Les sceptiques aboient, la caravane Wall Street passe. Le débat visant à définir la nature du rebond des actions depuis la mi-juin semble avoir encore de beaux jours devant lui. Sommes-nous dans un «bear market rally» ou un nouveau «bull market» a-t-il vu le jour le 17 juin? Regardons tout d’abord du côté des médias. Selon une base de exhaustive de l’agence Bloomberg sur les médias mondiaux, le nombre d’articles de presse mentionnant un «bear market rally» a atteint un record en juin. Même après que l’indice S&P500 (SPX) ait récupéré plus de 10%, le soupçon d’une telle «fake» hausse n’a pas beaucoup diminué. Les mentions de «nouveau bull market» reprennent, mais restent nettement moins nombreuses. On constate donc qu’un scepticisme certain prévaut quant à la nature de ce rebond du SPX qui, et c’est là un fait, a désormais retracé plus de 50% de sa baisse. Or, selon sentimentrader.com, historiquement lorsque le SPX a retracé 43% et plus d’un bear market, il s’agit toujours d’un retour en bull market à une exception près (2001). Ceci ne suffit pas à décréter que la fête des ours est terminée, mais il est bien souvent instructif de regarder le comportement passé des indices.

Vendredi, les nouvelles sont plutôt rares mais le SPX termine sa semaine sur une note solide, dans des volumes d’échanges peu soutenus et un calme croissant, l’indice VIX (volatilité du SPX) perdant 3,3% supplémentaires à 19,53, rappelons que son principal support se situe à 15. Le marché digère encore la statistique encourageante des prix à la consommation aux Etats-Unis qui, même s’ils se maintiennent à un niveau insoutenable à terme, semblent avoir entamé une décrue tant espérée  par les taureaux du monde entier. Le débat brièvement abordé au premier paragraphe est également de la partie, le SPX n’en a cure et boucle sa quatrième semaine consécutive de hausse, on n’avait plus vu cela depuis novembre. Techniquement, les shorts commencent à transpirer ferme et cela n’est pas dû à la canicule. Les moyennes mobiles à 50 et 100 jours semblent bien loin dans le rétroviseur, le SPX regarde désormais sa 200 jours de plus près (4328 points contre une clôture à 4280 vendredi). Il progresse de 3,3% sur la semaine, le Nasdaq avance de 3,1% et le Dow Jones de 2,9%. Si l’on tient compte des gains de la semaine dernière, le SPX, le Nasdaq et le DOW sont en hausse de 17,7%, 23,5% et 13,7%, respectivement, depuis leur plancher de la mi-juin. Ça nous met donc un indice Nasdaq officiellement en «bull market», ce qui ne veut franchement pas dire grand-chose, c’est juste pour embêter les ours que je le mentionne.

Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire, de la technologie et des services de communication. L’énergie est le vilain petit canard tout relatif du jour, le secteur ne progresse «que» de 0,8%, ce qui vous permet de conclure que les 11 secteurs de l’indice terminent leur séance dans le vert. Notons que les mastodontes de Wall Street participent à la fête, l’ETF Mega Cap Growth progresse de 2%, tout comme le Russell 2000, on achète donc de tout vendredi downtown Manhattan, ce qui ne constitue pas vraiment une nouvelle porteuse d’espoir pour les baissiers de tous bords.

Au pays de Mordor royaume des obligations, on ne change pas son fusil d’épaule, la courbe des taux US 2 à 10 ans revient à -40 points de base, ce marché-ci nous dit que l’orage menace et c’est là un motif d’espoir pour les ours, on sait combien le marché des obligations et bien souvent plus mature que son petit frère des actions. Il est indéniable que les récentes statistiques économiques sont encourageantes (US ISM, rapport sur l’emploi, prix à la consommation et à la production). Il faut cependant admettre qu’une partie non négligeable du rebond vient des valeurs qui ont fait chuter le marché au premier semestre. Les actions dites «meme» telles que AMC Entertainment et Bed Bath & Beyond ont grimpé de 107% et 111% depuis le 17 juin. Les actions de sociétés liées aux crypto-monnaies, telles que Coinbase et les ETFs à triple effet de levier qui répliquent la performance du Nasdaq Composite ont également grimpé en flèche. L’inflation restant proche de son plus haut niveau depuis plusieurs années, certains investisseurs craignent que des parties du marché ne subissent une nouvelle chute brutale, surtout si la Fed doit relever les taux d’intérêt plus longtemps que prévu.

