Gonet: l'actualité des marchés au 18 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,58%, Dow +0,29%, SPX -0,03%, Russell -0,74%, SOX +1,87%, Eurostoxx -0,71%, SMI -0,90%.

Wall Street serait-elle sur la réserve? Le moteur haussier semble moins ronronner qu’il y a peu, dans un horizon boursier qui parait ceci dit se dégager un peu plus chaque jour. Les marchés ne sont jamais satisfaits, hier les intervenants prennent connaissance avec force retenue des excellentes statistiques économiques du jour aux Etats-Unis. À leur lecture, on constate que l’allégement des restrictions sanitaires sur le territoire et le versement des aides liées aux mesures de relance validées fin décembre ont eu un impact positif sur la consommation, avec des ventes au détail qui rebondissent largement au-dessus des attentes en janvier (+7,4% en glissement annuel contre +2,5% en décembre). La production industrielle continue quant à elle de s’améliorer (-1,8% en janvier vs -3,2% en décembre) tirée par la demande domestique. Ces éléments rappellent le rôle clé de la validation d’un nouveau plan de relance afin d’alimenter le rebond de la croissance et de l’inflation cette année. Notons à ce titre la forte hausse des prix à la production en janvier (+1,7% en glissement annuel vs +0,8% en décembre), confirmant la hausse à venir de l’inflation au cours des prochains mois. Et c’est là que tout un chacun se met à transpirer dans les salles de marchés. Comment? l’inflation ferait son retour? mais alors cela implique-t-il que la Fed réduise progressivement l’intensité du tsunami de liquidités dont les intervenants se gavent depuis… 2009? Et bien oui mon bon monsieur, le mandat de la Fed consiste certes à soutenir la croissance, mais aussi à assurer la stabilité des prix. Tout le monde le sait, c’est juste que personne ne veut l’entendre. Mais rassurons-nous, la Fed continue de murmurer à l’oreille des taureaux que le moment tant redouté du «tapering» n’est pas pour demain, comme l’illustrent les propos d’hier de messieurs Rosengren et Barkin.

Quoi qu’il en soit, le marché, en mode binaire comme à son habitude, considère que «good is bad», les statistiques macro d’hier sont donc mauvaises et on assiste à un gros trou d’air juste après les chiffres, 15’000 contrats futures EMinis S&P étant vendus quasiment d’un coup, ce qui fait une jolie somme. Mais comme le marché est aussi en mode «acheter la faiblesse», tout cela rentre rapidement dans l’ordre, on se satisfait par ailleurs des minutes de la dernière réunion de la Fed, publiées à 20h (j’y reviens). Et les indices de clôturer quasiment au plus haut de la journée et nettement au-dessus des bas de la séance. Le Dow Jones réalise un nouveau record historique à la cloche, porté par Verizon (VZ +5,2%) et Chevron (CVX +3%). C’est incroyable comme le hasard fait bien les choses, il se trouve que ces deux firmes sont justement celles que Berkshire Hathaway a récemment ajoutées à son portefeuille, sacré Warren…L’indice S&P500 (SPX) vient tester les 3900 points en séance et rebondit de là, le Russell2000 (RTY) sous-performe mais récupère une partie de ses pertes à la cloche, il fait l’objet de prises de bénéfices. Les volumes d’échanges reculent, à 14,3 milliards de titres traités sur le NYSE.

Côté volatilité, le VIX fait du surplace et traite à 21,50. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans grimpe à 1,33% après la publication des statistiques macro, pour revenir à 1,27% ce matin. Le pétrole grimpe à 61,54 dollars le baril de WTI Light Crude, c’est la catastrophe au Texas ou le gel force de nombreux producteurs à cesser leur activité. L’or est sous pression mais tient son support de 1764 dollars par once pour le moment, cours actuel 1782 dollars. Le dollar profite des statistiques économiques, la paire eur/usd à 1,2046.

Un indice attire l’attention, que peu regardent en temps normal: le Move Index. En résumé, cet indice est le pendant du VIX pour le marché obligataire. Lorsque les intervenants anticipent une hausse des taux obligataires, le Move Index monte. Et donc il a grimpé de 20% ces deux derniers jours. La question d’une hausse des taux se pose surtout aux Etats-Unis, avec un secteur de la technologie très sensible au niveau des taux d’intérêt et qui affiche des valorisations relativement élevées, ce qui se reflète d’ailleurs dans sa sous-performance notable hier.

