Les produits structurés qui profitent de l’absence de tendance claire

Salima Barragan

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Certains actifs sous-jacents présentent des niveaux de volatilité attrayante. Avec Dominique Boehler de Société Générale.

Depuis le lancement du premier warrant en France par la Société Générale en 1989, le marché des produits structurés s’est considérablement développé. Les émetteurs font preuve d’une créativité sans limite lorsqu’il s’agit de concevoir de nouveaux instruments sur actions, indices, matières premières, taux d’intérêt ou de change afin de répondre aux différentes phases de marché. L’établissement français réintroduit les warrants inline; des titres négociables en bourses efficaces lorsque ces dernières manquent de dynamisme. Le point avec Dominique Boehler, Head Public Distribution Switzerland chez Société Générale Corporate and Investment Banking.

Les investisseurs sont-ils pessimistes?

Je ne peux pas dire que les investisseurs soient plus pessimistes, mais ils sont légèrement plus réticents. L'absence de tendance claire sur le marché crée des opportunités d'investissement et souvent des conditions de trading attrayantes. Cependant, la recherche de marché doit être précise afin de prendre des décisions éclairées. Si ce dernier point devrait toujours être respecté, un certain flou sur les marchés constitue peut-être l’une des raisons de cette réticence. C'est probablement aussi pour cela que les produits de participation classiques ont gagné des parts de marché, puisqu’ils permettent aux investisseurs de se positionner sur une thématique, un secteur ou une stratégie d'investissement clairement définie.

Quels produits structurés profitent actuellement de la diminution de la volatilité; une constituante de leur prix?

Il existe encore des actifs sous-jacents qui, par rapport à d'autres, présentent des niveaux de volatilité attrayants, comme les valeurs technologiques. Les investisseurs en produits à effet de levier sont à la recherche de ces actifs. Les indices et le forex sont également très populaires dans de telles circonstances.

Par rapport à il y a une quinzaine d’années, les actifs sous-jacents non suisses sont devenus beaucoup plus populaires depuis environ 5 ans
Quels instruments avez-vous récemment lancé afin de répondre aux conditions de marchés actuelles?

En réponse à la volatilité relativement faible, nous avons réintroduit les warrants inline sur le marché suisse. Alors que les investisseurs détenant des warrants classiques profitent de fortes fluctuations du marché, les warrants inline montrent leur véritable efficacité dans les phases de marché atones. Ils permettent d'obtenir des rendements intéressants même en cas de mouvements latéraux.

Leur fonctionnement est simple: si, à l'échéance, ni la barrière supérieure ni la barrière inférieure n'ont été franchies, l’investisseur recevra un remboursement fixe, généralement de l'ordre de CHF 10.00. L'échéance du produit est généralement inférieure à trois mois. Comme je l’ai mentionné, ces produits permettent d'obtenir des rendements attractifs avec effet de levier sur des marchés à faible volatilité, toutefois l'investisseur doit évidemment être ouvert au niveau de risque correspondant.

Quelles sont les stratégies à solliciter afin de se protéger contre les hausses de taux d'intérêt?

Il existe des actifs sous-jacents, tels que le Bund Future, très prisé par les individus souhaitant tirer parti des fluctuations de taux d'intérêt.

Quelles sont les tendances populaires auprès de vos clients ?

Je dirais que cela dépend du type de client. Par rapport à il y a une quinzaine d’années, les actifs sous-jacents non suisses sont devenus beaucoup plus populaires depuis environ 5 ans. Aujourd'hui, lorsque les jeunes investissent, ils s'intéressent davantage aux valeurs technologiques comme Amazon, Tesla ou Alphabet que leurs aînés. Concernant les secteurs d’activité, les biens non cycliques, les devises ou les métaux précieux gagnent en popularité lorsque les marchés semblent se complexifier. Ainsi, sur le marché général, les produits de participation ont augmenté leur part de marché par rapport aux mois précédents, puisqu’ils peuvent être intéressants pour les investisseurs qui souhaitent se positionner sur une thématique spécifique.

Le Forum international sur les produits structurés à Lucerne, en septembre, s'est penché sur la manière d'aborder la prochaine génération d'investisseurs. En quoi diffère-t-elle des précédentes et comment l’approcher?

L'un des principaux moyens d'appréhender les individus sur le marché est d'attirer leur attention en traitant des sujets qui leur tiennent à cœur. En tant que fournisseur de produits financiers, nous devons donner aux individus une raison de s'intéresser à nos solutions. C’est pourquoi la meilleure façon d’approcher les différentes générations est une question qui s’est vite posée.

Selon le consensus dégagé lors du panel à Lucerne, il est difficile de faire la distinction entre les générations. En conclusion, au lieu de tracer une ligne entre les générations (Y, X ou Z), nous devrions plutôt faire une différenciation entre les groupes d'âge. Il s'agit d'une approche nuancée de celle des générations, car chaque génération a été ou deviendra jeune, d'âge moyen ou plus âgée à une époque donnée. Selon la tranche d'âge d'un individu, les priorités dans la vie vont évidemment différer. En forçant un peu le trait, un jeune qui vient de quitter l'école ou l'université ne sera peut-être pas aussi intéressé par des «stratégies de conservation du patrimoine» ou des «sujets ayant trait aux retraites».

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