La BCGE dépasse les 34 milliards de francs d’actifs sous gestion

Anne Barrat

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«La diversification de nos activités a payé en 2021, nous permettant de renforcer nos parts de marché», se réjouit Blaise Goetschin.

Une de plus: la BCGE confirme la bonne santé des banques cantonales en 2021. Tous ses indicateurs sont au vert: une croissance de 54,3% du résultat opérationnel à 174,3 millions de francs, un bénéfice net en hausse de 19,3% à 125,2 millions de francs, un ratio de couverture des fonds propres consolidés de 16,5% contre 16,3% en 2020, un dividende de 4,50 francs soit 20% de plus qu’en 2020. Et ce, dans un contexte où le principal soutien de l’économie genevoise a vu ses marges continuer de s’éroder, taux d’intérêt négatifs obligent. La suite avec Blaise Goetschin, CEO de la BCGE.

2021, annus horribilis pour certains, annus mirabilis pour la BCGE, comment l’expliquez-vous?

La BCGE est comme un navire de course doté d’une grande voilure: dès que le vent souffle, il repart plus vite et plus fort. Cette voilure faite de plusieurs toiles se traduit par la diversité de nos activités, 14 métiers répartis sur 31 sites, qui doit tout aux efforts de diversification que nous menons d’arrache-pied, sans jamais perdre de vue le cap de notre mission: contribuer au développement de l’économie genevoise et récompenser la confiance de nos actionnaires. Notre voilure nous permet de capter les reprises, celle de l’après-COVID comme d’autres crises, avant ou après. Notre chiffre d’affaires a ainsi gagné 20% à 439,2 millions de francs, un niveau record auquel tous les métiers ont contribué. Notre croissance est avant tout organique, et dépend de notre stratégie, de notre gestion, et de notre performance, donc le  moins possible d’événements conjoncturels. Notre voilure nous permet également de récompenser la confiance de nos actionnaires. Nous en avons accueilli 355 nouveaux en 2021, qui participent, avec les collaborateurs (77% des 886 collaborateurs sont actionnaires, détenant au total 2,6% du capital), à l’extension du flottant, à la liquidité et à l’attractivité du titre et bénéficieront d’un pay out ratio de 33,4% si le dividende proposé à l’assemblée générale des actionnaires du 3 mai 2022 est accepté.

Vos actifs sous gestion ont dépassé le seuil des 34 milliards, est-ce un simple chiffre ou un seuil symbolique?

Les actifs sous gestion ont augmenté de 7,5%, soit 2,4 milliards de francs de plus qu’en 2020, principalement sous l’effet de l’afflux de clients privés, pour s’établir à 34,1 milliards de francs. Cette croissance valide les axes de notre approche de la clientèle privée. La protection tout d’abord: jusqu’à 2 millions d’avoirs, ils ne paient pas d’intérêts négatifs. La performance ensuite, qui a permis à la gamme Best Of d’enregistrer plus de 1'220 nouveaux mandats de gestion et aux fonds de placement de la gamme Synchrony de totaliser 3,9 milliards de francs, en hausse de 21,7% fin 2021. Le succès que nous connaissons auprès des clients privés doit beaucoup à la qualité des fonds que nous proposons, lesquels ont reçu cette année encore des récompenses ainsi qu’une notation ESG par MSCI ESG Research. Notre plateforme de trading online 1816 a de son côté franchi le cap des 11'000 investisseurs..

L’accompagnement des entreprises basées à Genève avec un rayonnement international nous conduit à renforcer nos propres capacités à l’étranger.
Quelle part joue la montée en puissance du trade finance et du private equity dans votre stratégie de diversification?

