Gonet: l'actualité des marchés au 16 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,14%, S&P 500 +0,30%, Nasdaq +0,66%, Russell 2000 +1,19%, SOX +2,68%, Eurostoxx -0,03%, SMI +0,12%.

Wall Street débute sa semaine du bon pied et dans le calme. Les médias se concentrent sur le dossier du plafond de la dette américaine, qui n’avance pas d’un iota. Les banques régionales semblent aller mieux, l’ETF KRE progresse de 3,2%, tandis que les statistiques macro-économiques ne rassurent pas quant à l’état réel de santé de l’économie américaine. Rien de bien nouveau sous le soleil du flux de nouvelles financières, et le marché de focaliser sur la Fed et ses gouverneurs, qui parlent et vont se prêter à cet exercice tout au long de cette semaine. Ça commence fort hier avec 4 discours. Autan Goolsbee de la Fed de Chicago (vote au FOMC) déclare que la hausse des taux de mai a été pour lui une décision compliquée. Il ajoute que l’impact des hausses de taux n’est pas encore visible, même si la Fed continuera à surveiller les données avant le mois de juin. Il indique enfin qu’il voit l’inflation s’améliorer, mais pas si rapidement et continue à souligner les tensions bancaires, déclarant qu’il ne s’agit pas de 2008, bien qu’il ne pense pas que l’impact des turbulences bancaires sur le PIB soit mineur. Raphael Bostic d’Atlanta (ne vote pas au FOMC) déclare qu’il ne prévoit pas de réduction des taux cette année, même en cas de récession, et qu’il préfère augmenter les taux plutôt que de les réduire. Neel  Kashkari (vote au FOMC), de Minneapolis, avertit également que la Fed ne devrait pas se laisser berner par quelques mois de données positives et que l’inflation reste beaucoup trop élevée. Il ajoute que le marché du travail n’est plus aussi dynamique qu’il y a neuf mois, mais qu’il reste solide. Thomas Barkin de Richmond (ne vote pas au FOMC) déclare que si l’inflation persiste ou s’accélère, il n’y a pas d’obstacle dans son esprit à de nouvelles hausses. Il ajoute qu’une approche stable de la Fed réduirait les dommages d’une correction excessive.

La première salve de discours est donc passée. Les colombes et les taureaux ne peuvent qu’être frustrés, la Fed n’entrouvre pas la porte à un début de cycle de baisses de taux dans un futur proche, même si la macro semble indiquer un ralentissement économique en vue, l’inflation reste trop élevée pour cela, 5% c’est nettement plus que l’objectif de 2% et certains membres nous rappellent au passage que l’objectif principal de la Réserve Fédérale des Etats-Unis est d’assurer la stabilité des prix. Le tsunami de discours se poursuit aujourd’hui (Mester, Barr, Williams, Goolsbee – rebelote, Logan). Le point d’orgue de la semaine est prévu pour vendredi, Jerome Powell et Christine Lagarde seront de sortie.

L’indice S&P500 (SPX) évolue dans une fourchette étroite de 30 points hier, dans des volumes d’échanges faméliques. Notons que les principaux indices parviennent à terminer leur séance au plus haut du jour, portés par quelques couvertures de position short. Les grosses capitalisations de la tech n’aident pas vraiment le marché, hormis Meta, qui gagne 2,2% après avoir été relevée à «acheter» chez Loop Capital. Le podium du jour du SPX se compose des materials, des financières et de la tech, Le secteur de la vente au détail est à suivre cette semaine, nous aurons droit à quelques statistiques macro et aux résultats notamment de Target (TGT) et Walmart (WMT). Le dollar reste plutôt fort, la paire EUR/USD traite à 1,0883, le pétrole retrouve une certaine vigueur, le baril de WTI Light Crude remonte à 70,90 dollars, on apprend que les États-Unis achèteront 3 millions de barils de pétrole en août  pour reconstituer leurs réserves. L’or est figé légèrement au-dessus de 2’000 dollars l’once. Côté volatilité, le VIX ne bouge guère, il se maintient autour de 17, un niveau faible, son risque de bouger à la hausse est nettement plus élevé que celui d’un repli. Son grand-frère obligataire le MOVE remonte de 6% hier, il clôture à 127,89 et ne parvient décidément pas à revenir dans la zone 75 – 90, où évoluent ses moyennes mobiles. Les rendements obligataires restent stables, le 2 ans US traite ce matin à 3,96%, le 10 ans évolue à 3,46%.

Les titres des banques régionales passent une bonne journée, agissant comme une source de soutien pour le marché dans son ensemble. L’ETF S&P Regional Banking (KRE+3,2%) et le secteur financier S&P 500 +0,8% clôturent en tête du classement. La vigueur des valeurs bancaires régionales, ainsi que de l’énergie, permettent à l’indice Russell 2000 de surpasser ses pairs avec un gain de 1,2%.

