Gonet: l'actualité des marchés au 10 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,17%, S&P 500 -0,46%, Nasdaq -0,63%, Russell 2000 -0,27%, SOX -1,87%, Eurostoxx -0,59%, SMI -0,42%.

L’indice S&P500 (SPX) évolue hier dans une fourchette de 12 points, les dossiers du moment semblent crisper les intervenants comme rarement, de nombreuses variables inconfortables entourent ce marché, qui fait le dos rond du coup. La Fed reste incontestablement le chef d’orchestre de la prochaine tendance que prendront les indices, les Fed Funds prévoient trois baisses de taux d’ici la fin de l’année, la Réserve Fédérale refuse de valider ce scénario pour le moment, la publication de l’indice américain des prix à la consommation cet après-midi permettra d’y voir un peu plus clair, espérons-le du moins. En parallèle, l’épineux problème du plafond de la dette des Etats-Unis prend chaque jour un peu plus forme dans l’imaginaire des investisseurs. La situation est plutôt simple: les États-Unis risquent de ne pas rembourser leur dette, ce qui pourrait entraîner la perte de millions d'emplois, un grave ralentissement du PIB et la suspension de milliards de dollars de paiements au titre de la sécurité sociale, de Medicaid et des anciens combattants (Moody's estime à environ 7 millions le nombre de travailleurs perdant leur emploi et à 4% la baisse du PIB). Alors certes, vu sous cet angle, cela donne envie d’aller se cacher sous un tapis. Hier Kevin McCarthy douche les espoirs d'une résolution rapide des négociations sur le plafond de la dette après la rencontre des chefs de file du Congrès avec Joe Biden. Il s'agissait de la première rencontre entre le président et le président républicain de la Chambre des représentants depuis février. «Je n'ai vu aucun nouveau mouvement», déclare M. McCarthy, ajoutant que les deux parties se rencontreraient à nouveau vendredi. Certains des traders les plus expérimentés de Wall Street mettent garde contre les conséquences «impensables» d'un défaut de paiement.

Sur le front des banques régionales américaines, ça se calme quelque peu, au niveau boursier du moins. Les actions des banques régionales démarrent leur séance faiblement mais parviennent à renverser la vapeur. PacWest (PAWC +2,4%), Zions Bancorp (ZION +0,7%), et US Bancorp (USB +0,6%), ainsi que d'autres banques régionales, récupèrent toutes leurs pertes initiales pour terminer la séance avec des gains au moins modestes. L'ETF S&P Regional Banking (KRE), cependant, recule de 0,4% à la cloche.

Le SPX clôture à 4119 points, il se porte toujours plutôt pas mal d’un point de vue technique, son prochain support se situe à 4047 pts (moyenne mobile à 50 jours). Côté secteurs, on retrouve en tête de peloton les industrielles, l’énergie et la consommation discrétionnaire, tandis que la voiture balais chasse les materials, la tech et la santé. Le dollar grappille du terrain, la paire EUR/USD traite à 1,0980, les rendements obligataires remontent, le 2 ans US revient à 4,05%, le 10 ans à 3,52%, l’or monte légèrement à 2029 dollars l’once et le pétrole grimpe à 73,34 dollars le baril de WTI Light Crude. Tout cela est un peu fouillis, la hausse du dollar et des rendements obligataires est probablement due à du positionnement ante CPI, celle du pétrole et de l’or me laisse perplexe ceci-dit. Notons au passage que le ratio put/call traite à un niveau très élevé en faveur des puts, les intervenants semblent donc s’être protégés contre un repli des indices d’actions. Côté volatilité, le VIX gagne 4% à 17,71 tandis que son grand-frère obligataire le MOVE ne bouge pas et se maintient à un niveau historiquement élevé.

