Gonet: l'actualité des marchés au 1er mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow -1,50%, S&P 500 -0,48%, Nasdaq +0,56%, Russell 2000 +0,04%, SOX +2,28%, Eurostoxx -1,33%, SMI -1,28%.

Wall Street termine sa semaine et son mois fatiguée. La poussée de fièvre du rendement de l’emprunt US à 10 ans jeudi a marqué les esprits. Tel un coup de semonce, le bref passage à 1,6085% a secoué plus d’un intervenant. Une clôture faible vendredi donc, avec les indices qui glissent en toute fin de séance. On observe un regain d’intérêt pour les valeurs technologiques et notamment les semi-conducteurs. Appelez ceci de la chasse aux bonnes affaires, le marché semble toujours capable d’appuyer sur le bouton «buy the dip». Le marché, qui semble finalement prêter l’oreille aux multiples déclarations des membres de la Fed, qui ne cessent de marteler que le resserrement monétaire n’est pas pour demain. Ce weekend, un consensus se forme autour de l’idée que les attentes de hausses de taux sont trop agressives, et le 10 ans US de traiter à 1,40% ce matin, vendredi soir il était déjà en mode «repli». Rappelons au passage que le rendement du dividende de l’indice S&P500 (SPX) se situe à 1,52%, le repli du 10 ans a donc cet effet calmant sur les ours les plus convaincus, et le future SPX de gagner 1% ce lundi matin premier mars. Ceci dit restons attentifs, la volatilité a décollé la semaine passée, le VIX traite à près de 28 et le Move Index n’a cessé de grimper également, qui nous indique que le marché s’attend toujours à des taux plus hauts. Parlons donc d’une séance d’accalmie sur les taux vendredi donc, accalmie certes bienvenue, mais à suivre de très près.

Sinon la semaine passée confirme l’appétit actuel des investisseurs pour les valeurs financières et de l’énergie, la répudiation temporaire des grosses capitalisations technologiques et l’attrait prolongé des petites capitalisations. Le pétrole reste bien orienté, le baril de WTI Light Crude traite à 62,69 dollars, l’or a cassé son support de 1764 dollars par once la semaine passée mais tente un rebond ce matin, à 1755 dollars, probablement aidé par le repli des taux US. Le dollar est stable ce matin, après avoir rebondi vendredi, la paire eur/usd à 1,2086.

La semaine passée ayant été rouge pour les indices d’actions, on se gratte pas mal la tête ce matin dans les salles de marchés. D'un point de vue fondamental, peu de choses ont changé, la saison des résultats de sociétés est presque terminée sans grandes surprises, les taux d'intérêt sont au plus bas depuis des années, les efforts de lutte contre la pandémie, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne, semblent porter leurs fruits. D'un point de vue technique, le SPX conserve une tendance haussière alors que le Nasdaq semble sur le point de casser la sienne. La direction que les marchés prendront ces prochaines séances sera probablement dictée par l’évolution des taux obligataires.

Revenons à ces fameux taux: séance d’accalmie sur les principaux taux souverains vendredi, notamment ceux à 10 ans (Etats-Unis: 1,40%, après avoir atteint 1,60% hier en fin de journée jeudi; Allemagne: -3 pb à -0,26%; France: -4 pb à -0,01%), des mouvements insuffisants pour desserrer sensiblement l’étau sur les indices iTraxx (encore + 2 pb pour l’indice Crossover vendredi). Pourtant, les banquiers centraux continuent d’activer une communication vigoureuse pour tenter de convaincre qu’ils ne resteront pas sans agir et maintiendront des conditions de financement favorables. Ceci a même donné lieu vendredi à une prise de parole musclée du gouverneur de la banque de Grèce, I. Stournaras, appelant explicitement à un renforcement des achats d’actifs de la BCE. Cette option a d’ailleurs d’ores et déjà été mise en oeuvre / annoncée, dans la nuit, par les banques centrales d’Australie d’une part, et de Corée du Sud d’autre part, avec également un effet très limité sur les taux souverains; Ces éléments confirment que les banques centrales ne pourront que s’évertuer à contenir une tendance de fond qui pourrait bien rester haussière pour les taux souverains, avec une accalmie due aussi à l’atteinte jeudi et vendredi de seuils techniques importants (à 1,50% sur le taux souverain américain à 10 ans notamment), et à des données d’inflation en Europe vendredi qui confirmaient que cette dernière peine à rebondir. Il sera crucial de surveiller la capacité des grandes banques centrales à contenir ces mouvements et à assurer des conditions de financement encore longtemps très favorables.

La Grande-Bretagne a détecté six cas du variant brésilien, les autorités avertissent qu’il pourrait être plus résistant aux vaccins. La France signale moins de cas et l'Afrique du Sud assouplit certaines restrictions. Le vaccin en une seule injection de Johnson & Johnson a été autorisé pour les adultes aux États-Unis, où les décès sont moins nombreux. L'administration Biden va commencer à distribuer près de 4 millions de doses de ce vaccin. Anthony Fauci a recommandé de se faire vacciner plus tôt et de ne pas acheter une marque en particulier.

Cette première semaine du mois de mars, les investisseurs vont notamment se pencher sur le marché du pétrole, l’OPEP+ tient une réunion jeudi pour discuter des quotas de production. Les traders en obligations ont probablement annulé leurs vacances et seront sur le pont, ça devrait être très actif sur ce segment. Au chapitre des résultats de sociétés, la saison est faite mais il reste quelques noms à suivre, notamment dans le secteur de la consommation (Target et Costco). On tremble de tout son corps chez Intel, AMD pourrait annoncer une nouvelle puce. Et vendredi sera publié le très important rapport sur l’emploi, aux Etats-Unis.

Les indices PMI manufacturiers définitifs de mars seront publiés tout au long de la journée pour les principales économies mondiales. Il faudra aussi suivre l'inflation allemande de février (14h00) et l'ISM manufacturier aux Etats-Unis (16h00). Deux allocutions de membres de la Fed sont programmées en milieu d'après-midi, ainsi qu'un discours de Christine Lagarde lors d'un événement en Allemagne (autour de 17h00). Le PMI manufacturier officiel chinois reste en zone d'expansion mais réduit sa dynamique à 50,6.

Les résultats de Berkshire Hathaway dépassent les attentes au quatrième trimestre. Logitech relève ses objectifs 2020/2021, un exercice exceptionnel, et communiqué ses anticipations pour le suivant et le moyen terme. Deutsche Bank encore mise en cause dans une affaire obscure, cette fois sur des dérivés de change en Espagne. En Mongolie, Rio Tinto et les autorités conviennent de revoir les termes d'un projet minier géant de 7 milliards de dollars. McDonald's envisage de vendre une partie de Dynamic Yield, selon le Wall Street journal. Julius Baer lance un nouveau programme de rachat d'actions. Selon Bloomberg, Robinhood a prévu de déposer un dossier d'IPO en mars.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le vert. Tokyo gagne 2,41% à la cloche, Hong Kong progresse de 1,65%, Shanghai de 1,21% et Séoul est fermée. Le future SPX gagne 39 points et l’Europe est indiquée en hausse d’environ 1% à l’ouverture de 9 heures. Le repli des taux obligataires est passé par là.

A lire aussi...