Gonet: l'actualité des marchés au 18 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,25%, SPX +0,39%, Nasdaq +0,79%, Russell 2000 +1,57%, Eurostoxx +0,38%, SMI +0,37%.

Wall Street termine mieux la semaine qu’elle ne l’avait débutée. Les principaux indices (S&P500 – SPX, Dow Jones -INDU et Nasdaq100 – NDX) terminent leur journée au plus haut de la séance, ou presque. C’est leur petit frère le Russell2000 (RTY) qui leur montre la voie. Vendredi, le marché résiste aux statistiques économiques déplorables et au pourrissement des relations sino-américaines. La séance est marquée par une batterie de statistiques économiques particulièrement vilaines aux Etats-Unis, à commencer par un plongeon de 16,4% des ventes au détail en avril par rapport à mars. Le consensus s'attendait à une baisse un peu moins forte, de l'ordre de 12%. La production industrielle américaine a chuté en avril et l'indice manufacturier «Empire State» de la Fed de New York reste faible. Le seul indicateur comportant un timide rayon de soleil concerne le sentiment des consommateurs qui résiste mieux que prévu, sans doute sous l'effet de la levée progressive des mesures de confinement dans certains Etats. Le marché respire quelque peu après cette publication, la consommation des ménages étant un élément crucial de l'économie américaine. Les tensions commerciales continuent d'empoisonner le climat, les Etats-Unis visant une nouvelle fois l'équipementier télécoms chinois Huawei.

Au chapitre des secteurs, le marché semble avoir repris ses anciennes habitudes et recherche les valeurs dites de croissance/momentum. On assiste à des couvertures de positions shorts (vendues à découvert) dans l’énergie et les materials. Les financières rendent les gains de jeudi, pénalisées notamment par Schwab (SCHW -2,5%), Goldman Sachs (GS -1,5%) et Morgan Stanley (MS -1,4%). Les FANGs donnent un coup de pouce au marché avec Netflix qui progresse de 3%, Facebook qui gagne 2% et Alphabet qui s’adjuge 1%... pour en rendre le double après la cloche, le Département de la Justice (DoJ) américain ayant lancé une enquête contre le géant du web pour s’assurer qu’il respecte les règles de la concurrence. Les semi-conducteurs boudent la fête, l’indice SOX recule de 2,2%, la volonté de la Maison-Blanche de «casser» Huawei inquiète. L’ETF SMH teste sa moyenne mobile à 200 jours en séance mais parvient à la tenir, c’est à suivre de près, ce secteur est souvent considéré comme un indicateur avancé du reste du marché.

Le ratio put/call recule, qui indique que les investisseurs réduisent leurs protections contre une baisse des indices. Le marché du crédit reste tendu, le rendement de l’emprunt US à 10 ans traite à 0,63% ce matin. Le BTP italien se situe 236 points de base au-dessus du 10 ans Bund allemand. L’or poursuit sa hausse, l’once traite à 1772 dollars ce matin. L’argent continue sa folle remontée et a récupéré 17% depuis le 7 mai. Le pétrole repasse au-dessus des 30 dollars le baril de WTI Light Crude après l'annonce d'une forte baisse du nombre de forages actifs aux Etats-Unis, leur 9e semaine de recul consécutive. La volatilité reste relativement élevée, l’indice VIX (volatilité du SPX) ne recule que de 2,21% à 31,89. Le Câble est emmêlé, les négociations sur le Brexit calent et le Royaume Uni menace de se retirer des négociations. De plus, la Banque d’Angleterre (BoE) réfléchirait à envoyer ses taux d’intérêts en territoire négatif. la paire GBP/USD à 1,21007 ce matin.

