Gonet: l'actualité des marchés au 6 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -1,5%, S&P500 -1,51%, Dow -1,69%, Russell -3,11%, SOX -2,14%, Eurostoxx -0,95%, SMI -0,31%.

Wall Street n'y arrive pas vendredi et on ne peut l'en blâmer, le marché digère l'horrible statistique de l'emploi US au mois de mars. Les secteurs sensibles au virus sont à nouveau malmenés. Lueur d'espoir dans cette journée maussade, le pétrole qui rebondit de 13% (après avoir récupéré plus de 20% jeudi), le WTI Light Crude revenant à 29 dollars le baril. Donald Trump reçoit les patrons des majors vendredi et une réunion de l'OPEP+ est initialement prévue aujourd'hui, qui est finalement repoussée à jeudi, le Crude revient à 27,89 dollars ce matin. La liste des participants à cette réunion est importante dans la mesure où l'Arabie saoudite a indiqué qu'elle ne réduira sa production que si d'autres pays, dont les Etats-Unis, assument leur part. Il est intéressant de noter que la volatilité continue de refluer, l'indice VIX (volatilité du SPX) recule de 8% à 46,80, niveau qui reste élevé mais on était proche des 90 il y a peu... Le rendement de l'emprunt US à 10 ans reste stable, ce matin à 0,63%, l'or fluctue peu, l'once traite à 1621 dollars, le dollar poursuit son rebond, l'indice Dollar Index DXY traite ce matin à 100,60, la paire eur/usd à 1,0822. On note certes un léger écartement des spreads sur la partie hauts rendements (high yield credit) et iTraxx (CDS, Credit Default Swaps) mais le US Breaken Rate s'améliore de son côté.

On peut donc dire que les principaux indices US ont limité la casse vendredi, de tels chiffres de l'emploi auraient pu être utilisés comme excuse pour faire capituler ce marché. Attention cela dit aux petites capitalisations, représentées par l'indice Russell2000, qui chutent d'un peu plus de 3%. Le monde de la bourse est un grand enfant qui aime beaucoup les images. On y dit que lorsque les généraux montent sur la colline et que l'armée reste en plaine, la bataille est fort mal engagée...Dans le cas qui nous occupe, les généraux semblent enclins à rester sur la colline, l'armée en revanche...

Sur la semaine, le Dow Jones recule de 2,7%, le SPX de 2,15% et l'Eurostoxx de 2,41%. L'indice Russell2000 en revanche abandonne plus de 7%. Big up pour un des seuls indices en hausse la semaine passée, notre bon vieux SMI, qui progresse de 2,7%. Ne cherchez pas, Nestlé, Roche et Novartis avancent de 2,57%, 4,5% respectivement de 4,95%.

Du côté obscur de la performance, je note l'indice des banques européennes qui atteint son plus bas niveau historique vendredi. C'est intéressant, la plupart des spécialistes s'accordent à dire que les banques européennes ne devraient pas rencontrer de problème majeur de liquidités.

Les investisseurs analysent les chiffres de l'emploi en mars publiés vendredi. Ces chiffres, qui portent sur un mois glissant arrêté au 12 mars, montrent que l’économie américaine a détruit 701'000 emplois, mettant ainsi fin à une série de 113 mois de créations d'emploi. Le taux de chômage a bondi de 3,5% en février à 4,4% en mars. Il faut souligner que ces chiffres ne montrent qu'une partie des dégâts infligés par le coronavirus au tissu économique américain, les pertes d'emplois s'étant brutalement accélérées après le 13 mars, date à laquelle Donald Trump a déclaré l’urgence nationale face à la pandémie de COVID-19. Pour mémoire, les données hebdomadaires portant sur les deux semaines s'achevant le 28 mars ont ainsi fait état de 10 millions de demandes nouvelles d'inscriptions au chômage, un record absolu. Les économistes estiment que le taux de chômage devrait rapidement dépasser les 10% pour passer à 15%, voire davantage d'ici à juin.

