Gonet: l'actualité des marchés au 27 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,71%, S&P 500 -1,16%, Nasdaq -1,96%, Russell 2000 -0,69%, SOX -1,63%, Eurostoxx -0,80%, SMI -0,24%.

Wall Street attrape une Walmartite, la seconde en quelques semaines. La Walmartite est une maladie contagieuse qui se transmet via le consommateur américain, principalement lorsque ce dernier réalise que ses poches sont vides. La principale caractéristique de la Walmartite est qu’elle atteint rapidement le cerveau et impacte le sentiment de tout un chacun, qui plus est lorsque l’ombre de la Fed plane sur le marché. Timing is everything parait-il, et bien figurez-vous que ce mercredi 27 juillet est un jour de Fed. Tout un chacun dans le marché s’attend à ce que Jerome Powell et ses copains annoncent une augmentation des taux d’intérêts de 75 points de base. Pour en revenir à Walmart, le géant américain de la distribution émet un nouvel avertissement sur bénéfices en expliquant sans ambigüité qu’il doit multiplier les efforts commerciaux pour maintenir ses ventes à flots, le consommateur étant trop timide actuellement. En bref, Walmart réduit ses marges.

Il se passe hier exactement le même phénomène que lors du premier avertissement de Walmart il y a quelques semaines. Le marché en prend ombrage car le consommateur américain semble moins enjoué que d’habitude. On sait que plus ou moins deux tiers de la croissance d’une économie sont alimentés par la consommation des ménages. Ajoutez à cela le combat sans pitié de la Fed (à préciser ce soir) contre l’inflation et vous obtenez un cocktail qui ressemble furieusement à une récession potentielle en vue. Voilà pourquoi Wall Street rend du terrain hier, elle s’inquiète à raison et tente de faire le tri entre les firmes capables de fixer leurs prix et les autres.

C’est donc une séance marquée par un retour de l’aversion au risque que vivent les indices hier, l’indice S&P500 (SPX) termine proche de son plus bas du jour mais parvient à défendre sa moyenne mobile à 50 jours (clôture à 3921 points contre la 50 dma à 3919). Les volumes d’échanges fondent comme neige au soleil, de nombreux intervenants restent sur la touche, à l’approche de la Fed ce soir et de résultats importants tels que ceux de Microsoft et Alphabet (hier soir après la cloche, j’y reviens), mais aussi Meta, Apple et Amazon. Les actions de croissance sont délaissées au profit de celles de valeur (ndlr: les investisseurs fonctionnent décidément de façon binaire), le podium du jour du SPX se compose des utilities, de la santé et de l’immobilier, tandis que du côté obscur de la cote on retrouve la consommation discrétionnaire (quelle surprise!), les services de communication et la technologie. N’en jetez plus, hier le marché adopte une approche défensive à nouveau, cela signifie-t-il que le rallye entamé le 17 juin est sur le point de s’essouffler ? Well… n’allons pas si vite en besogne si vous le voulez bien…

…Hier soir après la cloche, Alphabet et Microsoft publient leurs résultats trimestriels. Microsoft (MSFT) avait reculé de 2,68% dans la séance régulière, ses résultats ne sont pas flamboyants et le titre commence par glisser dans le marché après-bourse, pour inverser la tendance et finalement s’adjuger 4% durant la conférence de presse, la prestation du CFO est convaincante, ce dernier laissant notamment entendre que le cloud se porte à merveille au pays de Windows. Même phénomène au demeurant étonnant chez Alphabet (GOOG), qui manque les attentes et annonce un taux de croissance au plus bas depuis deux ans. En revanche, les recettes de publicité sont nettement meilleures que celles de Snap et c’est cela que le marché décide de regarder. GOOG gagne 4,8% dans les échanges après-marché.

Il y a quelques semaines encore, de tels résultats auraient probablement entrainé des ventes massives sur les deux titres, le sentiment du marché semble avoir changé depuis juin, la notion de récession potentielle a peut-être été intégrée très rapidement dans les esprits et le niveau de sentiment actuel est si mauvais que, Bank of America dixit, adopter une approche contrariante avec un tel sentiment a toujours payé, hormis lors de la chute de Lehman Brothers et en mars 2020. Il se trouve que ce matin les futures américains traitent confortablement dans le vert, merci Alphabet et Microsoft donc, et place à la Fed à 20 heures, qui devrait nous redire combien elle est déterminée à tuer l’inflation. Ce que les investisseurs vont tenter de déceler, c’est un signe potentiel de retenue, après les statistiques désastreuses des PMIs des services de vendredi, mais aussi l’avertissement de Walmart.

