Gonet: l'actualité des marchés au 28 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,37%, S&P 500 +2,62%, Nasdaq +4,06%, Russell 2000 +2,39%, SOX +4,75%, Eurostoxx +0,91%, SMI -0,41%.

Jerome Powell est à nouveau le meilleur amis des taureaux. Le patron de la Fed trouve les mots à susurrer aux oreilles des pauvres petites bêtes à cornes, toutes chamboulées depuis que leur dose quotidienne de méthadone liquidités fond comme neige au soleil. La Réserve Fédérale des Etats-Unis relève ses taux de 75 points de base hier soir, rappelons ici que 75 points constituent un mouvement d’une rare violence. La Fed l’avait déjà fait en juin, en mai ce fut 50 points et en mars 25. Cela nous fait donc un total de 225 points de base de hausse depuis mars, mais le marché s’était résolu à l’anticiper et à l’accepter. Durant son discours, Jerome Powell minimise les craintes de récession et précise que toute nouvelle hausse importante de taux dépendra des statistiques économiques à venir. Retenez cette phrase: «Il pourrait être approprié de ralentir le rythme des augmentations à mesure que les taux deviennent plus restrictifs». Voilà, tout est dit, le marché n’attendait que cela, le patron de la première banque centrale du globe entrouvre la porte d’une politique monétaire légèrement plus accommodante, les taureaux du monde entier mettent le pieds dans la porte et le marché des swaps revoit sa copie. Hier matin il prévoyait 106 points de base de hausse entre septembre et la fin de l’année, ce matin c’est 98 points de base. La réaction du marché des actions est impressionnante, j’y reviens. En revanche, si l’on considère les taux obligataires et le dollar, on constate que ces derniers évoluent beaucoup moins que les actions. Le rendement du 10 ans US se maintient à 2,80%, reconnaissons ceci dit que la courbe des taux US se pentifie à nouveau. Le billet vert perd environ 1% (Dollar Index), ce qui n’est pas rien pour une monnaie, en revanche la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0209, le dollar se maintient donc en l’état à un niveau élevé.

Quant aux actions, ces pauvres petites chamboulées, cela faisait bien longtemps qu’elles n’avaient pas eu l’occasion de faire la fête, ce d’autant plus que les résultats de Microsoft et Alphabet aident le sentiment, tout comme l’annonce que le Secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken va discuter avec son homologue russe Lavrov dans les jours à venir. Les actions donc, se mettent en mode Space-X dès 20h30. L’indice Nasdaq100 (NDX), truffé de valeurs technologiques, décolle de 4,26%, il laisse sa moyenne mobile à 50 jours en plan, tel Marco Pantani dans la montée vers Verbier, et regarde désormais sa 100 jours qui se situe à 12897 points, clôture à 12601 hier soir. Le S&P500 (SPX) n’est pas en reste, il récupère le niveau de 4000 points et s’éloigne également de sa 50 jours, sa 100 jours se situe à 4125 points, clôture hier soir à 4023. Au registre des secteurs, on prend les mêmes que la veille en effet miroir, le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire (la Walmartite du marché n’aurait-elle duré qu’un jour?), la technologie et les services de communication. Les plus faibles hausses du jour sont à signaler du côté des utilities, de l’immobilier et de la santé. Les 11 secteurs du SPX terminent la séance dans le vert, le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) est impressionnant avec 91% pour le NDX et 86% pour le SPX.

L’indice TICK, le petit frère du breadth, atteint +1852 en séance, c’est le swing à la hausse le plus puissant observé depuis mars 2021 et cela indique la magnitude du mouvement d’hier. Pour mieux situer ce niveau de +1852, on considère dans le monde du trading qu’un indice TICK à +200 est le signe d’un marché haussier, au-dessus de 500 c’est «très haussier». Que penser donc de +1852?… Est-il nécessaire de préciser que les shorts du monde entier se couvrent et fissa? Que la volatilité se replie et que les volumes de trading augmentent (mais pas trop).

