Le marché est d’humeur bucolique hier, il confond Nvidia avec une marguerite et entreprend méticuleusement de l’effeuiller. Je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie (juste après l’ouverture), pas du tout (à 16h30), pour conclure que «un peu» c’est peut-être trois fois rien mais c’est déjà ça. Le verdict de la cloche (NVDA +0,53%) permet à tout un chacun de conclure que les vendeurs de pelles et de pioches de la ruée vers l’or de l’IA ont encore de beaux jours devant eux, le narratif est intact, les ours ont beau aboyer comme jamais, la caravane des taureaux poursuit son chemin.
La journée de Wall Street est donc dictée par les états d’âme de Nvidia, ce qui explique la retenue du Nasdaq100 (NDX +0,36%), le vénérable Dow Jones et le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations) surperformant nettement la tech. On notera la bonne performance de l’indice S&P500 équipondéré (SPW +1,29%), cela nous apprend que les intervenants sont nettement acheteurs hier, ils se retiennent simplement d’investir massivement dans les valeurs liées de près ou de loin à la marguerite du jour. Parmi les mouvements notables de la séance, on retiendra Alphabet (GOOG -4,56%), qui souffre de la volonté du gouvernement américain de forcer Google à se séparer de Chrome. JP Morgan rappelle à ce sujet que l’administration Trump semble encline à chercher d’autres solutions qu’un démantèlement, alors que les récents résultats ont été encourageants, grâce notamment aux progrès de la recherche en IA, la forte accélération de Google Cloud et l’expansion des marges ainsi que du bénéfice d’exploitation. On garde en tête le précédent Microsoft, qui était parvenue à résister aux tentatives de démantèlement du DoJ américain. Dossier à suivre. Le podium du jour du SPX se compose des utilities, des financières et des biens de consommation de base. Les volumes d’échanges sont en nette augmentation, le breadth clairement positif, c’est une bonne séance que celle d’hier pour les haussiers. La volatilité recule sur la partie action et obligation, on semble se détendre sur les parquets de trading, tandis que dans le monde des cambistes la tension augmente nettement…
…On constate en effet que la volatilité de la paire EUR/USD a nettement progressé depuis l’élection présidentielle américaine et atteint son plus haut niveau en un an. Cela nous indique que le marché des options se positionne en vue de mouvements notables du dollar et de l’euro, le repositionnement des Fed Funds vis-à-vis des prochains FOMC n’y est probablement pas étranger. En effet, ce matin le marché ne s’attend plus guère à grand-chose de la part de la Fed à court terme (18 décembre 56% de probabilités d’une baisse de 25 points de base, 29 janvier 23%, 19 mars 53%). Ceci explique la force actuelle du billet vert, en parallèle l’euro est faible (conflit en Ukraine, instabilité politique en Allemagne et en France notamment, croissance des bénéfices de sociétés moindre qu’aux Etats-Unis), ce qui permet à la paire EUR/USD de casser son support de 1,0500-1,0497 et de traiter ce matin à 1,0453. Son prochain support se situe à 1,0448, c’est plus bas en séance du 3 octobre 2023. La paire EUR/CHF n’est pas en reste, qui casse son support de 0,9305 et évolue ce vendredi à 0,9265. La monnaie unique européenne faible, couplée avec une des principales valeurs refuges de la planète, cela donne un canal baissier de l’euro qui dure depuis avril 2018. Techniquement il est ardu de trouver des arguments pour se positionner en euro contre la monnaie helvète. On gardera tout de même en tête que la BNS doit recevoir des appels plutôt courroucés de CEOs de fimes exportatrices, qui se débattent avec une monnaie solide comme le roc depuis le début des années septante. Le problème, c’est que le niveau actuel est quasiment le plus élevé de l’histoire, on va exclure le bas en séance du 15 janvier 2015 (0,8517), il était impossible de traiter au paroxysme de cette journée, la BNS a d’ailleurs récemment fait remarquer qu’elle n’exclut pas un retour aux taux négatifs…
On va tout de même trouver quelque chose de positif à dire sur le vieux continent. J’exclus donc de mentionner Kering, il serait indélicat et fort inapproprié de dire que l’action a perdu près de 50% cette année et on ne voudrait surtout pas faire remarquer que François Pinault est sorti du club tant prisé des 100 personnes les plus riches au monde, les temps sont durs… Non, soyons positifs et regardons vers l’avant, la fin de la saison des résultats d’entreprises signifie que les firmes européennes vont pouvoir recommencer à acheter des actions propres. Petite cerise sur le gâteau, hier l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) parvient à défendre le niveau de 500 points.