La surperformance relative du Dow Jones hier est alimentée en partie par un gain de Boeing (BA +2,3%) qui annonce avoir reçu 150 commandes fermes pour ses avions 737 Max-10, et des options pour 150 autres, de Ryanair. Dans le même temps, la vigueur relative du secteur de l'énergie et le rebond des valeurs bancaires régionales entrainent une surperformance relative de l'indice Russell 2000.

Selon l’agence Bloomberg, le rythme de l'inflation des prix à la consommation aux États-Unis est probablement resté à 5% en glissement annuel en avril, tout en s'accélérant à 0,4% en glissement mensuel. Si la croissance du CPI est inférieure à 5%, le SPX pourrait augmenter de 0,5%, selon Goldman. Un chiffre supérieur à 5,9% pourrait faire baisser l'indice de 2%. JP Morgan prédit des résultats similaires. John Williams, de la Fed, est ouvert à une pause du FOMC le mois prochain, mais si les données justifient une hausse, «nous le ferons». A plus long terme, il n'y a pas d'arguments en faveur d'une réduction des dépenses cette année.

Stan Druckenmiller prédit qu'une récession américaine débutera ce trimestre, expliquant qu'il a accéléré ses prévisions en raison de facteurs tels que la baisse des ventes au détail et les bouleversements au sein des banques régionales. Il ne s'attend pas à ce que la récession soit pire qu'en 2008, mais il déclare qu'il est «naïf de ne pas être ouvert d'esprit à l'idée que quelque chose de très, très mauvais se produise».

Un jury new-yorkais juge Donald Trump responsable d'avoir agressé sexuellement l'écrivain E. Jean Carroll et de l'avoir ensuite diffamée. Le jury, composé de six hommes et de trois femmes, rend son verdict après moins de trois heures de délibérations et lui accorde 5 millions de dollars de dommages et intérêts. L'avocat de l'ex-président déclare qu'il ferait appel.

Au menu macro-économique du jour: de l’inflation. Celle de l'Allemagne est sortie à 8 heures, pile en ligne et en progression de 7,2% au mois d’avril par rapport à avril 2022. Pour celle des Etats-Unis à 14h30, c'est plus flou puisque c'est la première lecture, attendue à +0,3% sur le mois en ce qui concerne l'inflation sous-jacente («core»).

Alstom: prévoit une hausse de sa marge opérationnelle en 2023 après un retour aux bénéfices sur l'exercice clos fin mars. Crédit Agricole: le bénéfice du premier trimestre est en vive hausse, comme pour le reste du secteur. ABN Amro: le bénéfice net dépasse les attentes au Q1. Ahold Delhaize dépasse les attentes en matière de ventes pour le premier trimestre. Airbnb: le titre chute de 12% hors séance après la publication des résultats trimestriels. Alcon: le bénéfice pour 2023 devrait se situer dans la partie supérieure de la fourchette de prévisions. Rivian: le titre gagne 5,5% hors séance après la publication de ses résultats trimestriels. Siemens Healthineers annonce une baisse de son bénéfice au deuxième trimestre et met fin à ses activités dans le domaine des robots de chirurgie cardiaque. Iberdrola réfute l'éventualité d'un rachat de l'allemand RWE pour 31 milliards d’euros. Ryanair commande 300 B737MAX-10 pour un prix catalogue de 40 milliards de dollars, qui ne veut rien dire parce que le compagnie a probablement largement cassé les prix théoriques. HSBC va lancer un rachat d'actions d'un montant maximum de 2 milliards de dollars. Microsoft et Oracle discuteraient d'un partage des serveurs d'intelligence artificielle pour résoudre les problèmes de pénurie, selon The Information. Tesla annonce que son usine texane atteint une production de 5000 Model Y par semaine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo recule de 0,41% à la cloche, Hong Kong perd 0,52%, Shanghai rend 1,15% et Séoul se replie de 0,54%. Le future SPX récupère 7 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,2%.

Tout le monde sur le pont à 14h30 pour le CPI américain!

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