Petit détour par la volatilité avec un VIX (volatilité du SPX) qui gagne 6,9% hier et clôture à 24,69, un niveau plutôt neutre dans le contexte actuel. En temps normal, le VIX se pose à 15 puis tend à rebondir, pour parfois atteindre 35 – 40 lorsque le marché décide de se mettre en mode «fright night». La hausse mesurée de la volatilité est en soit une bonne chose, elle indique que des intervenants se protègent, qu’une partie du marché ne baisse pas sa garde. En parallèle, les bons du Trésor américain restent nerveux, le 10 ans se maintient à 2,80% alors que le spread 2 / 10 ans n’avait plus été aussi inversé depuis 2000. Le dollar est recherché, la paire EUR/USD revient à 1,0138.

Le Fonds Monétaire International (FMI) endosse le rôle de la cavalerie et nous annonce que les temps à venir seront durs pour la croissance. La prévision d'une croissance de 0,6% au quatrième trimestre de 2023 sur une base annuelle «rendra de plus en plus difficile d'éviter une récession». L'expansion économique mondiale ralentira probablement à 3,2% cette année, soit moins que les 3,6% prévus par le fonds en avril et les 4,4% observés en janvier... Le FMI réduit pour la troisième fois consécutive les perspectives de croissance du PIB mondial pour 2022 et 2023. Merci au FMI pour ces nouvelles de première fraicheur…

La Turquie ouvrira aujourd'hui un centre d'opérations conjoint avec Kiev, Moscou et l'ONU pour faciliter les exportations de céréales depuis les ports ukrainiens. Les expéditions pourraient commencer dans une semaine et atteindre 25 millions de tonnes d'ici la fin de l'année, déclare le porte-parole de Recep Tayyip Erdogan. Les ports de la mer Noire en question – Odesa, Chornomorsk et Pivdennyi – ont une capacité combinée maximale de 3,5 millions de tonnes par mois, selon UkrAgroConsult.

Joe Biden s'entretiendra avec Xi Jinping demain, selon l’agence Bloomberg. La conversation aura lieu à un moment difficile pour les relations entre les États-Unis et la Chine: Nancy Pelosi et les responsables de l'administration n'excluent pas qu'elle se rende à Taïwan le mois prochain.

La décision de la Fed sur ses taux monopolisera donc l'attention à 20h00. Avant cela, il y aura eu une avalanche de statistiques américaines: stocks des grossistes et commandes de biens durables à 14h30, chiffres de l'immobilier ancien à 16h00 et stocks pétroliers à 16h30.

Lindt: Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 123'000 à 127'000 francs. Logitech: Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 107 à 92 francs. Stadler Rail: UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 50 à 45 francs. UBS: RBC reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 19 à 17 francs. LVMH: La croissance organique du deuxième trimestre a atteint 19%, avec des ventes de 18,73 milliards d’euros. Les résultats sont en hausse. Michelin: Le pneumaticien abaisse ses prévisions de croissance du marché cette année. Mais les objectifs devraient être tenus. Adidas: Le groupe revoit en baisse ses objectifs 2022. BASF: Le chimiste relève ses perspectives de revenus mais met en garde contre les risques. Daimler: Mercedes relève ses prévisions annuelles. Holcim: Les résultats trimestriels sont en amélioration et dépassent les attentes. Texas Instruments: L'action gagne 3% après la clôture de Wall Street dans le sillage de résultats trimestriels bien accueillis.

Credit Suisse nomme Ulrich Koerner, responsable de la gestion d'actifs, comme nouveau CEO et va entamer une révision stratégique. Les pertes atteignent 1,59 milliard de francs suisses, dépassant largement l'estimation de 217,3 millions de francs. Les clients ont retiré 7,7 milliards de francs. Deutsche Bank annonce de solides bénéfices mais prévient qu'elle ne respecterait pas son objectif en matière de coûts. Elle réduit également son objectif de revenus de la banque d'investissement et constitue des provisions pour l'enquête sur la messagerie non autorisée.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont en hausse à l’exception de Hong Kong et Shanghai, qui rendent 1,49% et 0,13%. Tokyo grappille 0,22% à la cloche et Séoul progresse de 0,11%. Le future SPX est en hausse de 33 points et l’Europe ouvre en progression de 0,3%.

Tout le monde sur le pont à 20 heures pour l’annonce de la Fed!

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