En mars, les secteurs les plus touchés par les pertes d'emploi sont sans surprise ceux de l'hôtellerie et des loisirs (459'000 postes), suivis par les services aux entreprises (52'000 postes) et les ventes de détail (-46'000 postes). Pour les détaillants, ce chiffre est amené à exploser, la plupart des chaines de magasins de produits non alimentaires ayant annoncé des mises au chômage à partir de la fin mars.

Ce lundi matin, la planète finance se réveille quelque peu rassérénée, les pays européens les plus touchés ont signalé une baisse des décès liés à la pandémie, les dernières données de l'Espagne, de l'Italie et de la France suggèrent que le confinement à domicile produit ses effets. Par ailleurs, le ministre britannique de la santé déclare à la BBC que la Grande-Bretagne pourrait resserrer son embargo si certains continuent à défier les consignes. Boris Johnson est hospitalisé, sa fièvre ne tombe pas après dix jours, la livre s'en ressent. La Suède, qui n'a quasiment rien entrepris pour endiguer la propagation du virus, se prépare à des milliers de décès et le Japon pourrait déclarer une urgence nationale dès demain. De son côté, Donald Trump prévient que la pandémie va s'aggraver et qu'une phase «très horrible» se profile à l'horizon des Etats-Unis.

Sur la partie des mesures de soutien, le gouverneur de la BOE, Andrew Bailey, rejette l'idée d'utiliser le financement monétaire pour atténuer le ralentissement économique, car le mandat de la banque ne prévoit pas une telle action. Isabel Schnabel, de la BCE, soutient l'idée d'émettre des coronabonds. L'Italie prépare des mesures pour stimuler la liquidité, y compris des garanties de 90% sur 200 milliards d'euros de prêts, annonce le ministre des finances Roberto Gualtieri à la Rai TG1. Le Royaume-Uni travaille sur des plans de sauvetage pour des entreprises d'importance stratégique, rapporte le Telegraph.

Sunrise annonce vouloir augmenter son taux de couverture en fibre optique de la population suisse de 35 à 60%. Walt Disney annonce retarder la sortie de plusieurs de ses blockbusters, notamment ceux de la franchise Marvel. Il semble que la Fed n'empêchera pas les banques américaines de verser des dividendes, à l'inverse de ce qui a été pratiqué en Europe. Gilead accélère la production de son médicament expérimental contre le coronavirus. Aegon suspend son dividende. Ça ne s'invente pas, General Motors doit demander à Donald Trump de renoncer aux taxes sur les composants chinois nécessaires à la production d'appareils respiratoires.

Barron's publie un article intéressant ce weekend, l'hebdomadaire estime que Wall Street est bien mieux préparée à cette crise qu'elle ne l'était à la crise financière de 2008. COVID-19 n'est pas une crise financière, et cette fois, les banques feront partie de la solution, pas du problème. Grâce à elles, des milliards de dollars seront canalisés vers les petites entreprises américaines. Bien qu'elles ressentent certainement les effets de la récession quasi-certaine, leurs bilans sont plus solides qu'ils ne l'ont été depuis des années et la qualité du crédit est bien plus élevée que pendant la crise financière. La réaction instinctive de vendre des actions financières en période de récession a peut-être créé des opportunités pour des investisseurs plus audacieux. Les grandes banques de New York se négocient à environ sept fois les bénéfices estimés pour 2020. JPMorgan (JPM) se négocie à 1,38 fois sa valeur comptable, Morgan Stanley (MS) à 0,83 fois, Goldman Sachs (GS) à 0,68 fois et Citigroup (C) à seulement 0,53 fois (source: Barron's).

Cette semaine sera riche en événements à suivre avec notamment quelques résultats de sociétés, la saison démarre lentement, le taux de chômage européen, l'indice de la confiance des consommateurs américains publié par l'université du Michigan, les prix à la consommation US, une réunion des ministres européens des finances, les minutes de la dernière réunion de la Fed, les commandes aux entreprises et la production industrielle en Allemagne, la production industrielle en France et en Italie et la réunion de l'OPEP+ jeudi.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, rassurés par les nouvelles européennes sur la progression du virus. Tokyo gagne 4,2% à la cloche, Hong Kong progresse de 2,3%, Shanghai est fermée et Séoul avance de 3,8%. Le future SPX avance de 4% et l'Europe est indiquée en hausse de 3,5%

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