Gonet: l'actualité des marchés au 4 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,80%, S&P 500 -0,70%, Nasdaq -0,46%, Russell 2000 +0,41%, SOX -1,32%, Eurostoxx +0,36%, SMI +0,73%.

Le marché est un capitaliste glouton. Dans un premier temps, les opérateurs accueillent avec joie l’annonce hier soir par Jerome Powell d’une pause probable dans le cycle de hausses de taux. La Fed relève son taux directeur de 25 points de base comme prévu et tout le monde se concentre sur le discours de son patron. Ça commence donc plutôt bien (la pause) mais, et c’est là que le côté glouton/enfant gâté du marché apparaît au grand jour, le simple fait que le patron de la Réserve Fédérale signale une pause plutôt que des baisses à venir déçoit sur les parquets de trading. Jerome Powell indique que l’inflation reste la priorité de la Fed, qu’il s’attend à une croissance modeste de l’économie américaine plutôt qu’à une récession. Oncle Jay reconnait que le processus de retour de l'inflation à 2,0% est loin d'être achevé. Il ajoute que si les prévisions d'inflation de la Fed sont globalement correctes, il ne serait pas approprié de réduire les taux. Et voilà, nous y sommes, le taux terminal a donc très probablement été atteint, mais devrait rester en l’état pendant un bon bout de temps alors que les Fed Funds prévoient désormais au moins 3 baisses de 25 points de base d’ici à la fin de l’année.

En résumé, le marché a déjà envoyé sa lettre au Père Noël, qui lui a déjà répondu par la négative, mais le marché fait la sourde oreille, go figure…

En parallèle à l’annonce de la Réserve Fédérale, la crise du secteur des banques régionales américaines s’intensifie encore un peu. En début de semaine, on sauvait First Republic, hier c’est la banque de Los Angeles Pacwest Bancorp qui parachève son effondrement boursier après avoir annoncé examiner ses options de sauvetage. Pacwest, ça pourrait apparemment encore passer, mais d’autres établissements bien plus gros restent sur une pente glissante, tels que Comerica, Zions et Truist. D’ailleurs on ne peut s’empêcher de penser que Jerome Powell a quelque peu édulcoré son propos faucon en pensant aussi à ce secteur en détresse.

Au joyeux royaume des actions, c’est un peu la soupe à la grimace, la frustration occupe les esprits et les indices clôturent au plus bas du jour, dans des volumes en reprise. La volatilité grappille 3%, le VIX revient à 18,34, un niveau qui reste faible ceci dit. Les secteurs qui limitent le mieux la casse sont la santé, les services de communication et les utilities, tandis que la voiture balais chasse l’énergie, les financières, les materials et la technlogie. L’aversion au risque reprend donc les rênes hier, mais on garde un certain calme, voyez le dollar qui faiblit significativement contre euro, à 1,1076. Les rendements obligataires reculent logiquement, le 2 ans US revient à 3,41%, le 10 ans à 3,36%. Le pétrole poursuit sa chute, le baril de WTI Light Crude recule à 69,12 dollars, tandis que l’or grimpe à 2038 dollars par once, la résistance de 2075 dollars est en vue.

En prenant du recul, on se dit que la réactions des diverses classes d’actifs d’hier soir est plutôt logique, notamment celle des actions, qui ont de la peine à envisager de nouveaux sommets en l’état, sans forcément devoir rendre beaucoup de terrain. Je note au passage la surperformance du jour des petites et moyennes capitalisations (Russell2000), malgré la faiblesse des banques régionales.

En ce qui concerne les valeurs individuelles, la saison des bénéfices peut être considérée comme meilleure que prévu en l’état, en particulier les commentaires des entreprises et les tendances en matière d'orientation et de révisions. AMD -9,3%: baisse des prévisions pour le deuxième trimestre en raison de la faiblesse des PC et des centres de données. SBUX -9,2% bat les prévisions en mettant l'accent sur le rebond des ventes en Chine, bien que les commentaires aient également mis en évidence la normalisation de la tendance des ventes en Amérique du Nord et des prévisions inchangées. CVS -3,7% baisse des prévisions sur l'impact de l'intégration d'Oak Street Health. EL -17,3% baisse des prévisions en raison de tendances asiatiques plus faibles. KHC +2% de résultats positifs, la force des prix ayant plus que compensé la baisse des volumes. F flat enregistre une forte hausse de l'EBIT au premier trimestre et laisse ses prévisions inchangées pour l'année fiscale. En dehors des résultats, LLY +6,7% progresse grâce aux données sur la maladie d'Alzheimer. La FTC propose d'empêcher META -0,9% de monétiser les données sur les jeunes. DRI acquiert RUTH pour 715 millions de dollars en espèces.

