Le plan d’action des FinTechs vertes sera débattu en présence du conseiller fédéral Ueli Maurer le 19 mai. Eclairage d’Antoine Mach de Covalence.
Début avril le réseau des FinTechs vertes présentait son plan d’action1. Lancé à l’initiative du Conseil fédéral, ce plan cherche à faire de la Suisse l’un des centres mondiaux des services financiers numériques et durables. Il s’agit de 16 propositions concrètes axées sur cinq piliers et qui visent à combiner technologies numériques et finance durable. Ces propositions vont de la création d'une plateforme de données sur la durabilité à la promotion de l'open finance ou à l'extension des possibilités de financement des FinTech vertes, en passant par le lancement d'un concours d'innovation pour les start-ups du domaine. Composé de start-ups et d’experts du domaine des FinTech vertes, le réseau entend que cette initiative incite les autorités, les associations, les milieux scientifiques et les entreprises à présenter des propositions qui feront l'objet d'une vaste discussion lors d'une table ronde présidée par le conseiller fédéral Ueli Maurer le 19 mai. Parmi les membres du réseau nous retrouvons Antoine Mach, cofondateur et associé-gérant de Covalence, qui apporte un éclairage sur le plan d’action.
L’initiative vient du secrétariat pour la finance internationale de la Confédération et plus particulièrement de Christophe Baumann qui est à l’heure actuelle le secrétaire du réseau. C’est une initiative assez informelle qui vise à éviter les rouages administratifs pesants. Le groupe actuel, composé de FinTechs vertes et de l’écosystème qui les soutient, n’est pas figé et sa durée de vie sera limitée. Parmi les Romands vous y trouverez Fabio Sofia et moi-même. Sa mission est de bâtir un plan d’action pour exploiter la puissance de la finance numérique au service de marchés financiers durables. Nous n’en sommes qu’aux propositions, aux projets, aux pistes et l’exécution même du plan sera réalisée par toutes sortes d’entreprises. Notez que le rôle de la Confédération n’est pas de financer l’initiative mais de lui donner une impulsion, une direction. Ce sera au secteur privé d’agir.
Ce sont des sociétés de technologie qui participent du mouvement vert, avec, par exemple, la collecte et le traitement des données ESG, la production et l’exploitation d’images satellites ou encore l’utilisation de l’internet des objets pour surveiller les émissions de CO2 ou de gaz à effet de serre. Covalence en fait partie puisque nous évaluons et notons les entreprises en matière d’ESG, même si la Confédération semble davantage s’intéresser pour l’instant au E qu’au S ou au G.
Il est structuré autour de cinq thèmes. Faciliter l’accès aux données, encourager les jeunes pousses, promouvoir les services innovants auprès de l’industrie et des particuliers, faciliter l’accès au capital, stimuler l’écosystème et l’innovation. Attention, si les intitulés peuvent paraître assez génériques, le contenu est beaucoup plus concret et détaillé.
L’une des recommandations est la création d’une plateforme internationale de données sur la durabilité. En effet, à l’heure actuelle, les données environnementales sont très dispersées et permettent difficilement une vision cohérente, complète et unifiée. L’une des premières étapes serait d’en assurer l’assemblage et la cohérence, ce qui sera plus vite dit que fait. En établissant un lien direct entre fournisseurs et utilisateurs de données, cette plateforme devrait permettre de gérer plus efficacement les informations. Par ailleurs, le gouvernement devra veiller à ce que les acteurs suisses aient accès aux principaux ensembles de données sur la durabilité, en particulier aux différents registres de l’Union européenne. Notez également que, pour les startups, acquérir des données est couteux et forme une barrière au développement d’idées et d’approches nouvelles. Il faudrait donc en faciliter l’accès pour les jeunes entreprises afin de leur permettre de tester leurs hypothèses. Enfin, il faut absolument sensibiliser les entreprises au risque climatique et les amener à améliorer la qualité des informations qu’elles fournissent sur leur durabilité.
Comme je l’évoquais plus tôt, en Suisse, l’Etat ne finance pas les sociétés privées. Par contre il doit offrir un cadre réglementaire qui encourage les entrepreneurs à lancer leur FinTech verte en Suisse, qu’ils soient suisses ou étrangers, afin de réunir ici les meilleurs talents. Il peut également stimuler leur développement par des filières d'accélération qui seraient spécifiques aux FinTechs vertes. Enfin, il faudrait tirer parti de la nouvelle loi suisse sur la technologie du registre distribué (DLT) qui positionne la Suisse en leader mondial. La confédération soutient déjà la finance durable et le numérique: les FinTechs vertes sont au croisement des deux domaines et doivent tracer leur propre chemin.
Il conviendrait d’assouplir certaines règles pour faciliter l’investissement dans le capital-risque. Il faudrait également, comme on en parle depuis des années, réduire les contraintes applicables aux fonds de pension suisses afin de les autoriser à tirer parti des rendements générés par les FinTechs vertes. Enfin, il est aussi question d’ouvrir un fonds de fonds nourri par les obligations vertes de la Confédération, -en prenant exemple sur ce que fait l’Allemagne dans ce domaine -, une sorte de fonds souverain qui pourrait prendre quelques risques avec des startup suisses durables.
A partir du 19 mai, date prévue de la table ronde sur le plan, présidée par le conseiller fédéral Ueli Maurer. Certaines Initiatives pratiques sont attendues sur des points particuliers. Quant aux changements légaux les propositions sont déjà présentes sur la scène politique suisse.