Gonet: l'actualité des marchés au 23 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,00%, S&P 500 +1,89%, Nasdaq +2,66%, Russell 2000 +1,69%, SOX +3,11%, Eurostoxx +0,63%, SMI +0,32%.

Wall Street termine sa semaine nettement mieux qu’elle ne l’avait commencée. Les faucons (James Bullard, Loretta Mester, Lael Brainard) de la Fed, qui planaient au-dessus de Downtown Manhattan un peu plus tôt dans la semaine, font place aux colombes vendredi. Le gouverneur de la Fed Christopher Waller déclare que la politique monétaire de la Réserve Fédérale des Etats-Unis semble assez proche d'être suffisamment restrictive, il est favorable à une hausse de 25 points de base lors de la prochaine réunion (1er février). La patronne de la Fed de Kansas City Esther George indique que l'économie peut éviter un fort ralentissement, qu’il est encourageant de voir l'inflation diminuer et que la Fed devra être plus patiente. Enfin, le président de la Fed de Philadelphie Patrick Harker réitère son point de vue en faveur d'une hausse des taux plus progressive. Il répète son soutien à une hausse des taux de 25 points de base et voit un taux terminal légèrement supérieur à 5%. À la lecture de ces déclarations, on constate que tout n’est pas si colombe que cela dans les propos des représentants de la Fed de vendredi. Cela nous indique que le marché a une oreille sélective et qu’il ne veut voir que le verre à moitié plein. Ajoutez à cela Netflix, dont l’action décolle de 8,5% après ses résultats, Alphabet, qui voit son titre gagner 5,4% après l’annonce d’une coupe de 12'000 emplois, une statistique des ventes de maisons existantes qui recule moins que prévu en décembre et vous obtenez une séance de bourse bien agréable pour les taureaux.

L’indice S&P500 (SPX) profite du retour en force de l’appétit au risque pour récupérer sa moyenne mobile à 200 jours à la cloche (3'972 points contre la 200 dma à 3'968 pts). C’est peut-être un détail pour vous, mais pour la quasi-totalité des traders de la planète ça veut dire beaucoup. Rappelons que sa 200 jours avait mis le SPX KO le 16 août de l’an passé, que le SPX avait perdu près de mille points par la suite, sur deux mois, et qu’il a tenté de casser sa 200 jours à nouveau à deux reprises en décembre sans succès, c’est dire combien cette satanée moyenne mobile est devenue importante. C’est aussi dire combien le risque de «melt up rallye» augmente à chaque occasion de cassure manquée, le jour où cassure il y aura, on peut s’attendre à un déclenchement rare d’ordres stop à l’achat. Ceci dit, la cassure se fait toujours attendre, mais le positionnement du SPX à la cloche est intéressant, il reste en parallèle dans sa tendance baissière, le haut de son canal est tout proche. Les volumes d’échanges sont faibles avec 9,7 milliards de titres traités sur le NYSE, la volatilité recule, le VIX perd 3,2% à 19,85. En termes de secteurs, le podium du jour du SPX se compose des services de communication, de la technologie et de la consommation discrétionnaire. La santé se traine en queue de peloton, on dédaigne les valeurs défensives vendredi à Wall Street.

L’indice SOX (Semi-conducteurs) est à suivre de près. Il a cassé sa 200 jours depuis quelques séances, une golden cross se dessine à un horizon de quelques jours (la moyenne mobile à 50 jours traverse la 200 jours à la hausse, un signal technique haussier) et l’indice est sorti de son canal baissier à la fin décembre. Le secteur des semi-conducteurs est considéré par de nombreux traders comme un indicateur avancé du marché, c’est la raison pour laquelle il faut le garder dans votre radar. Le secteur bancaire américain est aussi à surveiller, qui ne produit pas de performance linéaires, prenez Goldman Sachs, qui recule de 0,45% depuis le premier janvier, tandis que Morgan Stanley progresse de 13,2%... L’indice BKX (KBW Bank Index) avance de 6,34% sur la période, il tente lui aussi de casser sa 200 jours et de sortir de son canal baissier.

Le dollar envoie de plus en plus de signaux de faiblesse. Le retour de l’appétit au risque en fin de semaine ajoute de la pression sur ses épaules, les propos faucons de membres de la BCE probablement aussi (j’y reviens). Le Dollar Index (DXY) traite très près de son bas récent, il a cassé un niveau de support Fibonnacci important et regarde désormais le prochain niveau, qui se situe à 99,20, niveau actuel 101,79. La paire EUR/USD teste 1,0900 en ce moment-même. Au-delà de constituer un niveau psychologique important, 1,0901 correspond à 50% de retracement Fibonnacci de la baisse de 1,2266 à 0,9536. Money time sur le billet vert en ce lundi matin donc… Les rendements obligataires restent plutôt stables, le 10 ans US se maintient à 3,48%.

