Gonet: l'actualité des marchés au 8 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,65%, S&P 500 +1,85%, Nasdaq +2,25%, Russell 2000 +2,39%, SOX +2,25%, Eurostoxx +1,25%, SMI +0,85%.

C’est un horizon des plus flous qui se présente au marché en ce début de semaine. Vendredi on sauve les meubles grâce à un triumvirat que les taureaux accueillent avec soulagement, pour combien de temps ceci dit? Les bons résultats d’Apple publiés jeudi soir tard permettent aux opérateurs d’arriver au bureau l’esprit léger. En début d’après-midi, le très important rapport sur l’emploi américain montre que la première économie du monde a créé plus de jobs que prévu en avril (253'000 contre des estimations à 185'000). Le marché du travail est donc apparemment plus résilient que prévu et le taux de chômage recule à 3,4%, un niveau plus observé depuis plusieurs décennies. Ces chiffres rassurants renforcent le camp des partisans d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine.

Et puis le marché ouvre, avec Apple et le marché de l’emploi en tête, les shorts se couvrent et on rachète des actions de banques régionales américaines à tour de bras, sans raison particulière si ce n’est l’espoir de réaliser des achats à bon compte. Le triumvirat est réuni, le reste n’est que remplissage, on envoie la volatilité au tapis (le VIX chute de 14% à 17,19), le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, de la tech et des financières. Le rebond du pétrole et de son secteur illustre le sentiment de soulagement qui anime les intervenants au sujet de la croissance. Même le MOVE (le grand frère obligataire du VIX) recule de 7,4% à 130. Je sais, je vous dis chaque jour que son niveau est trop élevé, c’est ma foi ainsi et à suivre. Le dollar rend du terrain, la paire EUR/USD remonte à 1,1047, l’or évolue à 2021 dollars l’once et constitue une cible potentielle pour les amateurs de shorts, les banque centrales semblant ne plus être présentes du côté de la demande. La courbe des taux US se décale vers le haut, le 2 ans remonte à 3,93%, le 10 ans revient à 3,43%. L’appétit au risque semble de retour vendredi à Wall Street.

Arrêt sur image: le tableau plutôt idyllique dressé ci-dessus semble faire totalement fi d’un certain Jerome Powell, qui me semble-t-il a été plutôt clair mercredi passé, en ouvrant la porte à une pause dans le cycle de hausses de taux de la Fed, mais en n’envisagent pas une minute le début d’un cycle de baisses en l’état. Or, le marché, têtu comme une mule, prévoit encore et toujours trois baisses de taux de 25  points de base chacune d’ici la fin de l’année. Rappelons ici que combattre la Réserve Fédérale des Etats-Unis est très rarement une bonne idée (don’t fight the Fed). Le marché a donc intégré 75 points de base de coupes, la Fed dément et l’indice des prix à la consommation (CPI) du mois d’avril pointe le bout de son nez après-demain. Les principaux indices américains d’actions traitent à des niveaux plutôt élevés et je ne vous parle pas du dossier du plafond de la dette américaine, qui continue de pédaler dans le yaourt et menace sérieusement de se transformer en patate chaude pour les marchés. La saisonnalité est en train de tourner, de mai à octobre le SPX réalise en moyenne une performance nettement moins bonne que de novembre à avril. Enfin, le fameux TINA (There Is No Alternative… but stocks) n’a plus cours en l’état, le rendement du dividende du SPX est actuellement de 1,67% alors que le 10 ans US offre un rendement de 3,43%.

Janet Yellen prévient qu'il n'y a «aucune bonne option» pour sortir de l'impasse sur la limite de la dette, si ce n'est que le Congrès lève le plafond, alors que les Républicains du Sénat campent sur leurs positions. La secrétaire d'État au Trésor déclare par ailleurs à la chaîne ABC qu'une action unilatérale de Joe Biden provoquerait une crise constitutionnelle. Ses commentaires interviennent un jour après que 43 sénateurs du GOP, dont Mitch McConnell, ont déclaré qu'ils s'opposeraient à un relèvement du plafond sans réduction des dépenses.

La BCE doit continuer à relever ses taux face à une inflation sous-jacente «trop élevée», déclare Klaas Knot à la chaîne de télévision Buitenhof TV. Il ne s'attend pas à ce que la banque centrale atteigne son objectif d'inflation avant 2025, bien qu'il ait noté que les impacts les plus importants des hausses de taux jusqu'à présent restent dans le pipeline.

Warren Buffett prédit que la période faste pourrait être terminée, avec une baisse des bénéfices en 2023 dans de nombreuses entreprises de Berkshire Hathaway. Le premier trimestre a été satisfaisant avec une hausse de 13% du bénéfice d'exploitation, mais la «période incroyable» de l'économie américaine touche à sa fin, déclare-t-il aux investisseurs.

Les États-Unis préparent un programme d'armement de 500 millions de dollars pour Taïwan en puisant dans les stocks existants par le biais d'une procédure accélérée, selon l’agence Bloomberg. Les dirigeants de la Corée du Sud et du Japon ont convenu d'intensifier leur coopération en matière de sécurité et de semi-conducteurs.

Au menu macro-économique du jour, la production industrielle allemande (sortie en-dessous des attentes) et les stocks des grossistes américains (16h00).

ISS recommande aux actionnaires de voter contre la résolution des activistes climatiques de Shell. Les actionnaires d’HSBC bloquent la proposition de scission asiatique de Ping An et le changement de la politique de dividende. Coty envisage une double cotation à Paris. Buffett déclare qu'Apple est la meilleure entreprise du portefeuille de Berkshire. La justice américaine enquête sur de possibles violations des sanctions russe par Binance. La justice américaine enquête sur les transactions d'initiés des dirigeants de First Republic. Pacwest s'envole de 82% à Wall Street.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Tokyo qui abandonne 0,71% à la cloche. Hong Kong gagne 1,09%, Shanghai progresse de 1,81% et Séoul monte de 0,49%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en très légère hausse.

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