La chronique des marchés de Vontobel au 1er juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq -0,27%, SPX -0,69%, Dow -1,02%, Russell -0,76%, SOX -0,80%, Eurostoxx -1,01%, SMI -1,42%.

 

Wall-Street termine en baisse, le spectre d'une guerre commerciale l'emportant nettement sur les avantages supposés du protectionnisme aux yeux des investisseurs (blanket protectionism). Certaines valeurs sidérurgiques progressent, mais de nombreux autres secteurs reculent dans la crainte d'une hausse de leurs coûts et de représailles commerciales. Les valeurs technologiques résistent toutefois mieux dans l’ensemble. Sur mai, les trois indices américains ont progressé de 1,3% (Dow), 1,9% (S&P500 – SPX) et de 4,3% pour le Nasdaq. Depuis le début de l'année, le Nasdaq progresse de près de 8%, notamment grâce à de très bons résultats de sociétés au Q1, et surperforme ainsi nettement les autres grands indices (-1,2% pour le Dow et +1,2% environ pour le SPX).

Les querelles commerciales ont largement dominé la séance d’hier, les investisseurs craignant qu'elles ne débouchent sur une véritable guerre commerciale, notamment avec la Chine, un scénario qui pénaliserait de nombreuses entreprises américaines exportatrices. Le secrétaire au Commerce américain, Wilbur Ross confirme, comme le craignaient les marchés ces derniers jours, que Washington imposera bien, dès ce vendredi 1er juin, des taxes d'importation de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium en provenance de l'Union européenne, du Canada et du Mexique. Tous les pays concernés, qui réclamaient une exemption définitive de ces taxes, annoncées en mars dernier par Donald Trump, ont vivement réagi en menaçant à leur tour les Etats-Unis de taxer les produits américains. Bruxelles prépare des taxes sur 3,4 mlliards de dollars de produits américains, Ottawa sur 16,6 milliards de dollars et le Mexique a aussi annoncé des taxes, notamment sur des produits agricoles américains. En outre, l'UE annonce qu’elle saisira l'OMC.

Pour en revenir au marché, outre les craintes de guerre commerciale, les indices subissent l’habituel «month end selling», les ventes de fin de mois. Cela se voit en clôture avec une importante pression vendeuse. De son côté, Madame Brainard, de la Fed, pense que les valorisations actuelles sont… les valeurs de l’énergie reculent quelque peu, signe d’une certaine aversion au risque. Du côté des gagnants du jour, on retrouve les voitures avec General Motors en vedette, GM progressant de plus de 12% après l'annonce d'une entrée du japonais Softbank dans le capital de sa filiale de conduite autonome. Harley Davidson rend 2,1%, la société étant ciblée par les taxes que l’Union Européenne compte imposer aux Etats-Unis. Alphabet gagne 2%,  Dara Khosrowshahi, le patron du leader californien des VTC Uber, a expliqué que son groupe discutait avec Waymo, filiale d'Alphabet dédiée aux voitures autonomes. Du côté obscur de la force, Guess s’effondre de 20% après avoir publié ses résultats du premier trimestre.

Mais l’essentiel est ailleurs, ce matin l’Italie se réveille avec un gouvernement!

Les partis M5S et La Ligue ont formé hier soir un nouveau gouvernement mené par le juriste Giuseppe Conte. Cette fois, le président Mattarella a donné son accord. Les chefs de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), Luigi Di Maio, et de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini deviennent vice-premiers ministres, et comme il le souhaitait, M. