Gonet: l'actualité des marchés au 20 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,76%, S&P 500 -0,76%, Nasdaq -0,96%, Russell 2000 -0,97%, SOX -2,83%, Eurostoxx -1,92%, SMI -0,95%.

L’appétit au risque diminue ces derniers jours, on remet en question l'atterrissage en douceur de l’économie américaine dans les salles de marchés, après une série de surprises macroéconomiques négatives aux États-Unis (Empire manufacturing, ventes au détail et production industrielle, tandis que l'indice Citi US Economic Surprise est au plus bas depuis début septembre). Le tissu micro-économique joue aussi son rôle, de plus en plus d'entreprises signalent une incertitude macroéconomique accrue et un ralentissement de la demande. Les annonces de licenciements d'entreprises ne passent pas non plus inaperçues. En parallèle de ce ralentissement plutôt évident de la première économie du monde, ses banquiers centraux semblent ne rien remarquer, qui nous répètent à l’envi que la politique monétaire de la Fed n’est pas prête d’être adoucie. Hier c’est au tour de la numéro deux de l’institution, la très colombe Lael Brainard, de prendre la parole. Madame Brainard nous dit que les taux d'intérêt devront rester élevés pendant un certain temps afin de refroidir davantage l'inflation qui montre des signes de ralentissement mais qui est encore trop élevée. Un discours plutôt faucon que celui-ci, cependant certains passages permettent l’ombre d’un peu d’espoir, notamment: «on observe des signes timides de modération de la croissance des salaires» ou encore «certains éléments récents indiquent que les composantes persistantes de l'inflation dans les biens de base et les services autres que le logement ont atteint un sommet vers le début de 2022 et n'ont cessé de diminuer depuis lors». On dirait presque que Lael Brainard est prise en otage par Jerome Powell, qui tel un président Français actuellement en exercice, imposerait le narratif du moment à ses ministres, mais passons, le marché en prend tout de même ombrage et ne parvient pas à sortir la tête de l’eau à la cloche.

L’indice S&P500 (SPX) repasse en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours, ainsi que de sa 50 jours. Les shorts shortent encore un peu plus, le dollar résiste tant bien que mal mais la pression reste intense sur ses épaules, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0843. L’or reste demandé, l’once évolue à 1933 dollars tandis que les rendements obligataires remontent quelque peu, le 10 ans US revient à 3,41%. Les volumes d’échanges sont faibles, avec 9,96 milliards de titres traités sur le NYSE, la volatilité reste stable, le VIX se situe à 20,52, on s’ennuie un peu hier en fait, le marché digère les hausses de ce début d’année, sans beaucoup de fuel dans le réservoir pour aller plus haut, les résultats de sociétés joueront probablement le rôle d’arbitre, la saison accélère dès la semaine prochaine. Au chapitre des secteurs, les valeurs défensives sont recherchées (Médias, énergie, santé).

Tout n’est pas si vilain que cela dans le paysage macro et micro-économique. Regardez le cuivre, qui a gagné 14% depuis le 4 janvier, voyez le pétrole, qui progresse de 11% sur la même période. On devine le retour sur scène de la Chine derrière ces performances. Côté entreprises, tous les messages ne sont pas pessimistes. United Airlines a annoncé des bénéfices bien meilleurs que prévu pour 2023, tandis que JB Hunt (transports) a déclaré que la récente faiblesse du fret n'était qu'un ajustement des stocks et a laissé entendre qu'elle ne voyait pas de récession pour le moment. Les licenciements dans le secteur de la technologie ne constituent pas une menace pour un marché du travail tendu si l'on considère que les cinq grandes entreprises technologiques ont augmenté leurs effectifs de 45% en 2020 et de 20,5% en 2022. Convenons-en, il est bien trop tôt pour déclarer que l’économie américaine s’est pris les pieds dans le tapis, le marché est en train de digérer sa belle performance du début d’année, c’est aussi simple que cela.

C’est là que les esprits chagrins opposeront que le Dow Jones est passé en territoire négatif sur l’année (-0,31% YTD). Rappelons tout d’abord que le vénérable indice est «price weighted», il est calculé en fonction du prix de ses composants et pas de leur capitalisation boursière, une incongruité crasse mais c’est ainsi. Dans ce contexte, United Health pèse nettement plus lourd que Apple dans l’indice, alors que les capitalisations boursières de ces deux firmes s’élèvent à 452 milliards, respectivement 2'142 milliards de dollars. Or, si on regarde qui a le plus appuyé sur la tête du Dow Jones depuis le premier janvier, on retrouve, ô surprise, United Health, qui contribue à 301 points de repli de l’indice, alors que celui-ci en rend 102 au total. Heureusement que Boeing en ajoute 109 mais bref, le Dow Jones est respectable certes, mais il ne représente en rien la réalité économique des Etats-Unis.

C’était attendu, la secrétaire au Trésor Janet Yellen informe le Congrès par lettre que le plafond de la dette a été atteint, ce qui incite le département du Trésor à prendre des mesures extraordinaires. Les craintes liées au plafond de la dette sont donc de retour, ce vieux serpent de mer qui donne bien souvent lieu à des bras de fer entre républicains et démocrates, tout un chacun tentant d’obtenir un maximum d’avantages politiques et, au bout du compte, le Congrès vote le relèvement du plafond, après avoir parfois quelque peu inquiété les marchés, qui n’apprécient guère de voir ces grands enfants jouer avec leurs nerfs.

La réticence de Berlin à fournir ses chars Leopard à l'Ukraine (à moins que les États-Unis ne fournissent également leurs Abrams M1) menace de détourner l'attention de l'unité que les alliés veulent projeter lors d'une importante réunion des ministres de la défense aujourd'hui. Les ministres doivent se réunir sur la base aérienne américaine de Ramstein, en Allemagne.

Au chapitre macro-économique, les chiffres de l'immobilier ancien en décembre aux Etats-Unis sont attendus à 14h30. Cette nuit, le Japon a annoncé une inflation de 4% en décembre, la plus élevée enregistrée depuis 1981.

Ericsson: le suédois publie des résultats trimestriels inférieurs aux attentes. Netflix: le titre gagne 7% hors séance après la publication de ses résultats trimestriels. Le cofondateur Reed Hastings va passer la main en tant que CEO. Nordstrom: le groupe américain réduit ses prévisions annuelles après avoir publié des résultats inférieurs aux attentes. T-Mobile US a subi une vaste piratage qui concerne 37 millions de clients. Nintendo va renforcer la production de sa console Switch pour répondre à une demande toujours solide. Texas Instruments nomme Haviv Ilan président et CEO. Playtika propose à nouveau d'acheter Rovio, le créateur d'Angry Birds, pour une offre améliorée à 683 millions d’euros, soit 9,08 EUR l'action. Le prêteur crypto Genesis demande la protection de la loi contre les faillites.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 0,56% à la cloche, Hong Kong gagne 1,62%, Shanghai avance de 0,76% et Séoul monte de 0,63%. Le future SPX récupère 15 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,6%.

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