Gonet: l'actualité des marchés au 1er mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,8%, S&P 500 +0,83%, Nasdaq +0,69%, Russell 2000 +1,01%, SOX +1,81%, Eurostoxx +0,03%, SMI +0,66%.

Wall Street conclut avril sur une note encourageante, les principaux indices américains d’actions progressent sur le mois, ainsi que sur la semaine écoulée. Le retour des craintes autour des banques régionales américaines semble avoir fait long feu, du moins dans l’esprit des intervenants boursiers, et la saison des résultats d’entreprises se passe plutôt bien, notamment chez les mastodontes de la technologie (Microsoft, Alphabet, Meta et dans une moindre mesure Amazon). On appréciera surtout la hausse de 13% de Meta et de 9% de Microsoft sur la semaine, à elles seules, ces deux actions ont probablement sauvé la performance boursière de la semaine. Et l’air de rien, l’indice S&P500 (SPX) réalise son second mois consécutif de hausse. Le SPX clôture vendredi à 4169 points, légèrement en-dessous du haut de sa fourchette de trading horizontale entamée en octobre (3900 – 4200 pts). S’il parvient à s’en extraire par le haut, il regardera ensuite 4325 points, le top en séance du 16 août 2022, niveau très important car c’est là que la moyenne mobile à 200 jours avait mis l’indice KO, il avait ensuite perdu mille points jusqu’au creux d’octobre. Ceci dit, la configuration technique du SPX n’est plus la même aujourd’hui, la 200 jours végète désormais à 3964 points, on peut d’ailleurs considérer ce niveau comme un des principaux supports du SPX.

Les statistiques macro-économiques du jour ne semblent pas de taille à influencer les indices (PCE, indice du sentiment de l’Université du  Michigan), la volatilité chute de 7,5%, le VIX revient à 15,78, attention chers taureaux, on atteint presque un niveau de complaisance / détente fort dangereux pour quiconque ne sort pas couvert. Imaginer le VIX en-dessous de 15, c’est un peu comme espérer que Donald Trump se rase la boule à zéro, ça n’est pas censé se produire, ou alors on peut envisager une courte incursion en-dessous. Quoi qu’il en soit, la volatilité s’est récemment évaporée, les investisseurs long en actions sont donc en théorie assis sur de jolis bénéfices non réalisés, le marché des options listées permet de protéger ces profits à bon compte lorsque la volatilité est basse.

On revient à la séance de vendredi avec un podium du SPX qui se compose de l’énergie, des financières et de l’immobilier. Seules la consommation discrétionnaire et les utilities terminent légèrement dans le rouge. Les volumes d’échanges continuent de remonter, le SPX termine sa séance au plus haut du jour, il est intéressant de constater que les acteurs du marché des actions semblent de plus en plus confiants. Et pourtant, on ne peut guère invoquer TINA (There Is No Alternative… but stocks) lorsqu’on observe les rendements de dividendes des principaux indices (SPX 1,66%, Nasdaq 0,88%) et qu’on les compare avec les rendements obligataires d’emprunts dits investment grade. Pourtant la Fed et son cycle de hausses de taux ne font pas partie de l’histoire, la prochaine décision de la Réserve Fédérale est attendue après-demain soir et le marché des Fed Funds prédit près de 90% de probabilités d’une hausse de 25 points de base à cette occasion. La première baisse est attendue en janvier, ce qui reste étonnant, le modèle de la Fed ne nous dit pas cela, le marché semble donc ne plus croire Jerome et ses amis, nous verrons bien ce que le premier banquier du monde nous dit mercredi soir, à suivre de près car, au final, c’est la politique monétaire de la Fed qui dicte le rythme et la direction des indices américains d’actions.

Les rendements obligataires reculent légèrement sur la semaine aux Etats-Unis, le 2 ans traite ce matin à 4,05%, le 10 ans évolue à 3,46%. La courbe des taux 2 / 10 ans se situe donc à -60 points de base, le marché obligataire continue donc de crier à la récession, son indice de la volatilité, le MOVE, reste inchangé vendredi mais se maintient à un niveau historiquement élevé de 122,46 points. Début mars, le 10 ans US traitait encore à 4,09%, le niveau de 3,34% est à surveiller, il s’agit d’un support horizontal. Je note au passage que la nervosité observée récemment sur certains segments les plus risqués du marché des obligations de sociétés s’est calmée.

Résumons: les indices d’actions bouclent une jolie semaine, sauvés par les mastodontes de la tech. Les statistiques macro montrent que la croissance économique des Etats-Unis a chuté au premier trimestre, que la croissance des salaires reste élevée et que l’inflation ne rend pas de terrain aussi vite que souhaité. Les résultats de sociétés sont pour le moment globalement bons et la Fed est attendue au tournant après-demain soir, qui jouera le rôle d’arbitre du marché comme à son habitude. On peut s’attendre à une activité boursière limitée en ce début de semaine donc, dans un contexte qui plus est de volatilité traitant proche de son support. Le débat sur un atterrissage en douceur ou en douleur de la première économie du monde reste ouvert. Notons à ce sujet les annonces d’UPS qui indique la semaine dernière que la décélération des ventes au détail aux États-Unis et le changement de comportement des consommateurs réduiraient les volumes d'expédition pour l'année. Enfin, le dossier du plafond de la dette des Etats-Unis n’est toujours pas réglé, les républicains de la Chambre des représentants des États-Unis défient le Sénat d'approuver lui-même une loi sur la limite de la dette et cherchent à maintenir la pression sur Joe Biden pour qu'il organise des discussions sur la réduction des dépenses. «S'ils ont une meilleure idée, je veux voir ce projet de loi», déclare le chef de la majorité, Steve Scalise, à la chaîne ABC. De l'autre côté, les démocrates affirment qu'ils ont besoin de l'aide de Mitch McConnell pour éviter un défaut de paiement qui mettrait en péril les marchés.

Les autorités de régulation américaines travaillaient jusque tard dans la nuit de dimanche à lundi pour résoudre la crise de la First Republic Bank, après avoir reçu des offres de rachat de la banque en difficulté. Parmi les acheteurs potentiels figurent JPMorgan, PNC et Citizens, selon l’agence Bloomberg. BofA et US Bancorp ont décidé de ne pas faire d'offre. Le prêteur régional américain a encore plongé la semaine dernière, ce qui lui a fait perdre 97% cette année à la suite des effondrements de SVB et de Signature Bank.

Le flux de nouvelles est très fin ce lundi premier mai, de nombreux intervenants sont absents. Aux Etats-Unis nous suivrons la publication de l’indice ISM manufacturier pour le mois d’avril, qui sera publié à 16h.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont fermés pour la plupart, seule Tokyo traite et clôture en hausse de 0,92%. Le future SPX progresse de 5 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. Le dollar traite pile à 1,1000 contre euro, l’or évolue à 1980 dollars par once et le pétrole traite à 76 dollars le baril de WTI Light Crude.

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