Gonet: l'actualité des marchés au 4 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow +0,20%, S&P 500 +0,48%, Nasdaq +0,11%, Russell 2000 +0,85%, SOX +0,75%, Eurostoxx +0,77%, SMI +0,25%.

Wall Street défend ses gains de la veille avec succès. Même si la hausse du jour reste timide, on peut saluer cette performance dans un contexte ô combien tendu et à l’approche de la réunion de la Fed de ce soir. Les volumes d’échanges restent «acoustiques», ce n’est pas la frénésie qui prédomine dans les salles de marchés mais on prend, ce d’autant plus que la volatilité trébuche, l’indice VIX perd 9,49% et repasse en-dessous de 30 à la cloche. Il est intéressant de constater que l’activité de couverture (hedging) recule significativement juste avant l’annonce de la Fed. L’indice S&P500 (SPX) vient chatouiller le niveau de 4200 points en séance mais ne parvient pas à le casser, ceci dit le plus important dans l’immédiat est d’avoir défendu avec succès le support de 4114 durant la séance de lundi. Sur le front des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, des financières et de l’immobilier. Pour la première fois depuis plusieurs jours, les vendeurs semblent accuser le coup et les shorts devenir quelque peu nerveux.

Le marché obligataire patiente, les signatures gouvernementales américaines à 5, 10 et 30 ans évoluent toutes autour de 3%, alors que le 2 ans remonte assez logiquement, à 2,80%. Les taux réels à 10 ans reculent très légèrement mais se maintiennent en territoire positif (+0,14%), ce qui ne fait pas l’affaire de l’or, qui résiste toutefois quelque peu, l’once évolue ce matin à 1866 dollars, son prochain support est à chercher dans la zone 1835 – 1830 dollars. Le dollar rend un peu de terrain, il ne semble pas capable de casser les 1,0500 contre euro en l’état, on verra ce qu’il en est ce soir après 20 heures. Quant au pétrole, il rend un peu de terrain, le baril de WTI Light Crude revient à 104,40 dollars.

Bonne nouvelle de la macro-économie, les commandes aux entreprises ressortent nettement mieux qu’attendu au mois de mars aux Etats-Unis (+2,2% de mois en mois contre 1% attendu). C’est peut-être un détail pour vous, mais pour la Fed ça veut dire beaucoup, chaque statistique de ce genre lui octroie un peu d’oxygène dans son processus de hausses agressives de taux.

Elles se rappellent à notre bon souvenir : les valeurs liées aux vaccins sont de nouveau à la une, avec une surperformance continue depuis hier, après que Pfizer a laissé intactes ses perspectives de revenus pour 2022 pour ses vaccins Covid et que les ventes de ses vaccins au premier trimestre ont dépassé les estimations (PFE +1,97%, MRNA +3,14%, BNTX +2,18%).

Aujourd’hui est donc jour de Fed. Et comme cette dernière nous annonce sa décision ce soir à 20 heures, ne vous attendez pas à des swings dignes du Golf Club de Genève durant la séance européenne, tout un chacun est en mode veille, on écoutera Oncle Jay avant de traiter, c’est ainsi. La Réserve Fédérale des Etats-Unis devrait relever ses taux de 50 points de base, ce qui constituerait la plus forte hausse depuis 2000. Il est également probable que le FOMC dévoile des plans attendus depuis longtemps pour réduire le bilan de la Fed, en commençant par une liquidation des titres arrivant à échéance, qui pourrait commencer ce mois-ci. Jerome Powell pourrait faire allusion à de nouvelles hausses, mais ne discutera probablement pas de leur ampleur, selon l’agence Bloomberg. Le marché des Fed Funds a déjà totalement intégré la probabilité de 50 points de base de hausse ce soir, il prévoit par ailleurs 95,7% de probabilités de 75 points de base supplémentaires le 15 juin.

Quant à la Banque Centrale Européenne (BCE), il est temps de commencer à maîtriser l'inflation, et une hausse des taux pourrait intervenir dès juillet, selon Isabel Schnabel (membre du board de la BCE). «Du point de vue d'aujourd'hui, je pense qu'une hausse des taux en juillet est possible», déclare-t-elle au Handelsblatt. C’est une déclaration légèrement plus hawkish que celle de Luis de Guindos il y a quelques jours, lorsqu'il a signalé le potentiel d'une hausse en juillet, mais a ajouté que ce n'était pas probable.

Lorsque l’on se penche sur les flux en actions américaines, on constate que les investisseurs institutionnels sont revenus massivement dans les actions directes (single stocks) depuis trois semaines. Les hedge funds sont pour leur part revenus dans le marché depuis la semaine passée, cela faisait 9 semaines que l’on ne les avait pas vu du côté acheteur. Les rachats d’actions propres d’entreprises ont redémarré la semaine passée et devinez qui s’est mis à vendre des actions directes? Bingo! Les petits porteurs, «the wrong way crowd», you name it. Bref, l’histoire semble se répéter inlassablement et sans pitié pour les investisseurs individuels, qui paient toujours pour les gros au final.

L'indice PMI des services des principales économies pour avril sera publié tout au long de la journée. Aux Etats-Unis, journée chargée avant la décision de la Fed sur ses taux (20h00), avec l'étude ADP sur l'emploi (14h15), la balance commerciale (14h30), l'ISM des services (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires.

Advanced Micro Device: les résultats sont bien accueillis avec un gain de 6,8% pour le titre post-séance. Airbnb: le titre reprend 5,7% hors séance après ses résultats. Geberit: les résultats sont plus élevés que prévu mais les hausses de coûts massives ont rogné la marge. Starbucks: le titre gagne 5% hors séance après ses résultats trimestriels. Volkswagen: le constructeur maintient ses perspectives pour 2022 alors que l'approvisionnement en puces devrait s'améliorer au second semestre. SAP mandate Moelis pour trouver un acheteur à sa filiale Litmos. Apple a recruté une responsable expérimentée de Ford, Desi Ujkashevic, pour travailler sur son projet de véhicule électrique Apple Car, selon Bloomberg. AT&T relève les prix de ses forfaits pour faire face à la hausse de ses coûts. Elon Musk déclare que Twitter pourrait facturer de «légers frais» pour les utilisateurs commerciaux et gouvernementaux. Il prévoit de réintroduire la société en bourse quelques années après son rachat. Meta Platforms, propriétaire de Facebook, ouvre l'accès à un grand modèle linguistique d'IA. Novartis décroche une troisième indication pour le Kymriah en Europe.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient quelque peu. Tokyo et Shanghai sont fermées, Hong Kong perd 1,13% et Séoul rend 0,11%. Le future SPX grappille 9 points et l’Europe ouvre sagement, en légère hausse de 0,2%. Tout le monde sur le pont ce soir à 20 heures pour l’annonce de la Fed!

A lire aussi...