Gonet: l'actualité des marchés au 19 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,32%, S&P 500 -0,37%, Nasdaq -0,68%, Russell 2000 -0,73%, SOX -0,94%, Eurostoxx +0,68%, SMI +0,74%.

L’été (officiel) approche, la fête de la musique aussi, les marchés s’obstinent à voir le verre à moitié plein, la semaine passée en est la parfaite illustration.

Les indices américains d’actions atteignent de nouveaux plus hauts historiques jeudi, pour rendre quelque peu les gains vendredi mais l’essentiel est ailleurs, la configuration technique du S&P500 (SPX) et de ses compères s’améliore encore un peu, dans un contexte suracheté dont les taureaux n’ont cure, ils préfèrent regarder le sommet en se demandant comment y arriver au plus vite. Ils préfèrent aussi se concentrer sur la décision de la Fed de ne pas relever ses taux mercredi passé, décision attendue par toute la planète finance mais c’est ainsi, ce marché veut aller plus haut et saisit la moindre excuse pour ce faire. Cinquième semaine consécutive de hausse pour le SPX, on n’avait plus vu cela depuis l’automne 2021. Au chapitre des secteurs, vendredi le podium se compose des utilities, des materials et des biens de consommation de base. La volatilité recule avec les indices, ben voyons, le VIX chute de 6,7% à 13,54, on nage en pleines abysses, attention à une remontée potentiellement rapide. Le Nasdaq100 (NDX) en est à 8 semaines de hausse ininterrompue, ça ne s’était plus produit depuis le début 2019. On remarque aisément que ce rallye se propage à d’autres secteurs que la tech, un signe que les intervenants pensent pouvoir éviter un ralentissement majeur de la croissance économique, les intervenants du marché des actions oui, en revanche leurs grands frères obligataires ne semblent pas du tout partager cet avis, regardez le spread 2 / 10 ans sur la courbe US, qui évolue ce matin à -95 points et crie à qui veut l’entendre que la récession guette.

Tout cela est bien beau mais un de ces deux marchés a forcément tort. On a tendance à systématiquement pointer le doigt vers la cigale en chef: le joyeux royaume des actions. Dans un tel contexte, la meilleure chose à faire est probablement d’écouter les banques centrales en premier lieu, tout en observant attentivement les statistiques macro-économiques. À ce sujet, la semaine passée montre que la confiance et les dépenses des consommateurs ont augmenté aux Etats-Unis, malgré la forte progression du coût du crédit. Mardi passé le très attendu indice des prix à la consommation (CPI) confirme le ralentissement de l’inflation à 4,0% en variation annuelle, contre 4,9% en avril, c’est un pas dans la bonne direction et pas des moindres. Mais devinez qui pointe le bout de son nez crochu de père fouettard le lendemain soir? Le grand méchant Powell explique patiemment à des taureaux fulminant que le danger inflationniste n’a pas disparu et que la Réserve Fédérale des Etats-Unis va probablement relever ses taux encore deux fois (25 points de base à chaque occasion). Cerise sur le gâteau, Oncle Jay ajoute que les baisses de taux sont «years away». Et paf la débâcle des taureaux? Que nenni, on décide dans le corral de voir le verre à moitié plein et les indices d’atteindre des records historiques jeudi soir.

La Fed reste donc agressive, la BCE ne fait pas dans l’équivoque pour sa part, elle relève ses taux de 25 points de base à 4% et indique clairement que la période d’austérité monétaire n’est pas terminée. D’ailleurs la posture de Christine Lagarde et se collègues se reflète rapidement dans le marché des changes, avec une paire EUR/USD qui décolle et traite ce matin à 1,0931. Même phénomène observé sur la paire EUR/JPY, la monnaie japonaise s’affaiblit à son plus bas niveau en 15 ans, ce matin à 154,85.

Nous y voici donc, à cette croisée des chemins entre éternels optimistes et réalistes ennuyeux. Rappelons ici que, quel que soit le scénario et le sentiment des intervenants, à la fin de la partie c’est la Fed qui gagne. D’ailleurs certains de ses membres commencent à estimer que les taux réels (Fed Funds – CPI) devraient être proches de 100 points de base pour venir peser durablement sur l’inflation. Les actions s’en fichent royalement (été, fête de la musique, etc…) mais le rendement du 2 ans US en tient bien compte et continue à se rapprocher de ses sommets de mars (5,08%), ce matin à 4,71%. Et nous voici donc avec un marché des actions qui ronronne sans savoir vraiment pourquoi, une volatilité au tapis et un spread 2 / 10 ans US dans les abysses, qui nous dit  que la récession guette, good luck chers taureaux, les semaines à venir s’annoncent intéressantes.

Antony Blinken a rencontré le plus haut responsable de la politique étrangère de la Chine à Pékin, dans le cadre d'une mission de deux jours visant à rétablir les liens bilatéraux. Les entretiens avec Wang Yi font suite à des discussions «franches» entre le secrétaire d'État américain et son homologue Qin Gang hier. Le ton prudemment positif qui se dégage de ces rencontres – M. Blinken est le premier haut fonctionnaire américain à se rendre en Chine depuis cinq ans – renforce les attentes quant à sa rencontre avec Xi Jinping plus tard dans la journée.

Rishi Sunak est confronté à une semaine éprouvante, avec un vote parlementaire aujourd'hui sur son prédécesseur Boris Johnson qui menace d'alimenter les divisions au sein du parti Tory et la BOE qui devrait à nouveau relever ses taux jeudi. Au cours du week-end, un autre législateur conservateur a démissionné, ce qui pourrait donner lieu à une quatrième élection partielle, et une vidéo a été diffusée montrant des membres du personnel du parti conservateur organisant une fête en 2020 alors que des règles de confinement étaient en vigueur.

Selon les stratèges de Goldman, l'inflation aux États-Unis ne diminuera pas aussi rapidement que les marchés le prévoient actuellement. Les investisseurs pourraient supposer qu'un fort ralentissement de la croissance entraînera un relâchement plus rapide des pressions sur les prix, et ils ont tendance à être plus baissiers sur les prix de l'énergie que ne le laissent entendre les contrats à terme sur les matières premières. Ils ignorent également le potentiel d'une «inflation à retardement» dans des secteurs tels que les soins de santé.

Au menu macro-économique du jour, un seul indicateur, l'indice NAHB des prix immobiliers aux Etats-Unis à 16h00.

Intel va investir 25 milliards de dollars en Israël. Meta Platforms a dévoilé le modèle d'IA générative Voicebox. AstraZeneca envisage de se séparer de ses activités en Chine dans un contexte de tensions, selon le Financial Times. Roche obtient une autorisation de la FDA pour son anticancéreux Columvi. Selon le CEO d’UBS, la taille de la banque d’investissement de Credit Suisse pourrait être considérablement réduite.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo rend 1% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,18%, Shanghai perd 0,56% et Séoul se replie de 0,62%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en recul de 0,6%. C’est une journée très calme qui s’annonce sur les marchés, Wall Street restera fermée, les Etats-Unis commémorent la fin de l’esclavage. Les banques centrales restent à la manœuvre cette semaine avec notamment la Banque d’Angleterre, la BNS et la Banque de Norvège, qui devraient toutes trois relever leurs taux. Et pendant ce temps-là, en Turquie la Banque Centrale va également annoncer sa décision sur les taux, le «whisper number» évoque une hausse de 8% à 25%...

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