La BCE envoie ses faucons sur le terrain. Klaas Knot appelle à des hausses de 50 points de base en février et en mars, affirmant que le moment de ralentir le resserrement est «encore loin». Des hausses d'un demi-point de pourcentage «seront le rythme d'un nombre multiple de réunions», déclare-t-il à La Stampa. «Je pense vraiment que nous continuerons à être en mode de resserrement jusqu'à l'été». Son collègue Olli Rehn indique qu'«il y a des raisons pour des augmentations significatives» en hiver et au début du printemps.

La zone euro évitera la récession cette année, selon une enquête menée auprès d’économistes. La région connaîtra une croissance de 0,1% en 2023, selon le sondage de Consensus Economics, rapporte le FT. Cela grâce à la baisse des prix de l'énergie, aux aides gouvernementales et à la réouverture de la Chine. Le mois dernier encore, les analystes prévoyaient que le bloc plongerait dans la récession cette année.

Olaf Scholz et Emmanuel Macron annoncent que les entreprises européennes devront libérer des investissements massifs pour ne pas se laisser distancer par les entreprises américaines et chinoises, alors que les pays réorganisent leurs économies pour les rendre plus respectueuses du climat. Les dirigeants allemand et français se rencontrent à Paris pour discuter de la manière de réagir à la loi sur la réduction de l'inflation de l'administration Biden, qui, selon l'UE, n'est pas conforme aux règles internationales. Ils expriment leur soutien à la création d'une liaison ferroviaire à grande vitesse entre leurs deux pays.

Le nombre de décès dus au Covid en Chine a dépassé 12’600 au cours de la semaine précédant le Nouvel An lunaire, selon le CDC du pays. L'épidémiologiste en chef Wu Zunyou déclare que 80% de la population a été infectée au cours du cycle actuel, mais qu'il y a «très peu de chances» qu'une deuxième épidémie nationale se déclare dans les deux ou trois prochains mois.

Les enquêteurs du ministère de la Justice saisissent de nouveaux documents confidentiels au domicile de Joe Biden, dans le Delaware. La perquisition du FBI, qui dure plus de 12 heures, permet de découvrir des notes classifiées datant de l'époque où le président était sénateur et vice-président. Cette dernière découverte aggrave les difficultés juridiques et politiques de Joe Biden avant sa campagne de réélection prévue pour 2024.

Les résultats des entreprises technologiques américaines débutent cette semaine, et les entreprises du S&P500 devraient afficher une baisse moyenne de leurs bénéfices trimestriels de 9,2%, la plus importante depuis 2016, selon Bloomberg Intelligence. Alors que Wall Street a sabré les estimations depuis des mois, le danger est que les analystes soient encore trop optimistes. Microsoft est le premier à publier demain. Tesla, Intel, Chevron et Boeing présenteront leurs résultats plus tard dans la semaine. Les intervenants de la Réserve fédérale seront en période de black-out avant la réunion du FOMC du 1er février, mais les rapports économiques vont tout de même affluer. Les mises à jour de l'indice des prix des logements S&P Case-Shiller, des ventes de logements neufs, des commandes de biens durables et du moral des consommateurs pourraient renforcer les prévisions de récession aux États-Unis et inciter la Fed à relever ses taux de 25 points au lieu de 50, selon l’agence Bloomberg.

Au menu macro-économique du jour, pas grand-chose à se mettre sous la dent, hormis l'indice des indicateurs avancés aux Etats-Unis (16h00). Christine Lagarde doit prendre la parole à 18h45 lors d'une réunion organisée par la Bourse de Francfort.

Richemont: Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 151 à 160 francs. L'Etat français détient désormais plus de 90% du capital et des droits de vote d'Electricité de France, ouvrant la voie à une sortie de la cote. Abbott confirme être sous enquête du département américain de la justice concernant la fermeture de son usine produisant du lait infantile. Elliott entre au capital de Salesforce. La division prêts à la consommation de Goldman Sachs dans le collimateur de la justice américaine. Alphabet, la maison-mère de Google, annonce un plan social de grande envergure avec la suppression d'environ 12’000 postes dans le monde. Holcim rachète des activités dans les agrégats aux Etats-Unis. La FDA ne fera pas de revue accélérée pour le traitement d'Eli Lilly contre la maladie d'Alzheimer. Elon Musk annonce un nouvel abonnement plus cher pour masquer les pubs sur Twitter.

Cette nuit et ce matin en Asie c’est tout de même très calme. Les festivités du nouvel an lunaire débutent, plusieurs marchés boursiers sont fermés. Shanghai n’ouvrira pas de la semaine, Séoul revient mercredi, Hong Kong jeudi, seule Tokyo traite parmi les places financières de première importante, la bourse japonaise démarre la semaine sur un gain de 1,33%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en légère progression, de 0,25%. Le pétrole évolue à 81,4 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or revient à 1919 dollars l’once.

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