Gonet: l'actualité des marchés au 27 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,28%, S&P 500 +0,57%, Nasdaq +0,63%, Russell -0,73%, SOX -1,21%, Eurostoxx -0,79%, SMI -0,39%.

À l’approche de Thanksgiving on se demande ce qui pourrait freiner Wall Street, imperturbablement orientée vers le nord et en phase de rotation, notamment vers les cycliques sans toutefois oublier ses chéries de la tech. C’est une séance de trading plutôt calme que vivent les indices ce mardi, le S&P500 (SPX) et le vénérable Dow Jones s’offrent de nouveaux records historiques à la cloche, les petites capitalisations (Russell 2000 RTY) marquent une pause, les géants de la tech sont tous en hausse, l’Europe souffre, tout est normal. La volatilité recule encore un peu, le VIX perd 3,4% à 14,38, le dollar recule aussi un chouia, la paire EUR/USD tente en ce moment de casser le niveau de 1,0500. Les rendements obligataires reculent, le 10 ans US revient à 4,27%, l’or reprend un peu de terrain et remonte à 2647 dollars l’once, tandis que le pétrole est maintenu en respect, à 69,08 dollars le baril de WTI Light Crude. Les volumes d’échanges baissent de 20%, on s’ennuie un peu sur les parquets de trading, il faut dire que cette semaine sera courte, aujourd’hui nous aurons droit à une batterie de statistiques macro avec en vedette l’indice PCE (Personal Consumption Expenditure, l’outil favori de la Fed pour mesurer l’inflation). Et puis demain tout s’arrête, pour le marché et pour des millions de dindes (sauf 2 que Joe Biden vient de gracier, à ce propos Daniel Morin de France Inter nous apprend que Donald Trump, fou de jalousie, a immédiatement appelé les heureuses élues pour leur proposer un poste dans son administration). Pas de Wall Street demain donc, une demi-journée de trading seulement vendredi, autant dire que l’on ne risque pas de croiser beaucoup de traders vendredi Downtown Manhattan, ils seront bien mieux dans les Hamptons.

Au chapitre de la macro, l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board s'est largement amélioré conformément aux attentes en novembre, tandis que les prévisions d'inflation à un an tombent à leur niveau le plus bas depuis mars 2020. Les ventes de logements neufs ont chuté de 17,3% par rapport aux prévisions en octobre. L'indice des prix de l'immobilier de la FHFA de septembre est en hausse d'un mois sur l'autre. L'indice Case-Shiller 20-city de septembre progresse de 0,2% m/m, un peu moins que le consensus et plus lentement qu'en août. Les économistes minimisent les conclusions des minutes du FOMC de novembre en raison de la dépendance aux données et de l'incertitude de la politique fiscale/économique, bien que les minutes aient montré un large soutien pour une réduction progressive des taux ainsi qu'une certaine incertitude autour du taux neutre.

Eli Lilly et Novo Nordisk sont aux anges suite à la proposition de la Maison Blanche pour que Medicare et Medicaid couvrent les médicaments contre l'obésité. Amgen (AMGN -4,76%) suite aux données décevantes sur les médicaments contre l'obésité. Best Buy (BBY -4,89%) manque les attentes et réduit ses prévisions, en raison de la faiblesse de la demande et du secteur macro.

Les Fed Funds sont un peu plus confiants pour le 18 décembre, ils prédisent désormais 63% de probabilités que la Fed réduises ses taux de 25 points à cette occasion.

En Europe le blues prévaut à tous les étages. Hier soir le premier ministre français Michel Barnier explique en gros résumé que «après lui le déluge», avertissant les Français que s’il est débarqué il y aura des turbulences graves sur les marchés financiers, que ne pas voter le budget serait du temps perdu et que oui, le recours au 49,3 probablement il aura. Il me semble opportun de préciser que les marchés n’ont pas attendu les prédictions roubinesques de Monsieur Barnier pour envoyer quelques uppercuts à la dette française. Ce matin le spread, l’écart de rendement entre le 10 ans OAT (français) et le 10 ans Bund (allemand) s’est écarté à 88 points de base. La France emprunte désormais à 10 ans à un coût de 3,03% par an, l’Allemagne à 2,15%, l’Espagne à 2,91%, la Suisse à 0,25% (normal, on a gagné l’Eurovision) et la Grèce à 3,03%. La situation budgégaire de l’Hexagone est précaire et il serait heureux que les guerres de préau qui ont actuellement lieu à l’Assemblée Nationale fassent place à du pragmatisme altruiste, le marché est prêt à taper encore plus fort.

