Gonet: l'actualité des marchés au 15 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,03%, S&P 500 -0,16%, Nasdaq -0,35%, Russell 2000 -0,22%, SOX -0,20%, Eurostoxx +0,19%, SMI +0,36%.

Wall Street me fait penser au coyote qui ne réalise pas qu’il court au-dessus du vide.

La semaine passée est marquée par une stagnation générale des principaux indices, de chaque côté de l’Atlantique. Le S&P500 (SPX) recule de 0,3%, le Nasdaq100 (NDX) grappille 0,6%, on garde en tête que la semaine boursière est sauvée par les mastodontes de la cote, sans qui le rouge eût sans conteste prédominé. En Europe, ce n’est guère plus excitant, l’indice Stoxx Europe 600 boucle sa quatrième semaine de suite en variant de moins de 0,5%, alors qu’à Paris, le CAC40 se replie (légèrement) pour la troisième semaine d’affilée, pénalisé par des désengagements dans Total Energies et dans le secteur du luxe. Quelques mauvais résultats de sociétés (cette saison, les investisseurs punissent sans retenue les ratés et récompensent plutôt chichement les succès), des inquiétudes persistantes sur les banques régionales américaines et le dossier du plafond de la dette des Etats-Unis empêchent le printemps de s’emparer franchement de la psyché générale, malgré une apparente décélération de l’inflation américaine et un marché des Fed Funds qui s’entête à prédire trois baisses de taux par la Fed dès cette fin d’année, ce que Jerome Powell et ses copains refusent de valider en l’état. Cela dit, comment les en blâmer, l’inflation évolue autour des 5% et leur objectif officiel reste 2%. À ce propos, une enquête préliminaire de l'Université du Michigan sur le moral des consommateurs pour le mois de mai révèle une baisse du moral et une augmentation des prévisions d'inflation à cinq ans, qui passent de 3,0% à 3,2%. Il s'agit de la valeur la plus élevée depuis 2011.

Vendredi les cadors de la tech décident de ne pas soutenir la cote, ce qui complique singulièrement la tâche des indices. Le SPX tente une nouvelle fois de casser le niveau de 4100 points à la baisse, sans succès, et clôture 24 points au-dessus. La macro du jour provoque une remontée des taux obligataires, le 2 ans US revient à 3,99%, le 10 ans évolue à 3,48%. Le dollar en profite aussi, qui revient à 1,0872 contre euro. Le pétrole recule du coup à 69,75 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or revient à 2018 dollars l’once. La séance du jour manque cruellement de conviction, voyez le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse), qui s’établit à 250 titres en baisse contre 246 en hausse. Côté secteurs, le podium du jour du SPX se compose des utilities, des biens de consommation de base et des services de communication. La consommation discrétionnaire souffre des replis d’Amazon (AMZN -1,7%) et Tesla (TSLA -2,4%). Les craintes d’un ralentissement de la croissance économique restent présentes dans les esprits.

Dans le dossier du financement du gouvernement américain, Joe Biden déclare que les négociations visant à éviter un défaut de paiement avancent (bravo!). Il rencontrera Kevin McCarthy et d'autres chefs de file du Congrès demain. Lael Brainard qualifie le ton des discussions de «sérieux» et de «constructif» (merveilleux!). Le 10 mai, le Trésor ne disposait plus que d'une marge de manœuvre de 88 milliards de dollars, contre environ 110 milliards de dollars une semaine plus tôt. Le FT pense qu’un accord ne sera pas conclu demain mais plutôt entre le 19 et le 21 mai.

Le destin politique de Recep Tayyip Erdogan est en suspens. Le président turc semble se diriger vers un second tour dans deux semaines, son avance dans les sondages d'hier s'étant réduite à 49,49%, selon la commission électorale, contre un peu moins de 45% pour Kemal Kilicdaroglu. M. Erdogan déclare qu'il pense toujours pouvoir l'emporter au premier tour. Le parti de M. Erdogan, l'Alliance populaire, est en passe de conserver sa majorité parlementaire, selon le premier décompte effectué par le radiodiffuseur public TRT.

«Le résultat de dimanche marque une énorme victoire pour Erdogan», déclare Emre Peker d'Eurasia Group. «Le président devrait profiter de sa forte cote de popularité, de sa victoire surprise au parlement et des avantages liés à son statut de président sortant pour assurer sa réélection lors du second tour».

Selon un sondage réalisé du 5 au 11 mai, la BCE maintiendra les taux d'intérêt à leur niveau maximal plus longtemps que prévu, car les pressions inflationnistes sous-jacentes persistent. La première baisse du taux de dépôt est désormais prévue pour le deuxième trimestre 2024, alors que les prévisions précédentes portaient sur la période janvier-mars. La BCE est dans «la dernière ligne droite» de son cycle de hausse des taux, déclare le vice-président Luis de Guindos au journal Il Sole 24 Ore.

En Chine, la PBOC (People Bank of China) injecte des liquidités dans le système financier pour le sixième mois afin de soutenir la croissance économique. Elle ajoute 25 milliards de yuans (3,6 milliards de dollars) via sa facilité de prêt à moyen terme, contrairement aux attentes qui prévoyaient une absence d'injection nette pour la première fois cette année. Elle maintient son taux d'intérêt MLF à un an inchangé à 2,75%, conformément aux prévisions. C’est là potentiellement une source de pression sur les indices, la Chine est-elle réellement de retour dans le grand concert de la croissance économique mondiale? On peut en douter, cela cale plutôt pas mal à l’allumage.

Les chefs des finances du G7, réunis à Niigata, décident de porter le soutien à l'Ukraine à 44 milliards de dollars, de créer un plan de diversification des chaînes d'approvisionnement et de combler les lacunes de la réglementation financière. Les chefs d'État se réuniront à Hiroshima du 19 au 21 mai. M. Biden déclare qu'il prévoit de participer à cette réunion malgré les négociations sur la dette, et le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud prévoient d'organiser un sommet tripartite en marge de la réunion.

Au menu macro-économique du jour, la production industrielle européenne de mars (11h00) et l'indice Empire Manufacturing américain de mai (14h30) sont programmés.

Axa vise un résultat opérationnel supérieur à 7,5 milliards d’euros en 2023, en ligne avec les objectifs initiaux. Le ratio de solvabilité est plus robuste que prévu. Siemens Energy revoit à la baisse ses perspectives de bénéfices en raison des difficultés du secteur éolien. Le secteur a l'air de rester infréquentable. Newmont va racheter Newcrest pour une valeur d'entreprise proche de 19 milliards de dollars, soit 0,4 Newmont pour 1 Newcrest. Les deux entreprises sont tombées d'accord. General Motors doit rappeler un grand nombre de véhicules à cause d'airbags défectueux. Rheinmetall fonde une coentreprise avec un groupe d'armement ukrainien.

Jacques Chirac nous l’avait conseillé, l’avons-nous écouté? «Mangez des pommes» scandait-il via son organe de propagande officieux, une des plus belles marionnettes des guignols de l’info. Bon, tout cela pour vous dire qu’Apple pèse désormais plus lourd à elle seule en bourse que les 2'000 membres de l’indice Russell2000 réunis!

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 0,81% à la cloche, Hong Kong avance de 2,10%, Shanghai gagne 1,08% et Séoul grappille 0,16%. Le future SPX récupère 10 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,4%. Cette semaine, pas moins de 14 discours de membres de la Fed seront donnés, à suivre de près, le destin à court terme des indices est intimement lié à la Fed et ses actions futures.

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