Bonnes nouvelles! Tout d’abord et pour faire au plus court, le vaudeville du plafond de la dette est terminé, le suspense était intolérable, on avait rallumé la clim dans les salles de marchés tellement ça chauffait dans les caboches. Bref, Oncle Joe promulguera tout cela dès qu’il sera remis de sa chute sur scène lors d’un discours prononcé dans le Colorado. Plus sérieusement, la vraie bonne nouvelle du jour c’est que le marché regarde à nouveau la macro, et de près s’il-vous-plaît. Et cela tombe fort à propos pour les taureaux car, hier, cette chère macro leur fait les yeux doux comme rarement. Je vous la fais brève (on est vendredi) l’indice ISM manufacturier montre un recul prononcé des nouvelles commandes au mois de mai, tandis que sa composante des prix se prend les pieds dans le tapis. Que nous dit ce rapport? Que le secteur manufacturier américain ralentit. La production et l’emploi sont soutenus par des carnets de commandes bien remplis, mais les indicateurs prévisionnels ralentissent (lisez: la hausse des taux de la Fed commence probablement à produire ses effets sur l’économie réelle). En parallèle, la baisse massive des prix payés suggère un ralentissement de l’inflation dans les mois à venir.

Il n’en faut pas plus au joyeux royaume des actions pour retrouver une vigueur oubliée et repartir vers le nord comme un seul homme. On assiste à des couvertures de positions shorts sur le Nasdaq100 (NDX) et l’indice S&P500 (SPX) récupère aisément son niveau de 4200 points à la cloche. En revanche, les volumes d’échanges restent intimistes. Côté secteurs, c’est assez cocasse de constater que le podium du jour se compose de la tech, des industrielles et des materials. On constate donc que l’appétit au risque est de retour hier, on ne s’inquiète plus une seule seconde de la croissance mondiale et notamment chinoise, ce marché est décidément cyclothymique, pour reprendre le terme de l’excellent Anthony Bondain. Les mauvaises nouvelles de l’économie réelle restent donc de bonnes nouvelles pour le marché des actions, ce qui confirme au passage combien la Fed et ses intentions restent le principal sujet de préoccupation des investisseurs, et de très loin. À ce propos, hier le boss de la Fed de Philadelphie Patrick Harker répète que la Réserve Fédérale pourrait se permettre de ne rien faire lors de sa réunion du 14 juin. Dans la foulée, les Fed Funds réduisent encore un peu leurs attentes de hausse de 25 points de base à cette occasion et retrouvent quelque allant quant à des baisses à partir de novembre ou décembre. Rappelons enfin pour clore ce sujet que le marché du travail divise les faucons et les colombes comme rarement, ça tombe bien nous aurons droit aux créations mensuelles d’emplois cet après-midi, les fameuses nonfarm payrolls.

Le marché s’attendant à une Fed moins agressive, le dollar recule logiquement et revient à 1,0769 contre euro, ce qui supporte aussi les indices américains d’actions. Le pétrole repasse au-dessus de la barre des 70 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or tente une remontada mais patine et se pose à 1978 dollars par once ce matin. La configuration technique des principaux indices reste bonne, attention toutefois au NDX, qui est entré en territoire suracheté. Et puis il y a la volatilité, qui chute de 13% hier, le VIX clôture à 15,65. Je dois dire que cela me chiffonne. Les étoiles semblent à nouveau alignées pour que le SPX et ses compères grappillent un peu de terrain, mais le VIX s’approche tellement près de son support de 15, voire au mieux 14,20 allez, qu’une poursuite de la hausse d’hier sur la durée semble incongrue, du point de vue de la volatilité en tous les cas, ce qui m’amène à rappeler aux esprits prévoyants qu’une volatilité de retour dans ces niveaux permet de couvrir des positions longues en actions à bon compte. Un VIX à près de 15, c’est un peu comme Rocky Balboa qui baisse sa garde devant Drago, la suite est bien souvent cousue de fil blanc.

Sur le front des bons du Trésor US, cela se détend aussi avec un 2 ans qui recule à 4,34% et un 10 ans qui traite à 3,61%.

Aux Etats-Unis, le Sénat approuve donc une loi visant à suspendre le plafond de la dette américaine et à imposer des restrictions aux dépenses publiques jusqu'à l'élection de 2024, évitant ainsi un éventuel défaut de paiement catastrophique. Le projet de loi est maintenant transmis à Joe Biden, qui a conclu l'accord avec le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.

Au menu macro-économique du jour, la production industrielle française (sortie plus forte qu’attendu) précède la statistique principale du jour, le bilan de l'emploi américain de mai (14h30).

Broadcom: le titre baisse légèrement après des résultats trimestriels solides. Lululemon: l'action s'envole de 13% hors séance après la publication des résultats du dernier trimestre. Dufry atteint plus de 94% du capital d'Autogrill à l'issue de l'offre d'échange. Le projet de rachat d'iRobot par Amazon pour 1,65 milliard de dollars fait l'objet d'un examen de fusion par l'Union européenne. Google investirait dans la startup Runway, selon The Information. Meta Platforms dévoile le casque de réalité mixte Quest 3.

Cette nuit et ce matin en Asie, c’est la fête du vert pour les indices. Tokyo gagne 1,21% à la cloche, Hong Kong bondit de 4,35%, Shanghai monte de 0,86% et Séoul progresse de 1,25%. Le future SPX avance de 10 points et l’Europe ouvre en progression de 0,7%. Le fort rebond de Hong Kong est probablement technique, l’indice Hang Seng menaçait dangereusement d’entrer en bear market, les shorts se sont couvert et la boule de neige s’est formée.

Quand même, le VIX à presque 15…