Gonet: l'actualité des marchés au 2 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -2,77%, S&P 500 -3,63%, Nasdaq -4,17%, Russell 2000 -2,81%, SOX -4,47%, Eurostoxx +0,68%, SMI +0,50%.

Wall Street doit se rendre à l’évidence, les mastodontes américains de la technologie ne lui sauvent plus la mise, en tous les cas pas en ce mois d’avril qui voit l’indice Nasdaq100 (NDX) perdre 13,5%, on n’avait plus vu une telle amplitude depuis octobre 2008. Le parallèle entre nos jours et cette période noire n’a pas lieu d’être établi, en revanche cette analogie indique combien le marché reste nerveux et corrige brutalement lorsque son humeur s’assombrit. L’indice S&P500 (SPX) ne fait guère mieux au mois d’avril en rendant 9,11%, tandis que l’Europe s’en sort beaucoup moins mal, l’Eurostoxx50 recule de 2,96% et le SMI ne perd que 0,41%. Le marché suisse des actions prouve une énième fois son statut défensif. Ces performances des indices du vieux continent sont simples à expliquer, ce dernier est pauvrement équipé en valeurs technologiques, qui ont fait grand mal au marché la semaine passée. Les sujets de préoccupations du marché sont connus: pressions inflationnistes, tentative chinoises de maitriser le covid, guerre en Ukraine et, depuis la semaine passée, perspectives mitigées de grands groupes technologiques. Netflix a perdu des abonnés, Google ralentit la voilure, Apple indique que le covid en Chine engendre des pénuries de composants, tandis qu’Amazon s’effondre de 14% vendredi, même elle est impactée par l’inflation.

L’indice S&P500 (SPX) termine sa séance au plus bas du jour, ses 11 secteurs reculent, le secteur des materials réalisant la moins mauvaise performance avec un repli de 2%. Le breadth du jour (l’écart entre les titres clôturant en hausse vis-à-vis de ceux en baisse) est déplorable avec seulement 2,6% du SPX dans le vert à la cloche. Ce n’est guère mieux du côté du NDX avec 7 de ses composants qui gardent la tête au-dessus de l’eau vendredi soir, 4 d’entre elles étant des ADR (American Deposit Receipt) chinois… et les vendeurs semblent n’avoir terminé leur travail à la cloche, on observe des intérêts vendeurs pour 7,2 milliards de dollars. La volatilité en profite et décolle de 11%, le VIX revient à 33,40 en clôture. Pour mémoire, ses pics du 24 janvier et du 24 février se situent à 38,94 et 37,79. Rappelons par ailleurs que le VIX traitait à 20 le 21 avril.

Techniquement, le SPX pose question. Non seulement il ne parvient pas à se maintenir au-dessus de 4200 points (43131 à la cloche) mais vendredi il vient traiter 10 points au-dessus de son bas du 24 février. On sait que le prix moyen d’entrée dans les fonds actions depuis début 2021 (1100 milliards de dollars) est de 4274 points. Dans un tel contexte, si le SPX passe en-dessous de 4000 points, on pourrait envisager des sorties de fonds, à suivre de près donc.

D’un autre point de vue, on n’observe pas de panique dans les salles de marchés, il semble que de nombreux intervenants soient protégés (hedgés) et restent investis. Les volumes d’échanges sont faibles, on ne peut en aucun cas parler ici de capitulation. En parallèle, les actions internet chinoises cotées à Wall Street s’offrent un étonnant +7% vendredi (KWEB), dans des volumes très calmes. Le Politburo du Parti communiste chinois s'est engagé à atteindre les objectifs économiques et à soutenir une croissance saine de la plate-forme Internet. Pékin discute par ailleurs avec les régulateurs américains de la possibilité d'autoriser des inspections d'audit sur place des sociétés chinoises cotées à New York. Dans un autre registre, on observe un retour des vendeurs dans le secteur de l’énergie, il faut dire que la barre était vraiment très haute sur cette partie-ci.

On revient au sujet principal qui fâche le marché, l’inflation. Les statistiques de la semaine passée n’ont rien fait pour rassurer les économistes à ce sujet, tandis que le PIB US est sorti en territoire négatif, rappelons qu’il lui faut deux trimestres consécutifs dans le rouge pour entrer techniquement en récession. Dans un tel contexte, on peut aisément comprendre les inquiétudes actuelles des intervenants, qui craignent la stagflation plus que jamais, ce d’autant plus que le CME FedWatch Tool indique 99,1% de probabilités d’une hausse de taux de 50 points de base par le Fed après-demain et 88,4% de chances d’une hausse supplémentaire de 75 points de base en juin.

Sur le front des taux obligataires, le 10 ans US traite à 2,94% ce matin, la courbe des taux reste calme. Le dollar est fort, la paire EUR/USD évolue à 1,0556, le pétrole reste relativement soutenu malgré la vigueur du billet vert, le baril de WTI Light Crude traite à 104,07 dollars. L’or a rendu du terrain la semaine passée, l’once évolue à 1886 dollars, le niveau de 1830 dollars semble intéressant.

Les indices PMI manufacturiers d'avril pour les principales économies seront publiés tout au long de la journée, ainsi que l'ISM manufacturier aux Etats-Unis (16h00). Ce weekend, la Chine a fait état d'un PMI manufacturier officiel en berne, à 47,4 points en avril (un indice inférieur à 50 est synonyme de contraction économique).

Berkshire Hathaway se renforce dans Activision à hauteur de 9,5%. Un fonds de pension américain a engagé des poursuites judiciaires contre l'ex-président du Crédit Suisse Urs Rohner et 19 autres administrateurs et dirigeants en lien avec la faillite du fonds Archegos Capital. Le premier actionnaire d'HSBC, l'assureur chinois Ping An veut une scission du groupe. Intesa Sanpaolo reconduit Carlo Messina en tant que directeur général. TUI déclare que la hausse des réservations indique une reprise durable.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient légèrement. Les indices chinois sont fermés, Tokyo rend 0,11% à la cloche et Séoul perd 0,28%. Le future SPX récupère 24 points et l’Europe ouvre en baisse d’un peu plus de 1%, rattrapage partiel de la séance américain de vendredi soir oblige. Londres est fermée aujourd’hui, la séance européenne devrait s’en ressentir en termes de volumes d’échanges.

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