Gonet: l'actualité des marchés au 29 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,45%, S&P 500 -1,54%, Nasdaq -1,58%, Russell 2000 -2,05%, SOX -2,63%, Eurostoxx -0,68%, SMI -0,05%.

C’est un début de semaine tristounet qu’opèrent les indices hier, agacés par de nouveaux discours «faucons» de membres de la Fed et probablement inquiets des débordements de la population chinoise, qui n’en peut plus d’être confinée chez elle. L’appétit au risque prolonge son weekend, les taureaux semblent fort dépourvus ce lundi, qui font face à une armée d’ours bien décidés à en découdre, la pression vendeuse se matérialise dès les premières minutes de trading et on tape sur tous les secteurs du S&P500 (SPX). Le podium des perdants du jour se compose des REITs, de l’énergie et des materials. C’est la 57e clôture en repli de plus de 1% pour le SPX cette année, on n’avait plus vu cela depuis 2008. La volatilité se réveille, le VIX grimpe de 8,3% à 22,21, un niveau qui reste plutôt bas ceci dit. Le marché semble manquer de jus pour aller plus haut en l’état, il faut garder en tête que, depuis le 3 novembre, le SPX et le Nasdaq ont grimpé de 6,7% et 8,5%, ce qui a mené le SPX quasiment aux portes de sa moyenne mobile à 200 jours, qui ne se laissera pas franchir aisément, on l’a bien compris le 16 août. L’indice des semi-conducteurs SOX participe à la baisse du jour, il reste en hausse de 17% depuis le 3 novembre, on ne le blâmera pas de prendre une pause.

Le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, déclare que les marchés sous-estiment peut-être les chances de voir les taux augmenter. Son homologue new-yorkais, John Williams, fait remarquer que les responsables politiques ont encore du travail à effectuer pour juguler l'inflation. De son côté la numéro deux de la Réserve Fédérale Lael Brainard met en garde contre un excès d’optimisme sur l’évolution des prix. Enfin, Loretta Mester, boss de la Fed de Cleveland, enfonce le clou en indiquant qu’aucune pause n’est envisagée dans le cycle de hausse des taux. Pour ceux qui en doutaient, Jerome Powell a lâché les faucons, probablement toujours dans l’idée de calmer l’exubérance potentiellement irrationnelle des acteurs du marché des actions, dont on connait le potentiel inflammatoire inégalé. En plus le bougre (Jerome Powell donc) donne un discours demain, rien qu’à cette idée on pourrait comprendre que les indices d’actions se calment, le poids des mots…

Apple, la mère de toutes les actions, recule de 2,6% à la nouvelle que la firme pourrait «perdre» 6 millions d’iPhones à cause des manifestations à l’usine de Foxconn. Ça non plus ça ne contribue pas à alimenter l’appétit au risque.

Le dollar n’en demandait pas tant, lui qui se préparait à abdiquer, notamment face à l’euro. La paire EUR/USD revient de 1,0497 hier à 1,0386 ce matin, elle traite juste au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours (1,0379), la bataille technique fait rage, c’est à suivre de près. Sur le marché obligataire, on est étonné de constater que les rendements ne décollent pas après les discours hawkish des membres de la Fed, le 10 ans évolue à 3,66%, tandis que l’inversion de la courbe 2 / 10 ans atteint 80 points de base, un niveau plus atteint depuis 1981, ce matin le spread se resserre quelque peu à 75 points de base. Le pétrole retrouve des couleurs, le baril de WTI Light Crude remonte à 78,68 dollars après qu’Eurasia a rapporté que l’OPEP+ pense sérieusement à réduire la production lors de sa prochaine réunion.

La Banque d’Angleterre (BoE) va commencer à vendre les obligations d'État achetées dans le cadre de son action d'urgence pour mettre fin au récent chaos sur les marchés britanniques. Les ventes ont lieu aujourd'hui de manière à éviter de déstabiliser à nouveau le marché. Elles devraient constituer un nouveau test de confiance, étant donné que les investisseurs sont déjà confrontés à l'augmentation des emprunts d'État et au fait que la banque centrale a dénoué les dettes qu'elle détenait à l'époque de la pandémie.

Les négociations de l'UE sur un plafonnement du prix du pétrole russe restent bloquées. La Pologne et les pays baltes estiment que le prix de 62 dollars le baril est encore trop élevé, déclarent des diplomates à l'issue des négociations d'hier, et il n'est pas certain qu'ils puissent parvenir rapidement à un accord.

D'anciens partisans du dollar, dont JPMorgan Asset Management et Morgan Stanley, affirment que l'ère de la force du billet vert est en train de se terminer, car le ralentissement de la hausse des prix incite les marchés à réduire les paris sur un nouveau resserrement de la Fed. Cela pourrait entraîner des opportunités d'achat pour les devises de l'Europe, du Japon et des marchés émergents.

L’agence Bloomberg nous rappelle que l'indice Stoxx 600 Banks a progressé de 11% au cours des trois derniers mois et qu’il pourrait continuer à surperformer. Le secteur présente les meilleures révisions de bénéfices en Europe, «la performance relative des prix continuant à être en retard sur les tendances relatives des bénéfices par action», indique Morgan Stanley.

Au menu macro-économique du jour, l'indice de confiance des affaires de novembre en Europe (11h00) sera suivi de la première estimation de l'inflation allemande de novembre (14h00). Aux Etats-Unis, le marché prendra connaissance de l'indice des prix immobiliers (15h00) et de l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board de novembre (16h00).

Nestlé affine sa prévision de croissance organique 2022 de «environ 8%» à «de 8 à 8,5%». Le groupe annonce par ailleurs qu'il va limiter ses pratiques de marketing pour les enfants de moins de 16 ans. Microsoft prévoit de proposer des concessions à l'UE pour emporter le feu vert antitrust à l'acquisition d'Activision Blizzard. Apple menace de bannir Twitter de son App Store, affirme Elon Musk. Chez Walt Disney, Bob Iger donne la priorité à la créativité et à la rentabilité du streaming. Shell va racheter le danois Nature Energy Biogas pour près de 2 milliards de dollars. BT Group propose une augmentation du salaire pour son personnel britannique afin de mettre fin aux grèves. ASM International relève ses prévisions de ventes pour le quatrième trimestre après des résultats plus solides que prévu en Chine. Ça ne s’arrange pas pour Crédit Suisse, dont l’action recule encore de 4% hier et le CDS grimpe à 410 points de base. L’action teste les 3 francs ce matin, à suivre…

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Tokyo qui recule de 0,48% à la cloche. Hong Kong décolle de 4,5%, la commission nationale chinoise de la santé a publié une déclaration indiquant que les vaccinations seraient accélérées pour les personnes âgées de plus de 80 ans. Shanghai avance de 2,3% et Séoul gagne 1,04%. Le future SPX se retourne gentiment à la hausse, il progresse désormais de 15 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,4%. C’est fou ce que ce marché semble tendu, Hong Kong qui décolle autant après une telle annonce cela laisse songeur…

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