Sur l'ensemble de la semaine, le SPX recule de 2,26%, le Dow Jones de 2,65% et le NDX de 0,73%. En Europe, l’Eurostoxx perd 4,73% avec la palme hebdomadaire au CAC40 qui rend 5,98%. Le SMI abandonne 1,89%. Le SPX semble s’être enfermé dans une fourchette de trading (2792 – 2934). Ces niveaux correspondent aux 50% respectivement 61,8% de retracement Fibonnacci de la baisse faite du 19 février au 23 mars. Si l’on élargit cette vue, on observe 2650 (38,2% de retracement Fibo) comme principal support et 2998 (moyenne mobile à 200 jours) du côté de la résistance.

Les Etats-Unis continuent donc d'accroître la pression sur la Chine et lient désormais l'avenir de l'accord commercial signé en janvier avec la crise du coronavirus, dont Pékin est accusé d'avoir dissimulé l'ampleur. Vendredi, le département du Commerce annonce des mesures visant à restreindre les livraisons de semi-conducteurs au groupe chinois Huawei. Le règlement américain sur les exportations a été modifié afin d'empêcher stratégiquement l'acquisition par Huawei de semi-conducteurs qui sont le produit de logiciels et technologies américaines. L'administration Trump fait ainsi un pas de plus en vue de brider la capacité du fleuron chinois de la 5G, qu'elle a placé l'an dernier sur la liste noire des compagnies jugées menaçantes pour la sécurité nationale des Etats-Unis.

Dimanche soir, Jerome Powell apparait dans l'émission «60 minutes» sur la chaîne CBS. Les données les plus importantes actuellement pour l'économie américaine sont les «paramètres médicaux» liés à la pandémie de coronavirus, déclare le président de la Réserve fédérale américaine, soulignant que le gouvernement pourrait devoir aider les entreprises et foyers américains pendant encore trois à six mois. Le chemin sera long dans tous les cas, poursuit le patron de la Fed, prévenant que les inscriptions au chômage devraient se poursuivre en juin et que certains secteurs d'activité, comme le tourisme et le divertissement, pourraient continuer de faire face à des pressions jusqu'à ce qu'un vaccin contre le coronavirus soit trouvé. Powell ajoute que le taux de chômage pourrait culminer à 25% avant de commencer à baisser, et que le PIB pourrait se contracter de 20% en rythme annualisé sur la période avril-juin. «En supposant qu'il n'y aura pas de deuxième vague du coronavirus, je pense qu'on verra l'économie se redresser progressivement au cours du second semestre de cette année. Pour que l'économie retrouve pleinement son rythme de croisière, il faudra que les gens reprennent totalement confiance et il faudra peut-être attendre pour cela l'arrivée d'un vaccin», explique-t-il.

L'économie japonaise a plongé en récession pour la première fois depuis quatre ans et demi, montrent des données officielles publiées ce matin, et pourrait connaître son plus important creux depuis la Deuxième Guerre mondiale. D'après les statistiques gouvernementales préliminaires, le PIB du Japon s'est contracté de 3,4% au premier trimestres, les économistes anticipaient en moyenne une contraction de 4,6% sur la période.

L'IATA envisage une reprise des vols nationaux en juin et continentaux dès juillet. J.C. Penney sollicite la protection du Chapitre 11. ThyssenKrupp chercherait à se rapprocher d'un autre aciériste, notamment SSAB ou Baoshan Iron, selon Handelsblatt. Apple commence à ouvrir ses boutiques dans certains états aux États-Unis cette semaine. Fiat Chrysler pourra obtenir un prêt garanti par l'Etat italien. Sunrise exige de Swisscom un dédommagement de 350 millions de francs pour abus de position dominante dans l'ADSL. Uber pourrait relever son offre de rachat de GrubHub.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement dans le vert. Tokyo progresse de 0,48% à  la cloche, Hong Kong avance de 0,37%, Shanghai de 0,53% et Séoul de 0,51%. Le future SPX gagne un peu plus de 1% et l’Europe est indiquée en hausse de 1,5%. Les signes de réouvertures des principales économies se multiplient, qui font du bien au sentiment en ce début de semaine.

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