Gonet: l'actualité des marchés au 7 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +7,3%, S&P500 +7,03%, Dow +7,73%, Russell +8,24%, SOX +10,4%, Eurostoxx +4,99%, SMI +2,37%.

Wall Street repart violemment à la hausse, emballée par l’information que la progression du virus semble ralentir en Italie, en Espagne, en France et en Allemagne. Mais c’est aussi en direction de l’Etat de New York qu’il faut regarder, le gouverneur Cuomo indiquant que le nombre de décès est stable depuis deux jours. On assiste à des couvertures massives de shorts (positions vendues à découvert), l’indice S&P500 (SPX) repasse au-dessus de sa résistance de 2650 points alors que le Nasdaq100 (NDX) récupère aisément les 8000 points. La volatilité baisse encore, l’indice VIX (volatilité du SPX) recule de 3,3% à 45,24, notez qu’il chatouille sa zone de support de 45 – 40. C’est donc journée portes ouvertes à l’appétit au risque sur le NYSE (New York Stock Exchange) hier. Au chapitre des secteurs, tout ce qui a été massacré par le virus est recherché et notamment les grands magasins, les hôtels, l’immobilier, les cartes de crédit, les voyagistes, les vêtements et les casinos. Les volumes d’échanges restent élevés d’un point de vue historique mais ont reculé ces derniers temps avec 12,7 milliards d’actions échangées hier sur le NYSE. Le SPX clôture quasiment à son plus haut du jour et, à la cloche, on retrouve des intérêts acheteurs pour 6,5 milliards de dollars, plutôt impressionnant après une telle journée de hausse. L’analyse technique joue aussi son rôle en fin de séance, des achats sur base de stop sont déclenchés sur le future SPX un peu au-dessus de 2650 points mais c’est surtout le future NDX qui pousse le marché en accélérant sa hausse dès le franchissement des 8000 points. Conséquence assez logique de ce qui se passe dans les marchés actions, le rendement de l’emprunt US à 10 ans repart à la hausse, les investisseurs délaissant les obligations gouvernementales, ce matin il traite à 71 points de base contre 0,62% hier. En revanche l’or n’est pas du tout laissé de côté comme on aurait pu s’y attendre, l’once poursuit sa hausse et atteint 1660 dollars, ce qui indique que bon nombre d’intervenants restent prudents. Le pétrole se maintient à 27 dollars le baril de WTI Light Crude, la réunion de l’OPEP+, qui devait avoir lieu lundi mais qui se tiendra finalement jeudi, pourrait finalement être repoussée à vendredi, je ne sais plus trop. Donald Trump indique qu’il décidera de réduire la production de pétrole américaine si l’OPEP en fait la demande, nous voilà rassurés. Le cartel a invité sept autres pays, dont la Norvège et le Brésil, à participer à la réunion de jeudi à Vienne, où la Russie et l’Arabie Saoudite devraient s’engager à réduire leur production. Le Canada et les États-Unis ne sont pas sur la liste.

On commence à observer un retour d’optimisme parmi les stratèges. Stifel pense que le SPX a encore de la place pour pousser jusqu’à 2750 points, Morgan Stanley publie une liste d’actions à acheter et le responsable de l’analyse quant chez JP Morgan est optimiste car «le virus pourrait être en train de ralentir», ce qui prouve que ce monsieur est indépendant car son propre CEO Jamie Dimon indique le même jour s’attendre à une forte contraction économique et n’exclut pas de couper le dividende. Pour sa part, Morgan Stanley parle de «liquidation forcée derrière nous» et de «valorisations les plus attractives depuis 2011». Juste un rappel pour la forme, au mois de mars 2’000, juste avant que la bulle dot.com ne commence à se dégonfler (et mette trois ans pour ce faire), 98% des analystes de Wall Street étaient à l’achat sur la marché...

Toujours au registre des contradictions, Bill Ackman a utilisé le produit d’un pari lucratif sur le crédit pour augmenter ses participations en actions. Le PDG de Pershing Square indique avoir augmenté sa participation dans Berkshire Hathaway de 39% et réinvesti dans une nouvelle position dans Starbucks, évaluée à environ 730 millions de dollars. Rappelons que Monsieur Ackman envisageait il y a quelques jours de liquider la totalité de son portefeuille d’actions en raison des inquiétudes liées à l’impact de la pandémie...

Notons au passage que la très forte hausse de Wall Street hier coïncide avec le quasi isolement de la ville de New York avec le reste des Etats-Unis. Les vols domestiques au départs de la grande pomme ont été réduits de 271 à 13 par jour.

La pression pour redémarrer l’économie semble augmenter. Après le Danemark, l’Autriche et l’Allemagne mettent en place un plan graduel de sortie de confinement.

En vrac: selon Nancy Pelosi, le prochain plan de relance coûtera au moins 1000 milliards de dollars. La France vise un fonds de relance de l’UE à hauteur de 3% du PIB du Bloc (Le Maire). L’Allemagne va adopter une loi pour bloquer les OPA étrangères hostiles (Funke). L’Italie augmente la liquidité des entreprises et étend ses pouvoirs anti-OPA. Samsung monte de 1,2%, les bénéfices battent les attentes. Boris Johnson en soins intensifs. Le gouvernement néerlandais va garantir les lignes de crédit aux entreprises dans l’UE. Alcon supprime ses perspectives pour 2020 et son dividende 2019. Hugo Boss suspend son dividende et renonce à la rémunération du conseil d’administration. Le gouvernement des Etats-Unis va commander 167 millions de masques à 3M ces trois prochains moins. Citigroup, Morgan Stanley et Goldman Sachs, qui doivent soumettre leurs prévisions de fonds propres à la Fed dans le cadre des tests de résistance, affichent leur volonté de continuer à distribuer des dividendes et mettent en avant la qualité de leurs bilans (Financial Times).

Aujourd’hui nous suivrons les statistiques des offres d’emploi aux États-Unis, les ventes au détail au Brésil et la production industrielle en Allemagne.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont quasiment tous en hausse. Tokyo progresse de 2,01% à la cloche, Hong Kong gagne 1,4%, Shanghai 2,03% et Séoul 1,77%. Le future SPX lui aussi gagne du terrain, 1,1%, ce qui est assez étonnant après la forte hausse d’hier. L’Europe est indiquée en hausse de 1,9%. La volatilité reste bien présente, la hausse des indices est bienvenue, garder la tête froide également.

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