Wall Street fait ce qu'elle sait le mieux faire, fermer les yeux et sauter dans l'optimisme. Au diable les résultats catastrophiques des banques américaines, au feu les prévisions du FMI qui nous annonce la pire récession depuis les années 1930.

Le marché observe la progression de la pandémie de Covid-19, qui semble ralentir. L'Italie annonce son plus faible nombre de nouvelles infections en un mois, l'Espagne et l'Allemagne enregistrent un recul des nouveaux cas, tout comme les Etats-Unis et notamment l'Etat de New York. Les Etats-Unis sont en train de penser le redémarrage de leur économie et c'est pour bientôt, c'est cela que le marché nous dit hier.

Tous les secteurs ou presque sont recherchés avec une prime aux valeurs technologiques, l'indice Nasdaq100 (NDX) réalisant sa quatrième séance consécutive de hausse et s'offrant le luxe de récupérer ses moyennes mobiles à 50, 100 et 200 jours. Le NDX vient tester les 8700 points en séance, pour clôturer légèrement en-dessous, prochain objectif technique la zone des 9000 - 9100 points. Seules trois valeurs du NDX reculent hier et l'indice n'est désormais en recul de plus que 0,47% depuis le début de l'année, surréaliste...on ne peut s'empêcher de se dire que le chef d'orchestre de cette remontada historique n'est autre que la Fed. Les tombereaux de liquidités injectées dans le système font leur effet. Ça a fonctionné depuis 2008, pourquoi pas aujourd'hui? L'indice S&P500 (SPX) emporte également tout avec lui hier, la résistance de 2784 - 2792 vole en éclats et le SPX regarde désormais vers le niveau de 2883 puis 2926 points.

Même scénario que lundi sur la partie des secteurs, on chasse les titres de momentum/croissance au détriment des actions dites de valeur (value stocks). A noter que les actions de sociétés de croisières décollent, Royal Carribean rebondit de 13%, Carnival de 8,8%. La volatilité recule un peu plus, l'indice VIX abandonne 8,2% à 37,76. Il s'agit de sa première clôture en six semaines en-dessous du niveau de 40. Les volumes d'échanges ralentissent encore un peu, à 11,9 milliards d'actions échangées sur le NYSE (New York Stock Exchange). Cela se normalise lentement à ce niveau, on est loin des 17-18 milliards de titres quotidiens observés en mars mais pas encore de retour au 7 à 8 milliards échangés en temps normal. A la clôture du NYSE, on observe des intérêts acheteurs pour 800 millions de dollars, les acheteurs semblent n'avoir pas terminé leurs emplettes. A noter cela dit que les niveaux de shorts (positions vendues à découvert) augmentent significativement et que l'exposition au cash fait de même chez les fonds de pension US. Certains intervenants se préparent aux (inévitables?) augmentations de capital à venir.

Le rendement de l'emprunt US à 10 ans reste stable, ce matin à 0,72%, la courbe des taux US semble s'aplatir. Sur le front des monnaies, le dollar poursuit sa lente glissade, l'indice Dollar Index (DXY) recule à 99,01. La paire euro/dollar traite à 1,0960. L'or reste recherché, l'once traite à 1743 dollars ce matin. Le métal jaune semble bien corrélé aux taux réels et la faiblesse du billet vert lui apporte du soutien. A noter que le cuivre ne suit pas le mouvement. Et le pétrole fait peur à plus d'un intervenant, le baril de WTI Light Crude vient très brièvement se poser en-dessous des 20 dollars hier avant de se reprendre. Ce matin il traite à 20,25 dollars, on pense dans le marché que Donald Trump va forcer ses interlocuteurs à réduire la production journalière de 10 millions de barils supplémentaires mais rien n'y fait, on peut réduire l'offre tant que l'on veut, si la demande ne suit pas c'est peine perdue. Le secteur de l'énergie souffre significativement à Wall Street hier.

Après la cloche de fin de séance, les compagnies aériennes s'envolent, elles vont bénéficier d'une aide du gouvernement. Le plan mis en place par le trésor des Etats-Unis devrait sauver 750'000 emplois.

Petite précision quant aux prédictions du FMI, qui annonce donc que le PIB global se contractera de 3% cette année, pour croître de 5,8% l'an prochain.

Vous avez commis une grosse bêtise, de type «j'ai totalement sous-estimé l'impact potentiel d'une pandémie historique»? Pas de problème, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) est là pour vous. Donald Trump s'en souvient et suspend temporairement le financement de cette dernière, l'accusant de prendre les déclarations de la Chine au sujet du virus «à la lettre» et de ne pas partager les informations suffisamment rapidement. Superbe opportunité pour le parti démocrate de dénoncer la tentative du président de se détourner de ses responsabilités.

La Chine baisse ses taux d'intérêt et injecte 14 milliards de dollars dans le système financier. La PBOC (People Bank Of China) abaisse le taux de sa facilité de prêt à moyen terme d'un an de 3,15% à 2,95% avant une échéance prévue vendredi.

JP Morgan (JPM -2,7%) rate les attentes des analystes et annonce une provision pour pertes de crédit au premier trimestre de 8,3 milliards de dollars, contre 1,5 milliard l'an dernier. Wells Fargo (WFC -4%) dévoile un résultat du même type que JP Morgan. La provision pour pertes de crédit atteint 4 milliards de dollars contre 845 millions sur le trimestre comparable de l'an dernier. Johnson & Johnson (JNJ +4,4%) réduit sans grande surprise ses anticipations financières 2020. J&J publie par ailleurs pour le Q1 un bénéfice net de 5,8 milliards de dollars, soit 2,17 dollars par titre. Tesla (TSLA +9%) est dopée par une note du Crédit Suisse, qui relève le titre à «neutre» (contre «vendre» auparavant). Apple (AAPL) grimpe de 5,1%, la firme à la pomme a vu ses ventes d'iPhone augmenter de 19% en mars, après avoir subi une chute de 60% en février. Amazon (AMZN) grimpe de 5,3% supplémentaires et atteint un nouveau record historique à la cloche. Microsoft (MSFT) est recommandée par Morgan Stanley, le titre bondit de 4,9%. Adidas suspend son dividende, Procter & Gamble augmente le sien de 6%. ASML est en pleine forme et le dit tout haut.

La saison des résultats de sociétés se poursuit avec au menu du jour, notamment United Health, Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, US Bancorp et Charles Schwab.

Sur la partie des statistiques économiques, il sera intéressant de suivre les ventes au détail, l'indice Empire Manufacturier, la production industrielle et le livre beige de la Fed.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,45% à la cloche, Hong Kong qui rend 0,76%, Shanghai 0,5% et Séoul qui progresse de 1,72%. Le future SPX recule de 20 points et l'Europe est indiquée en repli de 0,5%.