Les rendements obligataires en Chine reculent après que la banque centrale a réduit de manière inattendue ses taux d’intérêt directeurs. La PBOC abaisse de 10 points de base le taux des prêts à un an, à 2,75%, et le taux des prises en pension à sept jours, à 2%. Ces mesures interviennent juste avant la publication de données économiques plus faibles que le consensus. La croissance de la production industrielle ralentit à 3,8%, contre des estimations de 4,3%. Les ventes au détail augmentent à un rythme plus lent que prévu de 2,7%.

Une délégation du Congrès américain a atterri à Taipei et rencontrera la présidente Tsai Ing-wen et d’autres hauts fonctionnaires pour discuter des questions de sécurité régionale et de chaîne d’approvisionnement. Ce voyage, qui intervient deux semaines seulement après la visite de Nancy Pelosi, pourrait compliquer les projets de rencontre entre Xi Jinping et Joe Biden en novembre, selon le Washington Post. La Maison-Blanche prévoit également de dévoiler les détails des négociations commerciales avec Taïwan.

Les dirigeants de la commission sénatoriale du renseignement adressent une demande bipartisane au gouvernement américain pour obtenir les documents classifiés que le FBI a saisis lors de sa perquisition au domicile de Donald Trump en Floride. Les démocrates de la Chambre des représentants demandent au directeur du renseignement national une «évaluation des dommages» après que le FBI a saisi des documents hautement confidentiels dans la propriété de Donald Trump en Floride dans le cadre d’une enquête sur d’éventuelles violations de la loi sur l’espionnage.

Cette semaine, les investisseurs auront un bon aperçu des tendances du marché du logement avec la publication de l’indice NAHB du marché du logement, des permis de construire, des mises en chantier et des ventes de logements existants, ainsi que les rapports sur les bénéfices de Home Depot (HD) et Lowe’s (LOW). Mais ce sont les ventes au détail de mercredi qui retiendront probablement le plus l’attention des intervenants, on souhaite savoir comment se porte le consommateur, lui qui contribue à raison de 68% de la croissance aux Etats-Unis. Le calendrier des résultats de sociétés comprend également les rapports sur les bénéfices de Target (TGT), Walmart (WMT) et Macy’s (M).

L’indice Empire Manufacturing d’août (14h30) et le dernier indice des prix immobilier de la NAHB (16h30) sont les deux statistiques américaines à suivre aujourd’hui. Ce matin, le Japon a fait état d’une croissance du deuxième trimestre inférieure aux attentes (+2,2% contre +2,6% attendus sur un an).

Richemont: Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 299 à 324 francs. EssilorLuxottica: Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 192 à 198 euros. Hermès International: Bernstein reste la performance de marché avec un objectif de cours relevé de 1180 à 1303 euros. Kering: Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 645 à 689 euros. LVMH: Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 781 à 811 euros. Moncler: Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 54 à 61 euros. Vontobel: Julius Baer reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 87 à 68 francs. Zurich Insurance: Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 470 à 450 francs. Saudi Aramco dégage un bénéfice net record à 48,4 milliards de dollars au deuxième trimestre. Echec pour Novartis avec canakinumab contre le cancer du poumon. Facebook (Meta Platforms) s’allie à DoorDash pour les livraisons de sa «Marketplace».

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 1,14% à la cloche et passe en territoire positif sur l’année. Hong Kong et Shanghai reculent de 0,50% et 0,08% tandis que Séoul progresse de 0,16%. Le future SPX rend 10 points et l’Europe ouvre en progression de 0,3%. Le dollar résiste face à l’euro, la paire évolue à 1,0234, le pétrole ne parvient pas à sortir de sa tendance baissière, le baril de WTI Light Crude évolue à 91,30 dollars. L’or se maintient légèrement en-dessous des 1800 dollars par once.