L’inflation ne devrait pas atteindre l’objectif moyen de 2% visée par la Réserve fédérale au moins jusqu’à fin 2022, déclare donc Eric Rosengren, le président de la Fed de Boston, la Fed ne s’inquiétant guère d’une remontée rapide des prix liée à une diminution de la virulence de la pandémie. Dans les prochains mois, «nous allons assister à une certaine reprise de l’inflation», indique Monsieur Rosengren lors d’un symposium en ligne organisé par l’Université du New Hampshire. «Les prix alimentaires et de l’énergie pourraient augmenter car certains secteurs de l’économie sont confrontés à des pénuries. Mais ce que nous voulons vraiment pour l’inflation, c’est que son taux se maintienne à un niveau soutenu de 2%. Je ne pense pas que nous verrons cela cette année. Je serais surpris que nous le voyions avant la fin de l’année prochaine», ajoute-t-il. Les commentaires d’Eric Rosengren confirment la volonté de la Fed de maintenir des conditions financières accommodantes jusqu’à ce que le marché de l’emploi américain s’améliore et que l’inflation annuelle atteigne l’objectif visé.

La crise de l’électricité dans le centre des États-Unis s’aggrave alors que le froid persiste. La réduction estimée de la production pétrolière américaine est passée à environ 40% et Trafigura affirme que le marché sous-estime le montant réel perdu. Le Texas a interdit aux compagnies de gaz naturel d’exporter le carburant à travers les frontières de l’État jusqu’au 21 février. Cheniere a réduit sa consommation de gaz, Cargill a interrompu certaines opérations et Plains All American a déclaré un cas de force majeure

Les responsables de la Fed ont convenu lors de leur dernière réunion politique qu’ils devront maintenir des taux d’intérêt très bas et continuer à acheter des obligations au même rythme pendant «un certain temps», comme le montre le procès-verbal du dernier FOMC. Les opérateurs du marché monétaire parient que le rebond économique post-pandémique finira par définir ce délai comme étant d’environ deux ans. Le marché des swaps affiche maintenant près de 40 points de base de hausse d’ici la fin de 2023, et 100 points de base au début de 2025.

Les États-Unis font appel à Taïwan pour les aider à résoudre le problème de la pénurie de puces du secteur des automobiles. Le principal conseiller économique de Joe Biden, Brian Deese, a écrit au gouvernement taïwanais pour lui faire part des préoccupations des entreprises automobiles américaines. L’administration Biden s’engage également avec d’autres alliés mondiaux alors que l’industrie automobile s’appuie sur la Maison Blanche pour faire pression sur les fabricants de puces étrangers et leurs gouvernements afin qu’ils allouent des fournitures aux États-Unis.   

L’indice des prix à la consommation dans l’UE en janvier (11h00) précèdera plusieurs statistiques aux Etats-Unis à 14h30: l’indice Philly Fed de février, les inscriptions hebdomadaires au chômage et les mises en chantier & permis de construire de janvier. Les stocks pétroliers clôtureront l’agenda «macro» à 17h00.

Les résultats trimestriels de Baidu sont légèrement supérieurs aux attentes et les prévisions du premier trimestre sont un peu meilleures que prévu. Le bénéfice net de Crédit Suisse a reculé de 22% à 2,7 milliards de francs. Le dividende proposé est en hausse à 0,2926 francs. Daimler s’attend à des résultats 2021 «significativement» au-dessus de ceux de 2020. Nestlé a publié des résultats proches des attentes en 2020, notamment une croissance organique de 3,6%. Cette année, l’entreprise vise une hausse continue de sa croissance organique «à un chiffre». Royal Dutch Shell scelle la vente de ses actifs canadiens dans le schiste à Crescent Point Energy pour 707 millions de dollars. ThyssenKrupp met fin à ses discussions avec Liberty Steel. General Motors contraint de geler certaines opérations au Mexique à cause de la pénurie de gaz naturel. Facebook bloque les médias en Australie en réponse à la nouvelle réglementation dans le pays.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, à l’exception de Shanghai, qui est enfin de retour et progresse de 0,55%. Tokyo abandonne 0,19% à la cloche, Hong Kong recule de 1,28% et Séoul perd 1,50%. Le future SPX glisse de 12 points et l’Europe est indiquée proche de l’équilibre à l’ouverture de 9 heures.

La très bonne nouvelle de la séance d’hier, c’est que l’on se remet à sérieusement regarder les statistiques macro-économiques, un pas de plus vers un retour à une certaine forme de normalité?

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