Gonet: l'actualité des marchés au 21 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

5 minutes de lecture

Dow +0,32%, S&P 500 -0,00%, Nasdaq -0,11%, Russell +0,03%, SOX -0,71%, Eurostoxx -0,45%, SMI -0,02%.

On va passer vite fait sur la séance de trading d’hier, qui voit l’indice S&P500 (SPX) réaliser une performance historique de… rien du tout. Zéro, nada, on se retrouve à la case départ en clôture, la faute à Nvidia qui cristallise l’attention, la firme doit publier ses trimestriels juste après la cloche, j’y reviens. Notons tout de même la progression de 0,3% du SPW, l’indice S&P500 équipondéré, remarquons la santé qui pète la forme, l’énergie qui retrouve des couleurs et les materials, qui passaient par là. On prend aussi note que les indices se reprennent en fin de séance, la cupidité anime manifestement les participants qui ne tiennent plus en place, ça me fait un peu penser au générique du Muppet Show. À ce sujet, papy Dow Jones se fait remarquer en grappillant 0,32%, bien aidé par United Health, Amgen et Big Blue (si vous ne savez pas quelle société est surnommée Big Blue, bonne nouvelle vous êtes jeune). Les sept magnifiques sont en baisse, y compris Nvidia et Alphabet (GOOG -1,25%) avant une proposition antitrust détaillée. Parmi les autres valeurs à la traîne figurent les semi-conducteurs, les discounters (Target TGT -22%), la vente au détail de vêtements, les grands magasins, l'automobile (Ford F -2,9%), la route/le rail, les compagnies aériennes et les banques régionales. La volatilité gagne 5% supplémentaires, le VIX à 17,16, son alter ego obligataire le MOVE prend 1,5%, le rendement du 10 ans US reste stable, ce matin à 4,41%, tandis que le dollar se fait menaçant, à moins que ce ne soit l’euro qui ne se ratatine encore un peu plus, la paire EUR/USD revient à 1,0537, son support se situe à 1,0500 – 1,0497, tandis que l’euro suisse redescend à 0,9309, il voit un important support horizontal à 0,9305, money time imminent…

En Europe on ne change pas une équipe qui perd, tout le monde ou presque abandonne du terrain, l’euro fait un peu plus peur à tout un chacun, les vilains petits canards du jour sont notamment Bayer, Mercedes, Volkswagen, Stellandis et BNP Paribas. L’indice Stoxx Europe 600 fait même la tête d’un point de vue technique, il se bat actuellement avec le niveau de 500 points, s’il le franchit à la baisse, il regardera ensuite 480 pts. L’Europe n’a quasiment rien pour elle en ce moment, la croissance des bénéfices est nettement plus dynamique de l’autre côté de l’Atlantique, l’absence d’union véritable des membres de l’UE la fragilise sans aucun doute, la proximité du front Russo-Ukrainien et l’ombre de Donald Trump également, seules les valorisations plaident en sa faveur mais le marché semble être passé au-delà de ça, du moins pour l’instant. Et puis il y a autre chose interpelle, hier François Villeroy de Galhau déclare que les droits de douane de Trump ne feraient pas dérailler les plans d'assouplissement de la BCE. Les risques liés à la hausse des prix et à la croissance «se déplacent vers le bas», ajoute-t-il. Pour sa part, Yannis Stournaras indique qu'il s'attend à ce que la zone euro atteigne son objectif d'inflation de 2% au début de 2025. Mais alors quid de la statistique des salaires négociés en zone Euro au troisième trimestre, publiée hier et qui montre que la croissance des rémunérations négociées est de 5,4%, le chiffre précédent est de 3,5%. Bonne nouvelle pour les travailleurs consommateurs donc, qui semblent obtenir des augmentations de revenus réelles, mais quid des entreprises et, par ricochet de l’inflation et donc de l’approche monétaire de la BCE? En l’état les Fed Funds continuent de prévoir une baisse de 25 points de base lors des trois prochaines réunion de la Banque Centrale Européenne, dossier à suivre.

Rien de très notable à signaler au chapitre macro-économique hier, on note quelques discours de membres de la Fed en revanche. La gouverneure Lisa Cook déclare qu'elle voit une tendance à la baisse des taux, mais que l'ampleur et le calendrier des réductions devraient être déterminés par les données. Michelle Bowman note que les progrès en matière de réduction de l'inflation ont stagné et préfère procéder avec prudence à d'autres réductions de taux.

Venons-en au plat de résistance, que tout un chacun attend avec impatience hier: le bitcoin qui atteint 97'892 dollars, un record absolu et on ne doute plus guère sur les parquets de trading que la barre des 100’000 dollars sera prochainement testée. Les t-shirts et les casquettes tokenizées sont déjà prêts, les taureaux numériques semblent plus en forme que jamais. Petite observation au passage, le nombre d’options long calls ouvertes avec un strike à 100'000 dollars est énorme, gageons que, si et lorsque le niveau «magique» de 100'000 dollars sera atteint, un vent de débouclement se lèvera qui pourrait souffler assez fort. Ceci n’est qu’une observation et en aucun cas une prévision.

