Gonet: l'actualité des marchés au 16 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -1,4%, Dow -1,86%, SPX -2,2%, Russel -4,3%, SOX -2,82%, Eurostoxx -3,75%, SMI -2,29%.

Wall Street se heurte à la réalité économique de la crise sanitaire et marque (au mieux) une pause. A la clôture de mardi, l'indice S&P500 (SPX) avait rebondi de 27% depuis son plus bas du 23 mars. Mais hier le marché subit un sérieux «reality check». L'important recul des ventes au détail en mars, lorsque les restaurants, les centres commerciaux et la plupart des magasins ont été fermés, souligne l'effet de la crise sanitaire mondiale sur l'activité des consommateurs aux Etats-Unis. Les licenciements et les mises à pied, ainsi que la récession qui se profile à l'horizon, entament l'appétit des ménages américains pour les biens non essentiels. Rappelons ici que la consommation des ménages représente près de 70% de la création de richesses d'un pays, le fameux PIB. En parallèle, les chiffres de la production industrielle américaine au mois de mars montrent une baisse de l'activité des usines, car les chaînes d'approvisionnement mondiales ont été perturbées et la demande de biens s'évapore. S'il fallait un signal d'alarme supplémentaire, c'est du secteur bancaire qu'il provient avec de nouvelles publications de résultats trimestriels, Bank of America et Citigroup en l'occurence qui, tout comme leurs consoeurs, constituent d'importantes réserves destinées à faire face à des défauts de remboursements de crédits. Enfin, le marché ne peut ignorer la pression historique dont le pétrole est l'objet, le baril de WTI Light Crude tentant difficilement de tenir le niveau de 20 dollars, lourdement pénalisé par une demande en chute libre, les voitures restent au garage, et des inventaires hebdomadaires montrant la plus importante hausse des stocks de brut de l'histoire.

Conséquence sur les marchés, les indices Nasdaq100 (NDX) et des semi-conducteurs (SOX) repassent en-dessous de leurs moyennes mobiles à 200 jours. La volatilité repart à la hausse, l'indice VIX (volatilité du SPX) progresse de 8% et revient au-dessus du niveau de 40. L'aversion au risque fait son retour et une rotation s'opère des actions vers les obligations et le dollar. Le rendement de l'emprunt US à 10 ans revient à 0,64%, il traitait à 75 points de base mardi. Attention aux obligations gouvernementales italiennes, dont les rendements s'écartent significativement par rapport à leur emprunt de référence, le Bund allemand. Les CDS (Credit Default Swap) sur l'Italie s'écartent aussi, à suivre de près. Le billet vert joue son rôle de valeur refuge, le Dollar Index (DXY) revient à 99,82, la paire eur/usd à 1,0884. Notons par ailleurs que les monnaies des marchés émergents chutent, on fuit ces segments peu liquides comme la peste...Au registre des secteurs secoués, on retrouve notamment l'énergie qui souffre de la faiblesse du pétrole et les bancaires qui font fort grise mine. Les titres dits de momentum restent recherchés avec Amazon et Netflix qui établissent toutes deux de nouveaux records historiques à la cloche. On le constate, le marché chasse les valeurs dites «stay at home». Tesla (TSLA) grimpe de 2,8%, Goldman reprend la couverture du titre avec une recommandation d'achat.

La Maison Blanche pourrait payer les producteurs de pétrole américains pour qu'ils laissent le brut dans le sol afin d'aider à soulager une surabondance qui a fait chuter les prix et poussé certains foreurs à la faillite.

L'Allemagne autorisera la réouverture de certains petits magasins la semaine prochaine et le redémarrage progressif des écoles début mai. L'Italie a enregistré son plus faible nombre de nouveaux cas en quatre semaines et demie, tandis que les décès en France ont atteint un record. À New York, le gouverneur Andrew Cuomo ordonne aux gens de porter des masques en public tout en déclarant que le taux de nouvelles infections est devenu gérable. Le nombre de cas dans le monde a dépassé les 2 millions.

La France propose un nouveau fonds pour aider à la relance dans la zone euro, rapporte Handelsblatt. Au lieu d'obligations communes avec une responsabilité commune, la région pourrait adopter de «nouveaux instruments financiers» liés à une responsabilité partielle basée sur le PIB des membres. Par ailleurs, les entreprises qui reçoivent des injections de capital de la part des membres de l'UE ne seront pas autorisées à payer des dividendes, à racheter des actions ou à verser des primes.

Apple lance un nouvel iPhone SE à bas coût, prix de départ 399 dollars pour 64 Go avec pré-commande à partir du 17 avril. Il s'agit d'un iPhone dont la forme est similaire à celle de l'iPhone 8 (dont la production cessera) mais avec la dernière puce A13 Bionic. Le nouveau SE coutera 50 dollars de moins que l'iPhone 8. Apple fait-elle un pas en arrière ? Elle répond simplement à la concurrence (Samsung vient d'annoncer son modèle low-cost) et s'adapte probablement à la nouvelle donne post COVID-19. Qui voudra encore payer plus de mille dollars pour un smartphone désormais? La reconnaissance faciale ne sera pas installée sur le nouveau modèle. Le journal Le Temps se demande d'ailleurs si cela n'a pas un lien potentiel avec le port de plus en plus généralisé de masques. Pour sa part, le Wall Street Journal (WSJ) estime qu'Apple lance l'iPhone SE au bon moment alors que le taux de chômage a récemment grimpé en flèche. Une version moins chère de l'iPhone, bien qu'elle ne stimule pas les ventes dans la même mesure que les autres modèles, élargit le champ d'action et attire davantage de clients vers ses services, selon le WSJ. L'action Apple (AAPL) en recul de 0,91% hier.

Microsoft obtient bel et bien le contrat cloud géant JEDI du Pentagone, qui était contesté par Amazon. Une commission indépendante statue dans ce sens hier. On reparle du pétrole avec Occidental Petroleum, à qui Warren Buffet demande son dividende en titres plutôt qu'en cash. Hmmmm, Warren achète...

La réalité des chiffres continue aujourd'hui avec le dernier décompte des demandes hebdomadaires d'allocations chômage aux États-Unis, qui va probablement faire passer le total de quatre semaines à plus de 22 millions, effaçant essentiellement tous les gains d'emplois depuis la dernière récession. Toujours aux Etats-Unis, nous suivrons aussi les données des permis de construire, des départs de chantiers et l'indice Philly Fed. En Zone Euro, la production industrielle sera publiée.

Au chapitre des résultats de sociétés, aujourd'hui seront notamment annoncés ceux d'Abbott Labs, de Blackrock, Morgan Stanley, Intuitive Surgical, Barrick Gold, Bank of NY Mellon, KeyCorp et Rite Aid.
5 pays prolongent l'interdiction de vendre des titres à découvert (short): la France, l'Espagne, la Belgique, l'Autriche et la Grèce. L'expiration de cet interdit est au 18 mai.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont partagés. Tokyo recule de 1,27% à la cloche, Hong Kong rend actuellement 0,67%, Shanghai grappille 0,1% et Séoul traite à l'équilibre. Le future SPX progresse de 0,3%, il traitait nettement en baisse il y a deux heure encore. En Europe, l'indication actuelle d'ouverture montre une hausse de 0,7%.

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