La vie de Wall Street ressemble à s’y méprendre à un long fleuve tranquille, du moins hier. On le sait, il faut se méfier de l’eau qui dort comme du lait sur le feu. Or, hier le New York Stock Exchange vit sa journée la plus calme de l’année avec 9,2 milliards de titres échangés (tout est relatif, lorsque j’ai débuté, 400 millions de titres c’était beaucoup, mais je vous parle d’un temps…). Mais pourquoi donc une telle apathie dans les salles de marchés? La canicule se serait-elle invitée à la fête? En fait, le marché est un peu comme un voilier au milieu d’une mer si calme que la seule chose à faire est d’attendre, attendre que le vent se lève sous la forme d’une annonce de la Fed demain soir, de multiples résultats de sociétés des deux côtés de l’Atlantique et de nombreuses statistiques macro-économiques.

Dans un tel contexte, les indices peinent à trouver une direction franche, on constate aisément que la technologie fait l’objet de prises de profits, alors que l’énergie retrouve la forme, les matières premières dans leur ensemble en fait, portées par les inquiétudes croissantes autour de Nord Stream. Les actions de valeur sont préférées à celles de croissance, le marché récupère du terrain en fin de séance, la volatilité est très peu… volatile… mais se maintient à 23,36 (VIX), le dollar rend un tout petit peu de terrain à l’euro, la paire évolue ce matin à 1,0228, le pétrole remonte à 98 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or reste à 1724 dollars l’once, qu’est-ce qu’on s’ennuie hier mazette! Bravo à celles et ceux d’entre vous qui ont pris leurs vacances ces jours et ne lisent donc pas cette chronique.

Je pourrais aussi vous dire qu’hier les actions Weber partent en fumée, ce petit mot lamentable pour illustrer combien une société qui produit des produits pérennes peut le payer un jour, signe des temps. Dans les faits, le CEO s’en va, la firme réduit ses prévisions de ventes pour le troisième trimestre, elle supprime ses prévisions pour l’année, suspend son dividende et va probablement couper des emplois. L’action Weber perd 12,6% sur la séance.

Dans un registre plus global et qui touche le consommateur de très près, après la clôture du NYSE, Walmart réduit une nouvelle fois ses perspectives de ventes, la firme indique que l'inflation des prix des denrées alimentaires affecte la capacité des clients à dépenser dans les catégories de marchandises générales, ce qui entraîne davantage de rabais. Le titre Walmart perd 10% dans les échanges après-bourse et entraine avec lui une multitude de sociétés, telles que Target (TGT -5,2%), Conn’s Inc (CONN -5,39%), Dollar Tree (DLTR -4,1%), Macy’s (M -4,2%), Dollar General (DG -4,3%), Amazon (AMZN -3,6%) ou encore Kohl’s Corp (KSS -4,1%).

La réduction prévue par Gazprom des expéditions de gaz vers l'UE via le gazoduc Nord Stream à 20% de sa capacité est susceptible de faire grimper les prix de référence européens à environ 190 euros par mégawattheure, selon Goldman. Si l'on décidait d'interrompre complètement les flux via cette liaison, les prix atteindraient probablement 210 euros/MWh. Hier, les prix ont clôturé en hausse d'environ 11 %, à environ 177 euros/MWh. Les ministres de l'énergie de l'UE se réunissent aujourd'hui pour débattre des plans visant à limiter la consommation de gaz.

Liz Truss et Rishi Sunak critiquent leurs plans économiques respectifs lors de leur premier débat en tête-à-tête de la campagne pour devenir le prochain Premier ministre britannique. Sunak affirme que les réductions d'impôts prévues par Liz Truss feraient grimper l'inflation et les taux d'intérêt hypothécaires et «plongeraient des millions de personnes dans la misère». Truss rétorque que Sunak conduirait l'économie à la récession. Un sondage montre que 47% des électeurs Tory pensent que Truss a été meilleure que son adversaire durant le débat, contre 38% pour Sunak.