Certaines fusions-acquisitions assorties de valorisations élevées apportent un soutien supplémentaire à l’ensemble du marché. Newmont (NEM +2,5%) prévoit d’acquérir Newcrest pour environ 19 milliards de dollars dans le cadre d’une transaction en espèces et en actions, et Oneok (OKE -9,1%) prévoit d’acquérir Magellan Midstream Partners (MMP +13,0%) pour environ 18,8 milliards de dollars, y compris la dette assumée. On apprend aussi hier que les régulateurs de l’UE approuvent l’acquisition d’Activision (ATVI +1,2%) par Microsoft (MSFT +0,2%). Rappelons ceci dit que le Royaume-Uni s’y est opposé le mois passé et que l’antitrust américain ne s’est pas encore prononcé à ce sujet.

Les statistiques macro-économiques d’hier se limitent à l’enquête Empire State Manufacturing de la Fed de New York pour le mois de mai, qui plonge à -31,8 (consensus -1,8) par rapport à 10,8 en avril. La ligne de démarcation entre l’expansion et la contraction pour cette enquête est de 0,0. L’élément clé est que l’indice des nouvelles commandes chute de 53 points à -28,0, soulignant une forte baisse de la demande en mai. Je note par ailleurs que l’indice des surprises économiques de Citi, considéré par beaucoup comme un indicateur avancé, passe dans le rouge et recule sans cesse depuis 7 semaines.

Les titans de l’investissement Stanley Druckenmiller et David Tepper ont fait le plein d’actions liées à l’IA, comme le montrent leurs dernières déclarations 13F. Le Duquesne Family Office de Druckenmiller a augmenté sa participation dans Nvidia et a ajouté une nouvelle position dans Microsoft. Appaloosa de Tepper a acheté de nouvelles actions de Nvidia et de l’ETF Ark Innovation de Cathie Wood. Third Point de Daniel Loeb a pris de nouvelles positions dans Alphabet, Alibaba et AMD.

Kevin McCarthy ne se montre pas optimiste quant aux négociations sur le plafond de la dette avant sa rencontre avec Joe Biden aujourd’hui. Il déclare  que les négociations sur le plafond de la dette sont loin d’être terminées et que les réunions du personnel n’ont pas été productives. L’un des principaux sujets de discorde est l’ajout d’exigences en matière de travail pour les allocations de lutte contre la pauvreté. Janet Yellen prévient que les États-Unis en paient déjà le prix: «Nous avons déjà vu les coûts d’emprunt du Trésor augmenter considérablement pour les titres arrivant à échéance au début du mois de juin».

Au menu macro-économique du jour, après l’indice allemand ZEW de confiance des milieux financiers (11h), place à une batterie de statistiques américaines: ventes de détail (14h30), production industrielle (15h15), stocks des entreprises et indice NAHB des prix immobiliers (16h00). Ce matin, la production industrielle chinoise d’avril a lourdement déçu, avec un rebond de 5,6% sur un an, moitié moins que prévu. Le rebond des ventes de détail est impressionnant à cause d’une base de comparaison aisée, mais il ressort à 18,4% contre 21,9% attendu.

Alcon: UBS reste à l’achat avec un objectif de cours relevé de 83,80 à 84,40 francs. Sika: Goldman Sachs reste à l’achat avec un objectif de cours relevé de 318 à 323 francs. Danone émet 800 millions d’euros d’obligations 8 ans à 3,74%. Sonova: les résultats annuels sont un peu courts par rapport aux attentes et les prévisions sont prudentes pour l’exercice en cours (croissance de 3 à 7% et hausse de 6 à 10% de l’Ebitda ajusté). L’UE approuve l’opération de Microsoft sur Activision Blizzard. Le Royaume-Uni l’avait retoquée dernièrement. Pour autant, l’UE aurait le service cloud de Microsoft dans le collimateur. Berkshire Hathaway prend position dans Capital One, sort de BNY Mellon et fait toujours confiance à Apple et Bank of America. Wells Fargo va payer 1 milliard de dollars pour mettre fin à une class action la visant, selon le Wall Street Journal. Ford va réduire ses investissements en Chine à cause de la concurrence des constructeurs locaux dans le véhicule électrique. Eni place 2 milliards d’euros d’obligations à taux fixe.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 0,73% à la cloche, Hong Kong recule de 0,22%, Shanghai perd 0,69% et Séoul grappille 0,04%. Le future SPX rend 9 points et l’Europe ouvre en léger repli.

Arrêtons-nous un instant sur le Japon, ce marché honnis par le plus grand nombre durant tant de décennies. L’air de rien, les actions japonaises ont désormais retrouvé leur niveau d’août 1990, grâce à un rallye mené par les investisseurs étrangers. Les acheteurs sont notamment revenus dans ce marché en raison des améliorations potentielles de la gouvernance d’entreprise, d’un retour à l’inflation des salaires et de la stabilité perçue du marché par rapport aux actions chinoises influencées par la géopolitique. La récente vague d’achats a porté  l’indice Topix à un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis le lendemain de la bulle boursière de la fin des années 1980. Depuis le début de l’année, le Nikkei225 progresse de 14,37%, tandis que l’indice élargi TOPIX gagne 12,45%. Je note au passage que le rendement actuel du dividende du Nikkei est de 2,04%, contre 1,67% au SPX, tandis que le rapport cours/bénéfice estimés s’élève à 15,72, respectivement 17,08.

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