Gonet: l'actualité des marchés au 5 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +2,12%, S&P 500 +1,45%, Nasdaq +1,07%, Russell 2000 +3,56%, SOX -0,15%, Eurostoxx +1,55%, SMI +1,30%.

La vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille pour les ours. Le début de la semaine passée leur offre quelque espoir après des statistiques chinoises décevantes et un vaudeville sur le plafond de la dette des Etats-Unis encore d’actualité à ce moment-là. Mais en fin de semaine, les indices repartent nettement vers le nord, encouragés par la disparition de la menace d’un défaut de paiement imminent des Etats-Unis et surtout par l’espoir croissant que la Fed va marquer une pause dans son cycle de hausses de taux, voire y mettre un terme. Saupoudrez le tout (d’une main plutôt lourde) de frénésie autour de l’intelligence artificielle, ajoutez-y un zeste de nouvelle rumeur de plan de relance en Chine et vous obtenez la séance de trading de vendredi, remportée sans conteste possible par les taureaux.

Le plafond de la dette étant mis de côté pour deux ans, on se concentre à nouveau en plein sur les statistiques macro-économiques dans les salles de marchés. Et vendredi c’est jour de rapport mensuel sur l’emploi américain, qui montre que la première économie du monde a créé plus de postes que prévu au mois de mai, tandis que le taux de chômage est légèrement remonté. Mais ce qui plait le plus aux intervenants dans ce rapport, c’est le ralentissement de la progression des salaires. Et les Fed Funds de pointer de plus en plus vers une pause lors de la réunion de la Fed du 14 juin, l’idée d’une hausse de 25 points de base le 26 juillet faisant son chemin dans les esprits en parallèle. Le joyeux royaume des actions célèbre cela comme il se doit avec la plus forte hausse journalière en un mois, l’indice S&P500 (SPX) réalise sa troisième semaine consécutive de hausse, le Nasdaq100 (NDX) en est à 6 pour sa part, on n’avait plus vu cela depuis janvier 2000. Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose des materials, des industrielles et de l’énergie, l’appétit au risque est de retour à Wall Street. Les mastodontes de la tech se comportent bien (notamment TSLA +3,11%, AAPL +0,49%, AMZN +1,21%, GOOG +0,77%) mais le reste de la cote fait encore mieux. L’ETF Mega Cap Growth gagne 1,0%, le SPX Equal Weight progresse de 2,2%. Le SPX en profite pour s’éloigner encore plus du niveau de 4200 points. Sa prochaine résistance se situe à 4325 pts (top en séance du 16 août 2022), clôture vendredi à 4282 pts.

Le NDX entre en territoire nettement suracheté, c’est à suivre de près, ce d’autant plus que le positionnement dans le marché des futures NDX atteint son niveau le plus haussier depuis la fin de l’an passé, alors que côté SPX, ce même positionnement est au plus bas (bearish) depuis 2007. Notons au passage que les petites et moyennes capitalisations décollent vendredi (Russell2000 – RTY), l’armée monte donc enfin sur la colline, les généraux de la tech semblent en parallèle avoir besoin de souffler quelque peu. Le RTY est bien aidé par les bancaires et l’énergie. Les télécoms passent une journée compliquée en revanche, Amazon négocierait avec Verizon, T-Mobile et Dish Network afin d’obtenir les prix de gros les plus bas possibles dans le but de proposer aux abonnés Prime aux Etats-Unis des forfaits de téléphonie mobile à l'échelle nationale pour 10 dollars par mois, voire gratuitement.

La volatilité semble s’éteindre chaque jour un peu plus. Le VIX (volatilité du SPX) perd 6,7% vendredi et vient se poser à 14,60 à la cloche. Le principal support se situe à 14,20 et il serait extrêmement étonnant que, d’un point de vue de l’analyse technique, ce niveau soit aisément franchi. C’est le plus bas niveau de clôture du VIX depuis le début du covid, le marché semble donc avoir décidé que les hausses de taux de la Fed sont quasiment terminées et que les éventuels relèvements à venir ne seront pas de nature à créer des vents contraires. Le marché pense donc également que l’inflation est maitrisée. On commence à baisser la garde dans les salles de marchés, attention à ne pas se laisser aller à de la complaisance.

Les bons du Trésor US sont mis sous pression vendredi, les rendements rebondissent mais reculent légèrement tout de même sur la semaine. Le 2 ans US traite ce matin à 4,54%, le 10 ans à 3,73%, il regarde désormais la zone de 4,00 – 4,10%. Le dollar est recherché à nouveau, la paire EUR/USD traite à 1,0693, le pétrole rebondit après la décision de l’OPEP+ de réduire sa production et l’or glisse à nouveau, l’once revient à 1943 dollars.

Le WTI Light Crude grimpe jusqu'à 4,6% avant de limiter ses gains après que l'Arabie saoudite a déclaré qu'elle réduira sa production d'un million de barils par jour supplémentaires en juillet, ce qui ramènera sa production à son niveau le plus bas depuis plusieurs années. La Russie ne s’engage pas à réduire davantage sa production, tandis que les Émirats arabes unis obtiennent un quota plus élevé pour 2024. Les autres membres de l'OPEP+ s’engagent à maintenir les réductions existantes jusqu'à la fin de 2024. La réduction supplémentaire du mois prochain pourrait être prolongée, mais Riyad gardera le marché «en suspens» à ce sujet, déclare le ministre de l'énergie.

