Gonet: l'actualité des marchés au 2 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,14%, S&P 500 -0,04%, Nasdaq -0,11%, Russell 2000 +0,01%, SOX +0,81%, Eurostoxx fermé, SMI fermé.

Il ne se passe pas grand choses sur les indices boursiers américains hier, orphelins de leurs cousins européens, occupés à célébrer la fête du travail, en ne travaillant pas… et pourtant dans la vraie vie ça bouge dans tous les sens. Du côté macro-économique d’abord, avec la Chine qui publie son indice PMI (directeurs d’achats) manufacturier nettement en-dessous de 50, soit en zone de contraction économique. Gros point d’interrogation au sujet de la croissance de la deuxième économie du monde donc, qui semble souffrir d’un ralentissement de ses exportations. Aux Etats-Unis c’est un peu le même refrain, on apprend que l’indice ISM manufacturier reste lui aussi en territoire de contraction. En revanche la vigueur des dépenses de construction et des prix industriels incitent les Fed Funds à renforcer un peu plus encore leurs attentes d’une hausse de 25 points de base par la Fed demain. La Fed, qui nous rappelle que cette semaine est aussi pavée de banques centrales. Ça commence plutôt fort avec la RBA (Reserve Bank of Australia) qui relève ses taux de 25 points de base cette nuit, ce n’était pas attendu. La RBA indique qu’elle se devait de le faire pour contenir l’inflation. Les faucons rodent donc, on revient à la Fed et des intervenants qui espèrent surtout que Jerome Powell laissera entrevoir la possibilité d’une pause à venir dans le cycle de hausses de taux. Franchement, ce serait étonnant, à moins que la fragilité crasse du secteur des banques régionales US n’incitent le premier banquier du monde à un peu de retenue?

Les banques régionales américaines, en voici un autre dossier qui reste sur la table des réflexions. Hier nous apprenons que First Republic est saisie par le gouvernement et vendue à JP Morgan. L’Etat de Californie n’avait apparemment pas d’alternative, FRC était enfermée dans cette spirale vicieuse de perte de confiance des clients, accompagnée de retraits massifs de fonds et d’un gros plongeon en bourse. La FDIC va assumer une partie des pertes, Jamie Dimon réalise probablement une superbe affaire au passage et le problème First Republic est réglé. Oui mais la confiance ne se restaure pas à coup de milliards et d’effets d’annonce. Le ver est dans le fruit de la psyché générale et hier, on assiste à une débâcle boursière des autres banques régionales américaines plutôt inquiétante. Résumons: nous voici déjà avec les cadavres de Silvergate, SVB, Signature et First Republic sur les bras, il est donc logique que le marché se demande qui sera la prochaine victime. Les vendeurs prennent les commandes, résultat des courses: Valley National VLY -20%, Metropolitan Bank MCB -18%, HomeStreet Bank HMST -18%, HarborOne HONE -11%, PacWest PACW -10%, Citizens Financial CFG -7%, Zions Bank ZION -4%, KeyCorp KEY -4%, M&T Bank MTB: -3%, Truist -3%. Ce matin tous les sites que je lis quotidiennement font de cette affaire leur première page (notamment WSJ, FT, Barron’s, Marketwatch), signe que ce dossier-là reste ouvert.

C’est dans ce contexte plutôt compliqué à lire que l’indice S&P500 (SPX) vient revisiter son top en clôture du 2 février (4179 points), sans parvenir toutefois à s’y maintenir, clôture à 4167 pts, une journée presque pour rien. Les volumes d’échanges sont faibles, les secteurs de la santé, des industrielles et des utilities mènent le bal, on s’ennuie ferme sur la partie actions. En revanche, côté obligataire les investisseurs vendent les bons du Trésor US (le 2 ans remonte à 4,13%, le 10 ans à 3,55%), dans la perspective de plusieurs nouvelles émissions en taille, notamment celle de Meta qui voudrait lever 7 milliards de dollars en 5 tranches. On note dans le marché que plusieurs firmes US annoncent des réductions de jobs, ce qui génère quelque espoir dans le camp des taureaux que la Fed en tiendra compte et se montrera moins agressive demain soir, surtout dans sa rhétorique. La volatilité des actions reste faible, le VIX traite légèrement au-dessus de 16. En revanche sa grande sœur obligataire (MOVE) gagne encore près de 5% hier, clôture à 128,18, tout n’est clairement pas réglé sur cette partie-ci.