On parle moins des rendements obligataires cette semaine. Cela pourrait changer aujourd’hui, aux Etats-Unis seront publiées deux statistiques macro importantes (les directeurs d’achats – PMIs et l’indice du sentiment de l’université du Michigan). Le rendement du 10 ans US est stable à 4,40%, il voit sa principale résistance à 4,50% et un support important à 4,20%, sachant qu’une golden cross se profile à un horizon d’une grosse semaine. Lorsque la poussière sera retombée sur le monde des monnaies, le marché devrait se concentrer à nouveau en plein sur ce sujet ô combien important.
Et pendant ce temps-là, l’or, imperturbable et insensible à la force du billet vert, continue son rebond, ce matin l’once évolue à 2698 dollars, on rappelle que son record historique se situe à 2790 dollars.
Le bitcoin a commandé son smoking, il est prêt à l’enfiler à tout moment, les 100'000 dollars approchent à tout va, on va tenter de comprendre pourquoi. L’explication la plus vraisemblable est qu’il y a actuellement plus d’acheteurs que de vendeurs. Après on ne peut exclure que l’annonce du départ le 20 janvier prochain de Gary Gensler, le boss de la SEC et ennemi juré des cryptos joue un rôle dans la hausse de ce vendredi, ce d’autant qu’il se murmure dans les milieux tokenizés que le Monsieur Crypto de la Maison-Blanche sera Chris Giancarlo, surnommé «Crypto Dad». Rappelons qu’un nombre incommensurable d’options calls avec strike à 100'000 dollars sont ouvertes dans le marché, gardons enfin en tête que de très nombreux shorts pourraient devoir se couvrir si le bitcoin casse le niveau magique, à suivre de près et peut-être très vite. Cours actuel 99'000 dollars.
Au chapitre macro, les demandes hebdomadaires d’allocations chômage sont tombées à leur plus bas niveau depuis avril, tandis que les demandes continues ont progressé, atteignant leur plus haut niveau depuis le 21 novembre. La Fed de Philadelphie a enregistré une contraction inattendue de l'activité manufacturière en novembre. Les ventes de logements existants d'octobre ont été supérieures aux prévisions, soit le rythme le plus rapide depuis juillet. Dans le discours de la Fed hier, Austan Goolsbee de Chicago déclare que la Fed pourrait ralentir le rythme des réductions de taux à mesure qu'elle se rapproche du taux d'inflation cible. Cela fait suite au narratif de mercredi qui a continué à souligner la dynamique de patience entourant l'assouplissement de la politique.
Matt Gaetz se retire de la course au poste de procureur général des États-Unis, ce qui constitue un revers pour Donald Trump. Pam Bondi sera nommée à sa place. Donald Trump envisage de confier la direction du Trésor à Kevin Warsh, étant entendu qu'il pourrait être nommé plus tard à la tête de la Fed, selon le WSJ. Howard Lutnick envisage de se retirer de ses trois entreprises et de céder des participations dans ses deux sociétés publiques s'il est confirmé au poste de secrétaire au commerce.
Le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, indique qu'il soutient Olaf Scholz pour conduire les sociaux-démocrates aux élections fédérales de février et qu'il ne concourt pas pour être le candidat du parti. Il déclare que M. Scholz «incarne le bon sens et la prudence».
Le choc de l'inculpation de Gautam Adani ébranle son empire, mais il a également des répercussions sur les relations entre les États-Unis et l'Inde. Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi résistera probablement à toute tentative d'extradition du milliardaire.
Au menu macro-économique du jour, les indices PMI de novembre des principales économies seront égrenés tout au long de la journée. Ils seront complétés par l'indice de confiance de l'université du Michigan à 16h00.
Mercedes veut réduire ses coûts de plusieurs milliards d'euros. Sociétés qui reculent hors séance après leurs trimestriels: Intuit (-5%)… Alphabet a terminé la séance de la veille en vive baisse avec la pression exercée par la justice américaine pour une cession de Chrome. Amazon devrait faire l'objet d'une enquête antitrust par l'UE pour avoir favorisé les produits de sa propre marque sur son marché en ligne. Apple fait tout pour créer une version plus conversationnelle de Siri pour 2026. Boeing remporte un contrat de 2,38 milliards de dollars pour la fourniture de 15 avions ravitailleurs KC-46A à l'armée de l'air américaine.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis en Chine où le Hang Seng perd 1,89% et Shanghai chute de 3,06%. Tokyo progresse de 0,68% à la cloche, Séoul gagne 0,83% et le Nifty50 monte de 2,02%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,5%.