Gonet: l'actualité des marchés au 11 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,09%, S&P 500 +0,45%, Nasdaq +1,04%, Russell 2000 +0,56%, SOX +1,00%, Eurostoxx -0,38%, SMI -0,86%.

En regardant distraitement les clôtures d’hier soir, on pourrait se dire que l’exercice de la publication de l’indice américain des prix à la consommation (CPI) est passé comme une lettre à la poste et que le long fleuve tranquille haussier peut continuer à couler. Ça, c’est la version bisounours.

Initialement, le marché réagit favorablement au CPI d'avril, qui sort en ligne avec la composante annualisée qui se permet même de passer en-dessous de 5%, on n’avait plus vu cela depuis 2 ans. On connait le joyeux royaume des actions, qui a tendance à agir dans un premier temps, puis à réfléchir. En l’occurrence, un examen plus approfondi du CPI fait naitre des incertitudes quant à la politique future de la Fed. En bref, ce CPI va probablement permettre à la Réserve Fédérale de ne pas relever ses taux dans un avenir proche. En revanche, à 5% d’inflation, la Fed ne vas probablement pas les baisser non plus, une période de taux élevés pour une durée indéterminée est donc peut-être en train de commencer, pas certain que les taureaux apprécient cela bien longtemps. Ce matin, je vérifie donc ce que les Fed Funds pensent post CPI et, devinez quoi, ils persistent à prédire trois baisses de taux de 25 points de base chacune en fin d’année. Reste à écouter les membres de la Fed, qui ne manqueront pas de s’exprimer à ce sujet. Aujourd’hui deux gouverneurs s’y collent (Kashkari et Waller). Nous aurons droit à des interventions chaque jour avec en point d’orgue celle du boss, Jerome Powell, le 19 mai. Mais en l’état, rappelons que la Réserve Fédérale des Etats-Unis refuse de valider le scénario de baisses de taux dès cette année.

En parallèle au dossier de l’inflation et de la Fed, le sujet brûlant du plafond de la dette américaine prend de plus en plus de place, le 1er juin approche à grand pas. Les banques régionales US continuent de souffrir en bourse, moins violemment mais le patient reste en observation, l’ETF KRE perd 1% sur la séance. Quant au débat sur la croissance américaine, il reste ouvert.

C’est dans ce contexte plutôt brumeux que les indices américains d’actions terminent dans le vert pour la plupart, le vénérable Dow Jones boudant la fête, malgré la bonne tenue de Salesforce (CRM +1,82%), Microsoft (MSFT +1,73%), Apple (AAPL +1,04%) et même cette bonne vieille Big Blue (IBM +0,70%). Alors certes, je n’oublie pas que le Dow est un indice «price weighted» et qu’il ne signifie pas grand-chose, étant donné qu’il fait fi de la capitalisation boursière de ses membres. Mais le fait est que l’indice est peu chargé en valeurs technologiques et, hier, c’est ce qui l’empêche de participer à la hausse du jour. Les mastodontes de la tech prennent les choses en mains, menés par Alphabet (GOOG +4,02%) qui décolle à la suite de la présentation de l'entreprise lors de sa conférence des développeurs, qui comprend des mises à jour sur ses initiatives en matière d'IA. Et voilà, on y est à nouveau, il suffit de mentionner les deux mots magiques «intelligence artificielle» et les investisseurs se mettent au garde-à-vous acheteur… La hausse d’hier n’est donc pas généralisée, d’ailleurs l’indice S&P 500 Equal Weight termine pile à l’équilibre, le CPI n’est donc pas passé comme une lettre à la poste.

Le podium du jour du SPX se compose de la tech, des services de communication et de l’immobilier. L’indice phare de Wall Street passe brièvement sous les 4'100 points pour clôturer 37 points au-dessus. Les shorts se couvrent, la volatilité recule, le VIX perd 4,4% et revient en-dessous de 17, le support quasi incompressible de 15 est roche. Son grand frère obligataire le MOVE recule de 6,2% à 125,60. Le dollar commence par reculer assez nettement après la publication du CPI, pour récupérer quasiment tout ce qu’il a perdu ce matin, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0929, notons une certaine faiblesse de l’euro au passage. Le pétrole se maintient à 72,70 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or traite à 2027 dollars par once. Les bons du Trésor US sont recherchés à nouveau, le rendement du 2 ans recule à 3,91%, le 10 ans revient à 3,42%.

L’agence Bloomberg pense que la persistance d'une inflation à deux chiffres obligera probablement la Banque d'Angleterre à procéder aujourd'hui à une douzième hausse consécutive de ses taux d'intérêt, mais le marché se concentrera sur la question de savoir si elle suivra la Fed en signalant qu'une pause est proche. Les données récentes sur les prix et les salaires augmentent le risque que la Banque d'Angleterre poursuive son cycle de hausse jusqu'à l'été.

Une raison potentielle de la faiblesse apparente de l’euro ce matin? François Villeroy déclare que la BCE n’a plus qu'une distance «marginale» à parcourir pour augmenter les taux afin de lutter contre l'inflation.

Au menu macro-économique du jour, la banque d'Angleterre se prononce sur ses taux directeurs (13h15), avant aux Etats-Unis la publication des données hebdomadaires sur l'emploi et les prix à la production d'avril (14h30).  En Chine, les prix à la consommation n'ont progressé que de 0,1% en avril, moins que prévu, tandis que les prix à la production se sont plus lourdement contractés que prévus (-3,6%).

Bayer: les résultats 2023 seront dans le bas de la fourchette des attentes. ING: le bénéfice trimestriel dépasse les attentes avec la hausse des taux. Merck KGaA prévoit une baisse du bénéfice d'exploitation pouvant aller jusqu'à 10% en 2023. Sonos: le titre perd 23% hors séance après des trimestriels décevants. Logitech recule de 1,6% dans le pré-marché, en sympathie. Telecom Italia: le bénéfice du premier trimestre est en légère hausse mais la dette s'est alourdie dans le même temps. Walt Disney: le titre perd 5% hors séance après la publication des résultats du premier trimestre. Icahn Enterprises chute de 15% après avoir révélé l'existence d'une enquête menée par des procureurs américains, juste après l'attaque d'Hindenburg Research. Google présente un moteur de recherche alimenté par l'IA pour rivaliser avec Bing de Microsoft. Allianz rachète ses propres actions pour un montant pouvant atteindre 1,5 milliard d’euros. Uber lance la réservation de vols sur son application au Royaume-Uni. SGS prend le contrôle du canadien Nutrasource Pharmaceutical.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Tokyo qui clôture à l’équilibre. Hong Kong recule de 0,81%, Shanghai perd 0,32% et Séoul se replie de 0,22%. Le future SPX progresse de 5 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,2%.

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