Il est 22 heures ce mercredi 20 novembre, on éteint la lumière à Wall Street, Nvidia entre en scène. Ses résultats au troisième trimestre fiscal sont excellents, voire exceptionnels. Le chiffre d’affaires et le bénéfice net ont quasiment doublé en une année, ils atteignent 35,1 milliards de dollars et 19,3 milliards de dollars, c’est nettement mieux qu’attendu, la firme indique que la demande pour ses cartes graphiques dédiées à l’IA est tellement forte que sa marge nette a atteint 55% (ils vont finir par dépasser la marge de Migros sur les yoghourts mocca s’ils continuent sur cette lancée, c’est dire). Nvidia précise que la demande pour ses puces Hopper et Blackwell va dépasser l’offre jusqu’en 2026, la qualifiant de «stupéfiante», qui fait suite à «insane» il y a un mois, quid du trimestre prochain? Quoi qu’il en soit, force est de constater que Nvidia écrase la concurrence, son avancée technologique reste considérable. L’action abandonne environ 2% dans les échanges après-bourse, rappelons au passage à l’attention des court-termistes de service que le titre progresse de 194,6% depuis le 1er janvier et de 397% depuis le début 2022. La conclusion de l’analyste de Vital Knowledge est probablement pertinente: «Cependant, la barre était très haute et il s'agit d'un titre extrêmement encombré (crowded trade, tout le monde ou presque en détient), mais l'optimisme existe pour une raison, les perspectives de l'entreprise restent plus positives que jamais, compte tenu d'une croissance massive et d'une concurrence minimale».

Ces résultats tant attendus et peut-être craints ne semblent pas sur le point de modifier le narratif actuel du marché, l’avenir nous le dira comme d’habitude mais les premiers échanges de ce jeudi semblent confirmer ce constat.

Les unités du groupe Indien Adani renoncent à une offre d'obligations de 600 millions de dollars après que Gautam Adani a été inculpé par les procureurs américains pour avoir contribué à la mise en place d'un système de corruption d'une valeur de 250 millions de dollars. Les obligations du groupe libellées en dollars ont plongé, tandis que ses actions ont chuté de 10%.

Le yen se renforce après que Kazuo Ueda a déclaré qu'il ne pouvait pas prédire l'issue de la prochaine réunion de la Banque du Japon, alimentant ainsi les spéculations sur une éventuelle hausse des taux d'intérêt. Le dollar yen à 154,45 ce matin contre 155,88 hier.

L'administration Biden informe le Congrès qu'elle prévoit d'annuler 4,65 milliards de dollars de dette due par l'Ukraine dans le cadre d'un paquet de 60 milliards de dollars approuvé en avril.

La nomination potentielle du CEO d'Apollo, Marc Rowan, au poste de secrétaire au Trésor propulserait la société qu'il a cofondée dans une nouvelle ère de leadership et aiderait potentiellement à débloquer des milliers de milliards de dollars. Elon Musk et Vivek Ramaswamy prévoient de faire pression pour que les fonctionnaires fédéraux bénéficient d'une semaine de travail de cinq jours. Matt Gaetz a vu son rapport d'inconduite sexuelle bloqué par les républicains de la Chambre. L'équipe de Trump serait en train de discuter de la création du tout premier rôle cryptographique de la Maison Blanche (#grossemontéevers100khier).

Au menu macro-économique du jour, on démarre avec la confiance dans les affaires en France (sortie en-dessous des attentes). Aux Etats-Unis, les nouvelles demandes d'allocation-chômage, les perspectives d'affaires de la Fed de Philadelphie et les ventes de logements existants seront tous annoncés à 14h30.

Les immatriculations de véhicules neufs stagnent à 1,04 million d'unités en Europe en octobre (ACEA). Novartis relève ses prévisions de ventes annuelles jusqu'en 2028. Unilever renonce à céder ses crèmes glacées et planche sur leur scission. Volkswagen et IG Metall se préparent à la troisième série de négociations salariales tendues. Snowflake flambe de 20% hors séance après ses trimestriels. Palo Alto perdait 5% hors séance après ses trimestriels. Google doit céder Chrome pour mettre fin à son monopole sur les recherches, selon le ministère de la justice US. Ford va supprimer 4000 emplois en Europe et réduire les heures de travail à Cologne. Starbucks envisage de vendre une participation dans ses activités chinoises à un partenaire local dans le cadre de sa stratégie d'exploration des options pour ses activités en Chine. Adani perd 10% à Bombay après que le milliardaire Gautam Adani et d'autres cadres ont été accusés par la justice américaine d'avoir participé à un système de pots-de-vin qui a pu léser des investisseurs américains. Honda espère doubler l'autonomie des véhicules électriques grâce à des batteries à l'état solide, selon le responsable de la recherche et du développement.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Shanghai qui grappille 0,07%. Tokyo rend 0,85% à la cloche, Hong Kong perd 0,53%, Séoul égare 0,07% et le Nifty50 recule de 0,76%. Le future SPX baisse de 20 points et l’Europe ouvre en repli de 0,5%. Le marché des actions digère les résultats de Nvidia. L’or progresse à 2667 dollars l’once et le pétrole ne parvient pas à se hisser au-dessus des 70 dollars le baril de WTI Light Crude, il évolue actuellement à 69,63 dollars. 

Un mot sur Nestlé, qui abandonne encore 0,8% dans les premiers échanges de ce jeudi. PME publie une adaptation d’une publication parue dans la Handelszeitung dont le titre est «Comment Mark Schneider a miné Nestlé», l’article laisse songeur.

A lire aussi...