Recep Tayyip Erdogan nomme Mehmet Simsek au poste de ministre des finances de la Turquie, comme prévu, alors qu'il cherche à restaurer la confiance des investisseurs après les élections. Cette nomination, qui s'inscrit dans le cadre d'un vaste remaniement ministériel, confie les rênes de l'économie à un partisan des politiques conventionnelles et signale probablement un changement par rapport aux mesures peu orthodoxes du président.

Le ministère russe de la défense annonce que ses forces ont déjoué une attaque ukrainienne de grande envergure hier dans une province de l'est. Il n'est pas clair s'il s'agit du début d'une contre-offensive ukrainienne. Le ministère, dans une rare vidéo diffusée tôt le matin, déclare que ses forces ont repoussé un assaut «de grande envergure» en cinq points du sud de Donetsk, l'une des quatre régions ukrainiennes que la Russie a illégalement annexées à l'automne dernier.

Les États-Unis et la Chine s’opposent sur des questions essentielles, notamment sur Taïwan, lors du dialogue de Shangri-La. Lloyd Austin reproche à Pékin de ne pas s'engager, tandis que Li Shangfu accuse Washington de recourir à l'intimidation et à des alliances qui sèment la discorde. Pour ajouter aux tensions, un navire chinois harcelle un navire de guerre américain qui traversait le détroit de Taïwan. Si M. Li n'a pas rencontré M. Austin, à l'exception d'une brève poignée de main, il s'est entretenu avec ses homologues britannique et japonais.

Les régulateurs américains se préparent à obliger les grandes banques à consolider leur assise financière, ce qui, selon eux, contribuera à renforcer la résilience du système, rapporte le WSJ. Les changements pourraient augmenter les exigences globales en matière de capital d'environ 20% pour les plus grands prêteurs.

L'Inde attribue son accident ferroviaire le plus meurtrier depuis 1995 à une défaillance d'un système de signalisation électronique. Une enquête est en cours sur la collision entre trois trains dans l'État d'Odisha vendredi soir, qui a fait plus de 300 morts et plus de 800 blessés. Le ministre des chemins de fer, Ashwini Vaishnaw, déclare que l'accent est mis sur le rétablissement du service.

Le Trésor des Etats-Unis est sur le point de déclencher un tsunami de nouvelles obligations pour remplir ses coffres. JPMorgan estime que l'inondation aggravera l'effet du QT (Quantitative Tightening) sur les actions et les obligations ; Citi prévoit une baisse de 5,4% du SPX sur deux mois.

Au menu macro-économique du jour, on démarre avec la seconde estimation des indicateurs PMI des services des grandes économies (zone euro à 10h00 et Etats-Unis à 15h45). Un discours de Christine Lagarde est programmé à 15h00. Outre le PMI des services aux Etats-Unis, il y aura aussi l'ISM des services et les commandes d'usines (16h00).

Bercy doit annoncer ce matin le montant des aides publiques destinées au projet d'usine de semiconducteurs de Crolles porté par STMicroelectronics et GlobalFoundries, un projet de 7,5 milliards d’euros. Airbus serait sur le point d'enregistrer une commande record de 500 appareils monocouloirs de la famille A320neo auprès de la compagnie aérienne indienne IndiGo. Par ailleurs, Airbus constate une plus grande visibilité sur ses prévisions en termes d'activités industrielles ainsi que le début d'une tendance plus positive dans ses livraisons, a déclaré le directeur commercial Christian Scherer. UBS envisage de repousser la publication de ses résultats en raison de l'opération sur Credit Suisse. La banque prévoit de boucler le rachat de sa rivale d'ici le 12 juin. Lufthansa prend une part minoritaire d'ITA Airways. Palo Alto va remplacer Dish Network dans le S&P500. Moody's a relevé la perspective crédit d'easyJet de stable à positive, tout en confirmant la note «Baa3» de la société. Walmart réaffirme son objectif de doubler le volume de ses ventes à l'étranger en cinq ans. AstraZeneca a annoncé des résultats positifs lors de l'analyse intérimaire prévue de l'essai de phase III DUO-O. Novartis a publié des résultats positifs en phase III avec Kisqali associé à un traitement endocrinien dans la récidive du cancer du sein au stade précoce.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Shanghai qui abandonne 0,05%. Tokyo progresse de 2,2% à la cloche, Hong Kong avance de 1,85% et Séoul monte de 0,54%. Le future SPX est à l’équilibre et l’Europe indiquée pile inchangé à l’ouverture de 9 heures.

Le SPX progresse de 11,53% depuis le début de l’année. 88% de cette performance sont attribuables à 7 firmes: Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta, Tesla et Nvidia. C’est probablement du jamais vu, il n’y a guère que le luxe pour tenter de suivre le mouvement, l’excellent Anthony Bondain se dit d’ailleurs ce matin que personne n’a encore trouvé le moyen de faire entrer de l’IA dans un sac Vuitton ou un carré Hermès… au-delà de la boutade, il est légitime de réfléchir à se positionner pour le long terme dans l’intelligence artificielle. Nvidia est en train de percer le tunnel, de nombreuses firmes vont s’y engouffrer ou y sont déjà entrées. Même en Europe il y a de quoi faire, dans une note, Bank of America esquisse quelques noms, en mentionnant notamment une firme basée à Genève…

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