Les principaux objectifs de notre stratégie de diversification sont de garantir les niveaux de marge pour compenser l’érosion induite par les taux d’intérêt négatifs tout en réduisant les risques. C’est dans cet esprit que nous travaillons à augmenter le volume des commissions liées aux métiers de la banque privée, du trade finance, du private equity et d’autres activités. Les commissions ont connu une croissance de 17,7% pour représenter 31% du chiffre d’affaires. Nous avons toujours été présents dans le trade finance, une activité hautement conjoncturelle qui s’est avérée en 2021 très porteuse. Non seulement pour la BCGE, mais aussi pour l’économie genevoise dont le trade finance représente environ 30%.  Notre engagement dans le private equity s’est lui aussi révélé payant, notamment nos activités d’investissements directs dans des entreprises suisses menées par notre filiale Capital Transmission lancée en 2009 ou encore d’offres de mandats de conseil pour de gros investisseurs institutionnels (100 militions de francs et plus).

Comment voyez-vous l’équilibre entre votre contribution à l’économie genevoise et vos ambitions internationales?

En contribuant au financement de l’écosystème genevoise, ce que nous avons fait en 2021 et qui reste une de nos priorités pour 2022, la BCGE participe au développement d’une l’économie internationale dans son essence. La BCGE a octroyé quelque 18,4 milliards de crédits à ses 20'762 entreprises clientes (soit 153 de plus qu’en 2020) et aux particuliers, en hausse de CHF 763 millions en 2021, confirmant sa position de contributeur majeur au financement de l’économie genevoise. Les crédits aux entreprises et aux collectivités publiques ont crû de 102 millions de francs. Dans le même temps, l’accompagnement des entreprises basées à Genève avec un rayonnement international nous conduit à renforcer nos propres capacités à l’étranger, en France voisine avec BCGE France, en Asie, au Moyen Orient. Ce pan international est un axe stratégique que nous avons poursuivi même pendant la pandémie de COVID.

Quelles leçons a tiré la BCGE du COVID?

Les plus importantes leçons que nous avons tirées concernent la flexibilité de notre organisation et la proximité avec nos clients. Sur le premier point: si nous sommes toujours en quête d’amélioration de notre cost income ratio – qui est passé de 64,7% au 31 décembre 2020 à 57,8% alors même que nous avons accueilli 15 nouveaux collaborateurs et continué nos investissements dans la digitalisation et la transition énergétique –, nous nous laissons toujours la souplesse quand il s’agit d’aménagement du temps de travail. Cette approche nous a permis de garantir une présence opérationnelle constante même au pire des pics de la crise sanitaire tout en évitant la contamination. Sur le deuxième point, nous avons été en mesure de garder nos agences ouvertes et nos conseillers à l’écoute de nos clients. Forts de cette expérience, conscients que le télétravail n’est pas forcément adapté à notre activité, nous réfléchissons à repenser notre manière de travailler, l’espace de travail notamment: passer du «home office» au «office home», de bureaux en open space à des espaces dédiés, promouvoir les téléconférences internes... Un projet qui nous occupera en 2022.

Quelles sont vos priorités et perspectives pour 2022 ?

Parmi les sept priorités, trois concernent l’engagement de la BCGE vis-à-vis de Genève: consolider notre rôle de partenaire central de l’économie régionale et des PME, renforcer notre leadership du financement du logement privé  et social dans le canton, accompagner le rayonnement de l’économie et du commerce genevois en Suisse et dans le monde. Nous souhaitons également continuer à développer nos activités de conseils, moins consommatrices de fonds propres, aussi bien aux clients privés et institutionnels qu’aux entreprises, et bien sûr, notre expertise en asset management et en fonds de placement. Nous poursuivrons la digitalisation de nos activités. Enfin, et ce n’est la moindre de nos priorités, la transition énergétique nous occupera pleinement, d’une part en finançant celle de nos clients, privés et entreprises, d’autre part en poursuivant la rénovation de notre réseau d’agence (Versoix en 2021, le siège de l’Ile, déjà raccordé au réseau thermique GeniLac®, dans les deux années à venir) et l’amélioration de notre performance énergétique.

 

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