Il n’y pas que la dette qui tangue en France, il y aussi le PSG CAC40. Faisons un point rapide. Depuis le premier janvier, le SPX progresse de 26,2%, le Nasdaq de 27,7%, le Stoxx Europe 600 de 5,62%, le SMI de 4,4%, le Dax de 15,1%, tandis que le CAC40 recule de 4,6%. On connait les raisons de cette débâcle boursière, la Chine a lâché les sociétés du luxe et des spiritueux, qui pèsent lourd dans l’indice parisien (environ un quart). Pire encore, AlphaValue publie une étude qui montre que les ratios cours / bénéfices de ces sociétés ont augmenté entre 2022 et aujourd’hui, malgré le repli marqué de leurs actions en bourse. Une exception permet cependant de ne pas éteindre la lumière au bout du tunnel, LVMH. La France est mal aimée aujourd’hui, on sait que le marché peut changer d’humeur extrêmement rapidement, ceci dit la dette publique du pays est non seulement élevée mais ses dépenses primaires (hors charges d’intérêts) ne sont pas couvertes par les recettes fiscales, selon Oddo BHF, qui ajoute que «cela fait 23 ans que ça dure, aucun autre pays ne peut se prévaloir d’une telle complaisance des marchés».

Donald Trump nomme Jamieson Greer, un protégé de longue date de Robert Lighthizer, au poste de représentant américain au commerce. Kevin Hassett est choisi pour diriger le Conseil économique national. Tom Homan, le tsar des frontières choisi par Trump, promet des déportations massives et une intensification de la répression à la frontière avec le Mexique. L'investisseur John Phelan est choisi comme secrétaire à la marine américaine.

Israël et le Hezbollah libanais entament un cessez-le-feu de 60 jours après avoir conclu un accord à l'issue de plusieurs semaines de négociations sous la médiation des États-Unis. Joe Biden déclare que les États-Unis, ainsi que l'Égypte, le Qatar et la Turquie, allaient redoubler d'efforts pour obtenir une trêve entre Israël et le Hamas.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, les rendez-vous de 14h30 comprennent les stocks des grossistes, une nouvelle estimation du PIB du troisième trimestre et les inscriptions hebdomadaires au chômage. A 16h00, place aux revenus et dépenses des ménages et à l'inflation PCE d'octobre.

Roche rachète Poseida Therapeutics pour 1,5 milliard de dollars. Avolta obtient une concession sur 18 ans à l'aéroport JFK de New York. La Commission européenne approuve un médicament de Novartis contre le cancer du sein à un stade précoce. Drake a intenté une action en justice contre Universal Music Group, qu'il accuse d'avoir artificiellement gonflé les chiffres de streaming de son concurrent Kendrick Lamar. Dell plonge de 11% hors séance après ses trimestriels.  HP Inc chute de 7,5% hors séance après ses trimestriels. CrowdStrike abandonne 6% hors séance après ses trimestriels. Apple envisage des partenariats avec des entreprises chinoises comme Baidu, ByteDance et Moonshot pour surmonter les difficultés réglementaires liées au lancement de ses modèles d'IA en Chine. Walt Disney paie 43,3 millions de dollars pour mettre fin à une action en justice concernant la rémunération des femmes.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0,8% à la cloche, Hong Kong grimpe de 2,38%, Shanghai gagne 1,53%, Séoul rend 0,69% et le Nifty50 monte de 0,55%. Le future SPX traite en très léger repli et l’Europe ouvre en recul de 0,4%.

 

L’actualité des marchés revient lundi 2 décembre.

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