La chronique des marchés de Vontobel au 4 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq +1,5%, SPX +1,08%, Dow +0,90%, Russell +0,88%, SOX +2,3%, Eurostoxx +1,4%, SMI +1,9%.

 

Wall-Street entame le mois de juin de la meilleure des façons. Le sentiment du marché se porte beaucoup mieux après qu’une solution ait été trouvée jeudi soir en Italie, le Quirinal accouchant finalement aux forceps d’un gouvernement «euro-compatible». En Espagne, le premier ministre Mariano Rajoy est démis de ses fonctions par les députés et c’est le socialiste Pedro Sanchez qui prend sa place. Le nouvel homme fort de Madrid aura fort à faire car il doit la chute de son prédécesseur à 7 différentes formations qui vont toutes lui présenter leurs doléances. Le dossier espagnol n’est manifestement pas clos. La guerre commerciale se poursuit, Donald Trump a commencé vendredi à imposer des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium en provenance de l’Union Européenne, du Canada et du Mexique. Des représailles plutôt molles sont annoncées par Bruxelles mais ce qui nous intéresse, c’est la réaction des marchés financiers à ces différents événements. Et bien il semble que les indices d’actions aient des nerfs d’acier et soient plus haussiers que bon nombre d’intervenants le pensent. Des indices au sentiment fragile auraient probablement été mis à genoux par les différents épisodes récents, ce d’autant plus que vendredi la statistique des créations d’emplois aux Etats-Unis a dépassé les attentes: plus de postes créés que prévu, un taux de chômage au plus bas depuis 1969 (3,8%) et surtout des salaires horaires moyens en meilleure progression que prévu. Rappelons-nous, c’est exactement cette statistique qui a provoqué la chute des marchés en février.

Sauf qu’aujourd’hui le sentiment est différent. D’ailleurs l’indice Russell des 2000 plus petites capitalisations du NYSE a clôturé vendredi à un nouveau record historique, c’est bien souvent un indicateur avancé. Certes l’indice S&P500 (SPX) est seulement en légère hausse cette année mais il s’est repris depuis la fin mars et traite dans un canal haussier depuis. Son P/E, son rapport cours actuel contre bénéfices estimés, est passé de 18,2 en début d’année à 16,5 aujourd’hui, il est donc moins cher, plus «fréquentable». Son rendement du dividende est d’un peu moins de 2%, ce à quoi il faut ajouter l’effet des rachats d’actions propres, qui compte pour 3%. Attention à certains titres de large caps. Historiquement, les valeurs dites de momentum surperforment le SPX jusqu’à 70%, aujourd’hui cette moyenne est plutôt de 120%. Ne pas oublier d’avoir en portefeuille des titres de qualité présentant un bon «Return on Equity», peu de dette, une bonne visibilité de résultats et un dividende attractif et en croissance constante.

Pour en revenir au marché, la volatilité (VIX) rend logiquement du terrain, le dollar se replie quelque peu et l’euro reprend du poil de la bête. Ce matin la monnaie unique du vieux continent traite à 1,1692 contre le billet vert et 1,1539 contre le franc. Techniquement, cela vaut la peine de tenter un achat dans ces niveaux. Le marché obligataire se détend, le rendement du 10 ans US à 2,92% alors que le spread (l’écart) entre le 10 ans Italie et le 10 ans Bund (Allemagne) redescend à 216 points de base après avoir atteint un pic à 314 la semaine passée. Le pétrole (WTI Light Crude) en retrait à 65,88 $ le baril et l’or ne bouge pas, à 1293 $ par once.

Cette semaine les flux de statistiques économiques et de résultats d’entreprises resteront limités. On suivra de près l’évolution de la guerre commerciale, la conférence des développeurs organisée par Apple dès aujourd’hui, le sommet Trump – Abe jeudi, qui servira notamment à préparer la rencontre du 12 juin entre les présidents américain et nord-coréen. Vendredi débutera le G7 à Québec.

Les places financières européennes ouvrent en hausse d’environ 0,7%. Chez nous aussi le sentiment s’est quelque peu amélioré mais on reste attentif à l’évolution des dossiers italien et espagnol. De plus les actions européennes semblent moins rencontrer les faveurs des investisseurs que leurs alter ego américaines, malgré les différences notoires de performances cette année encore. D’ailleurs, le fameux adage «sell in May and go away», qui nous vient des Etats-Unis, s’applique pour le moment à l’Europe, l’Eurostoxx en recul de 2% le mois passé, le SMI -2,9%. En revanche chez l’Oncle Sam c’est +2,6% pour le SPX et +4,8% pour le Nasdaq.

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