Gonet: l'actualité des marchés au 10 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,02%, S&P 500 +0,14%, Nasdaq +0,32%, Russell +0,34%, SOX +0,94%, Eurostoxx -1,09%, SMI -0,36%.

Pendant que le BBC Monthey transforme les lions de Genève en chatons, Wall Street ne bouge presque plus une oreille dans l’attente de la publication de l’indice américain des prix à la consommation, cet après-midi.

Légère hausse à la cloche pour les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX), vague surperformance des petites capitalisations (Russell2000 – RTY), repli de 2% de Nvidia qui, ô catastrophe, ne monte plus que de 72% depuis le premier janvier, le reste des mastodontes de la tech se porte plutôt bien bref, on s’ennuie ferme sur les parquets de trading hier. La volatilité repart vers le sud, les volumes d’échanges font de même sur le NYSE, le Dollar Index (DXY) se stabilise à 104,14, la paire EUR/USD évolue à 1,0854 tandis que le pétrole se replie légèrement, à 85,48 dollars le baril de WTI Light Crude. Sur le front des bons du Trésor US, cela est tout aussi calme mais diablement plus intéressant, le rendement du 10 ans recule lentement mais surement vers le niveau de 4,35%, on se souvient que c’est précisément là que les intervenants enlèvent les gants et se ruent dans la bagarre technique. Ce matin le 10 ans évolue à 4,36%.

Et puis, en parallèle à ce tableau boursier navrant d’ennui, l’or continue de flotter vers des sommets inexplorés, le métal jaune reste porté par une force acheteuse que même Nostradamus n’eût probablement pas été en mesure de prédire. Ce matin l’once évolue à 2356 dollars.

Nous y voici donc à nouveau. Cet après-midi à 14h30 sera publié le très attendu CPI américain, l’indice des prix à la consommation pour le mois de mars. Le CPI est fondamental dans le processus de décision de la Fed quant à sa politique monétaire, on garde en tête qu’il avait atteint 9,1% en juin 2022, la banque centrale américaine avait dû déclencher un cycle de hausses de taux agressif, qui a depuis produit ses effets et ramené dame inflation à 3,2% en février, sachant que l’objectif de la Réserve Fédérale se situe à 2%. Tout va bien donc me direz-vous? Oui mais non, car le CPI stagne depuis juin 2023, on constate mois après mois combien il est ardu de forcer les prix à mettre le second genou à terre, ce qui explique pourquoi la Fed tergiverse depuis de nombreux mois et fait patienter les taureaux en expliquant jour après jour que rien ne presse et que la première baisse de taux interviendra probablement cette année encore mais qu’elle veut d’abord voir le CPI et le PCE. On comprend mieux du coup pourquoi le marché est en mode attentiste, il a désespérément besoin d’au moins croire qu’une baisse de 25 points de base se produira cette année encore. Or pour que cet espoir soit entretenu, le CPI doit impérativement poursuivre son chemin vers le sud. Pour être précis, le marché regardera surtout le chiffre «cœur», débarrassé de la nourriture et de l’énergie, jugées trop volatiles. Le mois passé le core CPI est sorti à 3,8%, aujourd’hui les économistes l’attendent à 3,7%, c’est probablement là que tout va se jouer.

Dans le reste de l’actualité, les valeurs du luxe sont malmenées hier, des craintes refont surface dans le marché au sujet de la Chine, alimentées par l’agence Reuters qui publie un article dont le titre est «L'incertitude sur la Chine assombrit les prévisions du secteur du luxe». Et puis LVMH et L’Oréal vont publier leurs résultats trimestriels prochainement (16 et 18 avril), c’est un peu money time pour ce secteur ces jours. Les sociétés liées à la défense ne font pas les malignes non plus hier, elles souffrent d’une note de Goldman Sachs qui juge les valorisations du secteur élevées.

La perspective de Fitch pour la Chine passe de stable à négative, citant des risques croissants pour ses finances publiques alors que le pays est confronté à une plus grande incertitude. La note A+ du pays est confirmée.

Raphael Bostic réitère sa prévision d'une baisse des taux de la Fed en 2024, mais déclare qu'il est ouvert à un changement de point de vue. Monsieur Bostic est un des membres les plus faucons de la Fed, il vote au FOMC cette année, pas l’an prochain. Son point de vue plutôt accommodant en l’état a donc de la valeur pour le marché, à court terme du moins.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis l'Indice des Prix à la Consommation (14h30), les Stocks de Grossistes (16h00) et les Stocks de Brut DOE (16h30) occuperont l'après-midi.

Airbus a livré 142 appareils sur le premier trimestre, contre 83 pour Boeing. Barry Callebaut subit une chute de 40% de son bénéfice d'exploitation en raison de l'explosion des coûts de transformation. Perquisitions chez Nestlé dans les Vosges autour de décharges de bouteilles plastiques. Novartis va supprimer 680 emplois dans le domaine du développement de produits, dont 440 en Suisse et 240 aux Etats-Unis. Roche annonce le marquage CE pour son premier diagnostic compagnon du cancer du sein. Intel lance au troisième trimestre une nouvelle version de sa puce d'intelligence artificielle, Gaudi 3, pour concurrencer Nvidia. Apple double ses investissements en Inde à 14 milliards de dollars.  Boeing fait l'objet d'une enquête de la FAA après qu'un lanceur d’alerte ait identifié des défauts dans le fuselage du 787 Dreamliner. Microsoft va investir près de 3 milliards de dollars dans l'IA au Japon. Par ailleurs, Microsoft et Netease relancent le jeu Warcraft en Chine, mettant fin à leur querelle. Jack Ma, fondateur d'Alibaba, sort de l'ombre avec un long message aux employés sur la restructuration du groupe, signe qu'il revient peut-être aux affaires.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo perd 0,48% à la cloche, Hong Kong bondit de 1,82%, Shanghai recule de 0,67%, Séoul est fermée et le Nifty50 grappille 0,24%. Le future SPX prend 3 petits points et l’Europe ouvre en progression de 0,7%. 

Tout le monde sur le pont à 14h30 pour le CPI!

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