Cap sur la nouvelle économie chinoise

Salima Barragan

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Les nouvelles règles vont aider les entreprises substitutives aux importations, explique Rebecca Jiang, de J.P. Morgan AM.

Le renforcement règlementaire, qui a fait beaucoup de bruit, a détourné l’attention des efforts accomplis pour garantir l’autosuffisance des secteurs stratégiques. En d’autres termes, exit les importations des pièces d’automatisation industrielle, des semi-conducteurs et des logiciels.  Rebecca Jiang, gestionnaire d’un fonds sur la Chine classé par Citywire en novembre, revient sur sa stratégie: elle maintient un accent sur la technologie et la consommation, en privilégiant les entreprises de la «Nouvelle Chine». Entretien.                                                                              

Quel secteur a le plus contribué à votre performance en 2021 par rapport à l’indice de référence?

C’est la sélection des valeurs financières qui a le plus joué en notre faveur. Nous n'avons pas détenu les grandes banques d'État, mais plutôt des établissements axés sur les consommateurs et le financement des petites et moyennes entreprises.  

Nous avions aussi évité un certain nombre de constructeurs automobiles de véhicules électriques (VE) en raison de leurs problèmes de valorisation, mais nous détenions des producteurs de batteries de VE qui ont eu un effet positif sur la performance. Enfin, nous comptons certaines positions technologiques contributrices, notamment dans les semi-conducteurs spécialisés pour lesquels nous observons une substitution accélérée des importations au profit des producteurs chinois.

Comment les changements réglementaires dont vous avez été témoin depuis le lancement de votre fonds en 1994, ont-ils affecté les entreprises concernées?

Le premier point à retenir ici est que les réglementations ne sont pas nouvelles en Chine qui est depuis longtemps une économie planifiée centralisée traversant des épisodes périodiques de réglementations. Nous avons assisté à un précédent durcissement pas plus tard qu'en 2018, dans des domaines tels que l'approbation des jeux vidéo. Mais cette phase passée, les fondamentaux des entreprises se sont réaffirmés. Ce qui se reproduira.

La plupart des vents contraires auxquels les actions chinoises ont été confrontées récemment sont le résultat du renforcement des politiques gouvernementales.

Par conséquent, tout en reconnaissant que les actions chinoises sont une classe d'actifs volatile, nous pensons qu'il est possible d'adopter une approche rigoureuse et fondamentale pour comprendre ce qui se passe. La plupart des vents contraires auxquels les actions chinoises ont été confrontées récemment sont le résultat du renforcement des politiques gouvernementales en réponse à la reprise de l'économie et des marchés des capitaux après le COVID-19; une reprise qui s'est quelque peu ralentie au cours des deux derniers mois mais qui reste sur la bonne voie.

La forme du message n’est certes pas optimale, mais les réglementations ne sont pas uniques à la Chine et elles ne sont pas toutes négatives pour le marché. De nombreuses mesures sont ciblées, comme la lutte contre les abus monopolistiques. Mais elles ne visent pas à anéantir les objectifs entrepreneuriaux ou démanteler l'innovation des valeurs Internet car le gouvernement reconnaît le rôle clé que l'innovation a joué dans le développement rapide du pays. Cependant, il souhaite que des conditions de concurrence équitables permettent aux petits acteurs de gravir les échelons.

Dans ce contexte, continuez-vous à mettre l’accent sur les géants de la technologie?

Notre volonté d'investir dans la Nouvelle Chine n'est pas affectée par les inquiétudes politiques et économiques à court terme. Nous tenons compte de projections raisonnables à moyen terme dans nos modèles financiers, que nous révisons en permanence. Nous analysons également chaque situation en fonction de notre compréhension du cadre politique pour voir si elle correspond à notre tolérance au risque. Nous continuons donc à mettre l'accent sur la technologie, les soins de santé et la consommation en privilégiant les entreprises de la nouvelle économie qui bénéficieront de l'effort actuel d'autosuffisance. Par exemple, celles qui remplacent les importations de pièces d’automatisation industrielle, de semi-conducteurs et de logiciels. Les vents contraires des politiques pourraient aider ces entreprises à connaître une croissance à deux chiffres durant des années.

Quelles sont les secteurs que vous avez renforcés?

Récemment, nous avons profité des valorisations attrayantes pour augmenter notre exposition à certaines valeurs de consommation de base, car nous sommes convaincus que ce secteur continuera de croître en Chine à moyen et long terme. Cette tendance profitera à toutes les catégories de capitalisations boursières, car les entreprises bien gérées, dotées de marques fortes et contrôlant leurs canaux de distribution, sont capables de répercuter la majoration des coûts de production.

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