Gonet: l'actualité des marchés au 29 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,03%, S&P 500 +1,21%, Nasdaq +0,92%, Russell 2000 +1,37%, SOX +1,15%, Eurostoxx +1,23%, SMI +0,66%.

«Et au milieu coule une rivière de liquidités fantasmées». On pourrait résumer l’état d’esprit de Wall Street ainsi. Depuis les mots doux murmurés mercredi soir par Jerome Powell aux oreilles d’un marché en manque, les indices d’actions n’ont eu de cesse de célébrer ce retour d’un infime espoir d’une politique monétaire plus accommodante à venir. Après la hausse de plus de 4% du Nasdaq100 (NDX) observée mercredi, personne n’aurait été choqué de voir les indices prendre une pause, voire consolider hier, ce d’autant plus qu’hier le PIB américain au deuxième trimestre nous apprend que la croissance s’est à nouveau contractée au pays de l’oncle Sam, cela fait deux trimestres consécutifs et confine à une récession, même si le bureau ad hoc ne l’a pas encore décrétée.

Le marché sourcille à peine, les actions pour être précis, sur la partie obligataire c’est une autre histoire, j’y reviens. Il faut une petite heure à l’indice S&P500 (SPX) pour établir une base et repartir vers le nord. A la cloche, la moyenne mobile à 100 jours semble de moins en moins utopique, elle se situe à 4122 points contre une clôture du SPX à 4072. Le podium du jour de l’indice est composé de l’immobilier, des utilities et des industrielles, la volatilité recule de 4%, le VIX casse sa tendance haussière, les ours sont décidément bien malmenés ces jours.

Mais pourquoi donc le marché ignore-t-il ainsi la statistique de la croissance américaine? Well... Tout d’abord il faut rappeler que le SPX a chuté de 24% de son top à son bas de juin, on peut donc dire qu’une récession est peut-être déjà dans les prix, je dis bien «peut-être». Mais surtout une économie en contraction pourrait inciter la Fed a réellement ralentir son processus de hausses de taux. Et le marché de célébrer à nouveau, c’est aussi simple que cela.

Sur le front du marché obligataire, la réaction à la publication du PIB américain est toute autre que celle des actions. Le rendement du 10 ans, qui évoluait à 2,80% avant les chiffres, recule rapidement à son support de 2,70%, le casse, ce qui déclenche des ordres stop-loss, et traite ce matin à 2,67%. Les Fed Funds restent plutôt stables par rapport à mercredi soir, ils voient les taux environ 100 points de base au-dessus du niveau actuel à la fin de l’année.

Chers ours, votre vendredi risque fort de ressembler à mercredi et jeudi, Apple et Amazon sont passées par le confessionnal après la cloche de Wall Street et, devinez quoi, ça c’est plutôt bien passé. Les actions grimpent en flèche après le marché, enfin surtout Amazon qui décolle de 13,6%, Apple gagne 3%. Amazon bat les prévisions de ventes et déclare qu’elle réalise des progrès en matière de contrôle des coûts. La perte nette de 2 milliards de dollars est due à son investissement dans Rivian. Apple a été aidé par les ventes d’iPhone et d’iPad, mais les Macs et les wearables n’ont pas été à la hauteur. Le CEO Tim Cook s’attend à une accélération du chiffre d’affaires ce trimestre et constate une amélioration en Chine (ndlr: les mots «Chine» et «amélioration» associés sont susceptibles de rendre certains algorithmes totalement fous...). Revenons un instant à Amazon, dont tout un chacun pouvait craindre une déception, suivez mon regard du côté de Walmart... mais si l’on gratte un peu sous la surface des résultats, on constate que ce bon résultat trimestriel est dû à AWS (Amazon Web Services), le cloud quoi, qui génère 5,7 milliards de bénéfices contre la division e-commerce, qui réalise 2,4 milliards de dollars… de pertes. Mais finalement, ce qui compte c’est le consolidé non?

Les États-Unis approuvent la vente d’armes à l’Allemagne pour un montant pouvant atteindre 8,4 milliards de dollars, notamment des avions de combat F-35 fabriqués par Lockheed Martin, soulignant le rôle de leur allié en tant que «force importante pour la stabilité politique et économique en Europe.» Des navires ukrainiens chargés de céréales sont prêts à quitter Odessa mais attendent les procédures pour partir, indique l’ONU. La Russie demande aux clients de l’usine de GNL Sakhaline-2 d’effectuer leurs paiements par l’intermédiaire d’une banque russe.