Ajoutons que, techniquement une hausse des indices hier semble très compliquée, les mastodontes de la tech refusant de participer (Apple (AAPL -0,05%), Amazon (AMZN -3,2%), Alphabet (GOOG -0,5%), Tesla (TSLA -1,5%), Microsoft (MSFT -0,6%)). Gardons en tête qu’Apple publie ses résultats trimestriels jeudi soir après la cloche, que sa pondération dans les indices est gigantesque et que le titre a déjà progressé de 2,8% depuis lundi de la semaine passée, en sympathie avec notamment Microsoft et Meta. Rappelons aussi au passage que Microsoft, Apple, Nvidia, Meta, Alphabet, Amazon et Tesla sont à elles seules responsables de 80% de la hausse du SPX cette année.

Janet Yellen déclare au Congrès que le Trésor pourrait être à court de liquidités dans un mois. «Nous ne serons pas en mesure de continuer à satisfaire toutes les obligations du gouvernement d'ici le début du mois de juin, voire dès le 1er juin», prévient Madame Yellen, même si cette date pourrait être repoussée de plusieurs semaines. Joe Biden invite les chefs de file du Congrès à une réunion le 9 mai à la Maison Blanche pour discuter de la limite de la dette.

Les robots sont là! Le CEO d'IBM, Arvind Krishna, annonce qu'environ 30% des 26’000 personnes travaillant dans les services administratifs de l'entreprise pourraient être remplacées par l'IA au cours des cinq prochaines années. Le patron de Citadel Securities, Peng Zhao, indique que l'automatisation et l'IA libéreront les travailleurs pour des activités innovantes, et ne les remplaceront pas. Samsung Electronics interdit l'utilisation par ses employés d'outils d'IA populaires tels que ChatGPT. Chegg chute de 38% après le marché après avoir averti que ChatGPT menaçait la croissance de ses services d'aide aux devoirs.

La colère contre les changements d'Emmanuel Macron en matière de retraite se répand à nouveau dans les rues hier, avec plus de 750’000 personnes défilant à travers la France, selon le ministère de l'Intérieur. La police tire des canons à eau et des gaz lacrymogènes et arrête près de 200 personnes. Le syndicat CGT dénombre 2,3 millions de manifestants. Les syndicats se réunissent aujourd'hui pour décider des prochaines étapes.

Au menu macro-économique du jour, pas mal d'indicateurs d'activité manufacturière. Ce sont les lectures affinées des données publiées il y a dix jours pour les principales économies. Nous suivrons aussi la première estimation de l'inflation dans la zone euro en avril (11h00) et l'enquête JOLTS sur les ouvertures de postes aux Etats-Unis (16h00).

Geberit: le chiffre d'affaires de 893 millions de francs est en recul de 8,9% au premier trimestre, mais l'Ebitda ne se contracte que de 2,5% à 296 millions de francs. Le titre progresse de 1% dans le pré-marché. HSBC: le bénéfice trimestriel avant impôts est plus élevé que prévu, à 12,9 milliards de dollars. Le groupe va racheter jusqu'à 2 milliards de dollars de ses propres actions. Logitech: le chiffre d'affaires du quatrième trimestre fiscal recule de 22% à 960 millions de dollars. Le titre grappille 0,6% dans échanges avant-bourse. Le chinois Midea aurait approché Electrolux en vue d'une acquisition, selon Bloomberg. IBM devrait suspendre ses recrutements alors que quelque 7’800 emplois pourraient à terme être remplacés par l'intelligence artificielle, selon le CEO du groupe. Axon va remplacer First Republic dans le S&P 500. UBS envisage une scission de la partie suisse de Crédit Suisse, selon NZZ. Adidas veut mettre les bouchées doubles sur le marché US. Morgan Stanley va supprimer 3’000 emplois au deuxième trimestre, selon Reuters.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo grappille 0,12% à la cloche, Hong Kong prend 0,18%, Shanghai est fermée et Séoul monte de 0,91%. Les marchés actions japonais terminent leur semaine ce matin avant les trois jours fériés traditionnels de la semaine d'or («golden week»). Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en très légère hausse, objectif demain soir et l’annonce de la Fed. Le dollar retrouve quelques couleurs, la paire eur/usd traite à 1,0992, l’or évolue à 1984 dollars par once.

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