53% des entreprises du S&P 500 ont désormais publié leurs résultats pour le premier trimestre. Le taux de croissance combiné s'élève à -3,7%. Ce chiffre est à comparer aux -6,7% attendus à la fin du trimestre. Près de 80% des entreprises ayant publié leurs résultats ont dépassé les estimations consensuelles du bénéfice par action, ce qui est supérieur à la moyenne annuelle de 73% et à la moyenne quinquennale de 77%. Dans l'ensemble, les entreprises publient des bénéfices qui dépassent les attentes de 6,9%, ce qui est supérieur au taux de surprise moyen de 2,8% sur un an, mais inférieur à la moyenne quinquennale de 8,4% (source: Facstet).

Bloomberg pense que la BCE est prête à ralentir le rythme des augmentations de taux d'intérêt après que sa mesure préférée de l'inflation a diminué pour la première fois en 10 mois. Le resserrement des conditions de prêt pesant également sur l'économie, les responsables augmenteront le taux de dépôt d'un quart de point à 3,25% aujourd'hui, toujours selon Bloomberg. Une hausse plus importante n'est cependant pas à exclure: une minorité comprenant JP Morgan et Bank of America prévoit une augmentation de 50 points de base, car les gains de prix sous-jacents dépassent encore de loin l'objectif de 2%.

Au menu macro-économique du jour, les versions affinées des indicateurs PMI des services d'avril dans les grandes économies sont attendus tout au long de la journée. Aux Etats-Unis, l'étude Challenger sur les licenciements (14h15) sera suivie des inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30). Cette nuit, la banque centrale brésilienne a laissé son principal taux directeur inchangé à 13,75%.

Airbus: les objectifs 2023 sont confirmés, après une net recul du bénéfice net au premier trimestre. ArcelorMittal réitère ses objectifs 2023 après des signes d'amélioration au premier trimestre. Anheuser-Busch Inbev dépasse les attentes en matière de bénéfices grâce à l'impact de la hausse des prix. Infineon: les prévisions sont relevées. Novo Nordisk dépasse les prévisions au premier trimestre. Qualcomm: le titre perd 6,5% hors séance après la publication des trimestriels. Swisscom: baisse du bénéfice net au premier trimestre et chiffre d'affaires inchangé. Vodafone et CK Hutchinson serait proche d'un accord dans le mobile au Royaume-Uni sur la base d'une valeur de 15 milliards de livres sterling, selon le Financial Times. Kenvue la filiale que Johnson & Johnson veut introduire en bourse, le serait sur la base d'un prix de 22 dollars par action. Les actionnaires d'Unilever rejettent le rapport de rémunération lors de l'assemblée générale annuelle. BMW lance un programme de rachat d'actions de 2 milliards d’euros. Volskwagen bat les attentes au niveau des ventes, notamment grâce à une forte demande aux Etats-Unis et en Europe. Adecco bat les estimations. Zalando réalise une perte trimestrielle moins importante que prévu. Swiss Re renoue avec les bénéfices au premier trimestre et recherche un successeur à Sergio Ermotti.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo est fermée, Hong Kong gagne 0,98%, Shanghai progresse de 0,80% et Séoul traite à l’équilibre. Le future SPX est inchangé et l’Europe ouvre en repli de 0,3%.

C’est jour d’intelligence artificielle à la Maison Blanche, Joe Biden convoque les principaux acteurs pour évoquer les conséquences du développement spectaculaire de l’IA, amplifiées par la mise en ligne de ChatGPT en novembre dernier. La régulation ne semble pas imminente pour autant, notamment en raison de la concurrence technologique avec la Chine.

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