Rishi Sunak admet qu’il est l’outsider dans la course contre Liz Truss pour devenir le prochain Premier ministre du Royaume Uni. L’ancien chancelier fait remarquer que sa promesse de ne pas réduire les impôts des particuliers tant que l’inflation n’est pas maîtrisée n’est pas très populaire, mais «c’est la chose honnête à faire». Truss est opposé à l’idée d’adopter une taxe exceptionnelle sur les bénéfices des entreprises énergétiques, rapporte le Financial Times.

Joe Biden et Xi Jinping demandent à leurs assistants, lors de leur appel d’hier, de commencer à planifier une rencontre en personne, ce qui pourrait être leur première rencontre de ce type depuis que Joe Biden est devenu président. Ils échangent des avertissements sur les risques croissants d’une confrontation au sujet de Taïwan. Nancy Pelosi part aujourd’hui pour l’Asie avec un arrêt sur l’île qui reste à confirmer, selon l’Agence Bloomberg.

Bill Ackman s’exprime sur Twitter pour contester l’affirmation de Jerome Powell selon laquelle la Fed se situe dans la fourchette de ce que le FOMC considère comme une politique neutre. «Nous ne sommes pas proches d’un taux neutre», déclare le fondateur de Pershing Square. Il qualifie la politique actuelle d’«extrêmement accommodante» compte tenu d’une inflation de 9%, et déclare que les taux devaient atteindre 4% ou plus.

Janet Yellen balaie d’un revers de main les discours sur la récession, affirmant qu’une véritable récession est un affaiblissement généralisé de l’économie. «Ce n’est pas ce que nous voyons actuellement», déclare la secrétaire au Trésor. S’exprimant après la publication de données montrant que le PIB américain s’est contracté de manière inattendue pour le deuxième trimestre, Mme Yellen déclare  : «Nous avons besoin de voir un ralentissement. Le marché du travail est extrêmement tendu, et peut être la source de certaines pressions inflationnistes.»

Au programme de ce vendredi l’indice des prix à la consommation français de juillet (sorti en ligne sur une base mensuelle) puis le PIB allemand du deuxième trimestre (10h00) et l’inflation de la zone euro en juillet (11h00). Aux Etats-Unis, l’inflation PCE et les revenus & dépenses des ménages sont pour 14h30 avant à 15h45 l’indice PMI de Chicago et à 16h00 l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan.

Givaudan: Research Partners passe de conserver à acheter en visant 4000 francs. Nestlé: Berenberg reste à l’achat avec un objectif de cours relevé de 128 à 130 francs. Lonza: RBC reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 650 à 670 francs. STMicroelectronics: Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 35 à 37 euros. Air France-KLM: la compagnie aérienne est bénéficiaire au premier trimestre fiscal, vous avez bien lu: bé-né-fi-ciaire! BNP Paribas: la banque publie un bénéfice net en hausse de 9,1% au deuxième trimestre, à 3,18 milliards d’euros, plus élevé que prévu. Hermès: les résultats sont en vive hausse de 40% au premier semestre. L’Oréal: les résultats sont légèrement supérieurs aux attentes. La croissance organique est plus dynamique que prévu. Renault: le constructeur revoit à la hausse ses prévisions pour l’exercice 2022, suite à la sortie de la Russie. AMS-OSRAM: la société renoue avec les bénéfices au premier semestre malgré une légère baisse du chiffre d’affaires. AstraZeneca: le laboratoire bat les estimations de bénéfices et de revenus pour le deuxième trimestre. Les prévisions sont revues en hausse. Intel: le titre chute lourdement hors séance de 8% après des résultats décevants. Sulzer: le groupe est en pertes au premier semestre en raison d’une charge de dépréciation sur la sortie de Russie. Instagram (Meta Platforms) fait une pause dans sa transformation à la TikTok.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en baisse, hormis Séoul qui gagne 0,67%. Tokyo recule de 0,05% à la cloche, Hong Kong perd 2,71% et Shanghai abandonne 1,05%. Ce sont les valeurs technologiques et immobilières qui pèsent principalement sur l’indice Hang Seng, le marché est déçu que le politburo chinois n’ait annoncé de plan de soutien. Le future SPX gagne 30 points, tribute to Apple et Amazon, tandis que l’Europe ouvre en hausse de 0,7%. Le dollar rend du terrain face à l’euro, la paire évolue à 1,0241, ce qui illustre une forme de détente supplémentaire du sentiment général du marché, hier seules les actions célébraient. L’or a repris des couleurs, l’once évolue à 1766 dollars, le pétrole aussi, le baril de WTI Light Crude évolue légèrement en-dessous des 100 dollars.

 

Retour de l’actualité des marchés mardi 2 août.

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