Ce matin la planète finance européenne considère la performance de Wall Street avec quelque étonnement, voire scepticisme. Ah ces Américains, toujours prompts à s’emballer ! La poussière va retomber lentement autour de la Fed, des commentaires de toutes sortes émergent. Jeff Gundlach approuve l’action de Jerome Powell et ses collègues. Il déclare à CNBC que la Fed n'est plus à la traîne et que la conférence de presse de Powell est la meilleure de son mandat. Pour sa part, Scott Minerd, CIO de Guggenheim, déclare que les indications de la Fed, selon lesquelles elle agira probablement plus lentement après septembre, ne contribueront pas à faire baisser la croissance des prix. Il voit une inflation de fin d'année entre 5 et 6%. Bill Dudley indique que la banque centrale augmentera son taux d'inflation «bien plus que ce qui est prévu par les marchés».

Xi Jinping et Joe Biden auront l'occasion d'apaiser les tensions entre la Chine et les États-Unis et de redéfinir les paramètres de la relation bilatérale lorsqu'ils s’entretiendront aujourd'hui. Les tensions en mer de Chine méridionale seront probablement un sujet, et Biden réaffirmera la politique américaine sur Taïwan, selon John Kirby. Gary Gensler, de la SEC, demande un accord rapide sur l'accès aux documents d'audit afin d'éviter que les entreprises chinoises ne soient exclues des marchés boursiers américains.

Au menu macro-économique du jour, le PIB américain du deuxième trimestre retiendra l'attention à 14h30. Auparavant, l'Allemagne aura communiqué son estimation de l'inflation du mois de juillet (14h00).

Credit Suisse: Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6,50 à 5,50 francs. Georg Fischer: Research Partners reste à l'achat avec un objectif relevé de 65 à 70 francs. Logitech: Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 95 francs. Sika: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 314 à 318 francs. Kering: Les revenus dépassent les attentes du consensus. La marge opérationnelle est en hausse. Nestlé: La croissance organique des revenus atteint 8,1% au premier semestre à 45,6 milliards de francs. La prévision annuelle de croissance est relevée, mais la rentabilité sera dans le bas de fourchette. Les actions Meta chutent dans le marché après-bourse après que les perspectives de revenus du géant des médias sociaux aient été revues à la baisse et qu'il ait enregistré sa première baisse trimestrielle des ventes en raison de l'effondrement de la publicité. Meta procède à un remaniement de ses principaux dirigeants, en nommant Susan Li au poste de directrice financière et en transférant l'actuel directeur financier David Wehner à un nouveau poste de directeur de la stratégie. Selon Bloomberg Intelligence, les vents contraires de Meta sont plus structurels que cycliques. Le bénéfice de Samsung manque les attentes en raison du refroidissement de la demande de gadgets grand public, mais la firme s'attend à ce que la demande de 5G reste solide au second semestre. Le chiffre d'affaires de STMicro dépasse les estimations avec une croissance dans tous les groupes de produits. Qualcomm avait auparavant annoncé des perspectives médiocres. Ford bondit après le marché après avoir dépassé les estimations de bénéfices et augmenté son dividende de 50 mais l'entreprise signale qu'elle se serre la ceinture alors qu'elle consacre des milliards de dollars aux véhicules électriques. VW dépasse également les attentes et prévoit un second semestre robuste grâce à une forte demande. Les bénéfices de Nestlé et AB Inbev sont bons. Moncler bat les attentes.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices évoluent dans le vert, hormis Hong Kong qui se replie de 0,15%. Tokyo progresse de 0,36% à la cloche, Shanghai avance de 0,32% et Séoul monte de 0,82%. Le future SPX traite autour de l’équilibre, ce qui correspond quasiment à une hausse après le décollage de la veille, et l’Europe ouvre en progression de 0,7%. L’or profite du repli du dollar et remonte à 1740 dollars par once, le pétrole remonte à 98,70 dollars le baril de WTI Light Crude.

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