner les ardeurs du consommateur aux Etats-Unis? A l’opposé de la cote, l’énergie se porte comme un charme, on se demande bien pourquoi…Notons au passage la tentative de rebond de Apple, le titre progresse de 0,33% vendredi mais bute sur sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe actuellement à 159,65 dollars, plus haut du jour pour AAPL 159,44 dollars.

La volatilité recule légèrement vendredi, le VIX se maintient toutefois à un niveau élevé de 30,19. Le dollar est recherché, la paire EUR/USD revient à 1,0506. Le pétrole reste soutenu, le baril de WTI  Light Crude traite ce matin à 108,83 dollars. L’or se replie légèrement, l’once revient à 1870 dollars.

Sur la semaine, le S&P500 (SPX) se replie de 0,21%, le Nasdaq de 1,54% alors que l’Eurostoxx50 recule de 4,57% et le SMI de 3,28%. Vendredi on prend aussi connaissance de l’important rapport américain sur l’emploi, qui montre que l’économie des Etats-Unis a créé plus de 400'000 jobs au mois d’avril, c’est le 12e mois consécutif que le chiffre de 400'000 est battu.

Sur le front de l’analyse technique, le SPX n’a pas réussi à casser son niveau de 4308 points la semaine passée, en revanche il est parvenu pour le moment à défendre son support de 4114 points (le bas du premier trimestre). Si ce niveau est cassé, au-delà des 4000 points psychologiques, il faudra regarder un retracement Fibonnacci de 38,8% qui se situe à 3815 points. Le Nasdaq100 (NDX) a quant à lui a cassé son retracement Fibo de 38,2% de la hausse de 2020 – 2021, ce qui le fragilise. Cela étant dit, le NDX traite désormais 15% en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours, c’est plutôt extrême, sachant que 49% de ses composants ont déjà perdu 50% depuis leurs plus hauts. Rappelons enfin qu’à elles seules, Apple, Microsoft, Amazon, Tesla, Alphabet et Meta pèsent 44% du NDX, il faut donc garder un œil en permanence sur ces mastodontes de la cote.

Les obligations d’Etat américaines continuent d’envoyer leurs rendements un peu plus haut. Ce matin le 10 ans traite à 3,14%, le 30 ans à 3,24% et le 2 ans à 2,72%. Tout cela va vite, probablement un peu trop vite pour le marché des actions, qui a ronronné si longtemps sur un matelas de liquidités.

Dans un tel contexte, le principal chiffre de la semaine sera publié mercredi, il s’agit de l’indice américain des prix à la consommation. La totalité des taureaux est dans les starting blocs, brûlant bougie après bougie pour que le chiffre sorte en-dessous des attentes, ce qui permettrait à la horde des optimistes de décréter le pic de l’inflation. Rappelons le contexte: au mois de mars les prix à la consommation ont augmenté de 8,5% par rapport à mars 2021 et de 1,2% par rapport à février 2022. Mercredi, les économistes prévoient 8,1% et 0,2% pour avril, une décrue donc. Croisons les doigts, le marché n’a probablement pas besoin d’un uppercut supplémentaire…

Les dirigeants du G7 s’engagent à interdire les importations de pétrole russe, même si la Hongrie s’oppose à un plan de sanctions énergétiques de l'UE. Les États-Unis élargissent les sanctions, interdisant aux cabinets de comptabilité et de conseil américains de travailler avec la Russie et imposant des pénalités à Gazprombank. Le Royaume-Uni dévoile de nouvelles mesures commerciales, notamment des droits d'importation sur le platine et le palladium russes. Vladimir Poutine pourrait dévoiler ses prochaines mesures aujourd'hui, à l'occasion de la commémoration du Jour de la Victoire en Russie.

«Compliqué et grave». C'est l'avertissement de Li Keqiang sur la situation de l'emploi en Chine, alors que Pékin et Shanghai ont encore renforcé les restrictions sur le Covid. Le premier ministre chinois encourage les ministères et les régions à aider les entreprises à conserver les emplois et demande aux entreprises de reprendre la production avec des mesures anti-virus en place. Les exportations d'avril ont augmenté de 3,9% en glissement annuel en dollars, dépassant les estimations, tandis que les importations sont restées stables.

Les faucons de la Fed défendent la banque centrale contre les allégations selon lesquelles elle serait en retard sur l'inflation. Le gouverneur Christopher Waller et le chef de la banque centrale de Saint-Louis James Bullard font valoir que les critiques ne tiennent pas compte du resserrement qui précède les hausses réelles.

Cette semaine, le calendrier des résultats de sociétés prévoit notamment les chiffres de  3D Systems (DDD), Coinbase (COIN) et Disney (DIS). Dans le secteur des véhicules électriques, un important sommet de l'automobile comprendra un discours d'Elon Musk, CEO de Tesla (TSLA), et Rivian Automotive (RIVN) dépassera la période de blocage de l'introduction en bourse pour les premiers investisseurs. Ça risque de vendre à tout va sur ce titre… à ce jour, près de 90% de la capitalisation boursière du S&P500 a publié ses résultats. Les bénéfices battent les attentes à raison de 6,9% en moyenne, 76% des firmes dépassant les pronostics. Depuis le début de la saison du premier trimestre, les estimations pour 2022 ont augmenté, j’écris bien augmenté, de 1,2%. Les tendances pour le premier trimestre sont robustes et les révisions à la hausse dépassent leur tendance historique de 4,2%, les faits démentent donc en partie le sentiment actuel, il faudra s’en souvenir lorsque la poussière retombera sur les indices.

Pas d'indicateur majeur sur le front macro-économique à signaler aujourd’hui.

Adidas: Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 250 à 235 euros. Nestlé: Goldman Sachs relève son objectif de 138 à 144 francs. Le PNF française s'intéresse au Crédit Suisse. Par ailleurs, la banque s'apprête à déposer une plainte de 430 millions de dollars contre SoftBank au sujet de Katerra. Les Benetton et Blackstone seraient prêts à lancer une offre pour Atlantia à la fin de l'été. EasyJet va supprimer certains sièges d'avion en raison de la pénurie de personnel. Shell va organiser des négociations pour la vente de stations-service et d'une usine de lubrifiants en Russie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient. Hong Kong est fermée, Tokyo perd 2,01% à  la cloche, Shanghai traite à l’équilibre et Séoul se replie de 1,27%. Le future SPX abandonne 0.85% supplémentaires et l’Europe ouvre en repli de 1%. Le moment est probablement bon pour se rappeler les principes d’investissement de Warren Buffett.

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