Au menu macro-économique du jour, les chiffres immobiliers américains (prix des maisons FHFA à 15h00 et ventes dans l'immobilier neuf à 16h00) puis l'indice manufacturier de la Fed de Richmond et l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board (16h00).

L’agence Bloomberg nous explique ce matin que les résultats des grandes entreprises technologiques sont sur le point de déterminer la direction du marché. Amazon a arraché le pansement il y a trois mois et il semble que certaines de ses consœurs des grandes entreprises technologiques pourraient chercher à faire de même au cours de cette saison des résultats. Apple aurait prévu des réductions de coûts pour l'année prochaine, tandis que Microsoft ferme des postes ouverts et procède à de petits licenciements. Le directeur général de Meta, Mark Zuckerberg, a déclaré aux employés le dernier jour du deuxième trimestre qu'ils étaient confrontés à l'un des «pires ralentissements que nous ayons vus dans l'histoire récente», et le CEO d'Alphabet, Sundar Pichai, a averti les employés du ralentissement des embauches quelques jours seulement après la clôture du trimestre. La semaine dernière, les résultats de Snap et de Twitter ont montré que les inquiétudes concernant le secteur de la publicité numérique sont fondées (source: Bloomberg).

Alibaba Group Holding Ltd. cherche à obtenir une cotation primaire à Hong Kong, renforçant ainsi le statut du centre financier en tant qu'alternative aux marchés américains et ouvrant la voie aux investisseurs chinois pour acheter directement des actions de la société de commerce électronique la plus importante du pays pour la première fois. Alibaba indique qu'elle va demander l'élévation de son statut commercial dans la ville asiatique, ce qui permettra au géant de 285 milliards de dollars de demander à être inclus dans le lien Stock Connect avec les bourses de Shanghai et de Shenzhen. Cela pourrait stimuler la liquidité après une année de dégringolade déclenchée par le ralentissement économique de la Chine et la répression de Pékin à l'encontre de ses entreprises Internet les plus puissantes.

Les résultats d'UBS déçoivent, avec un bénéfice net de 2,11 milliards de dollars, les bénéfices de sa banque d'investissement et de sa gestion de fortune n'étant pas au rendez-vous. Le CEO Ralph Hamers déclare que la période a été l'une des plus difficiles pour les investisseurs au cours de la dernière décennie et que son unité de gestion d'actifs a enregistré des sorties de fonds de 12 milliards de dollars. L’action UBS perd un peu plus de 2% dans le prémarché.

Roche: Société Générale reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 385 à 365 francs. Lindt: Le chocolatier dépasse les prévisions de bénéfices au premier semestre. Il prévoit de lancer un programme de rachat d'actions de 1 milliard de francs sur deux ans. Logitech: le groupe a vu ses revenus et ses résultats reculer au cours du dernier trimestre, au-delà de ce qui était redouté. Les objectifs annuels sont abaissés. Randstad: l'EBITA du deuxième trimestre est en hausse de 18% et à peu près conforme aux attentes. Whirlpool: le groupe américain réduit sa prévision de bénéfice annuel après un deuxième trimestre plutôt solide. Alibaba va demander sa cotation à Hong Kong. Amazon augmentera en septembre les prix de son abonnement Prime dans 5 pays d'Europe, dont la France. Meta Platforms déploie une fonctionnalité de monétisation pour les créateurs de vidéos Facebook. Principales publications du jour: Microsoft, Alphabet, Visa, LVMH, The Coca-Cola Company, McDonald's, Texas Instruments, Unilever, Mondelez, 3M Company, General Electric,  Dassault Systèmes, Compass, DSV, Lindt, Michelin.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se portent bien, hormis Tokyo qui boude et rend 0,16% à  la cloche. Hong Kong progresse de 1,72%, Shanghai avance de 0,73% et Séoul prend 0,39%. Le future SPX se replie de 11 points et l’Europe ouvre en retrait de 0,2%. Le rendement du 10 ans US se maintient à 2,79%, Ferrari nous annonce à l’instant être en pleine forme, una buona giornata a tutti.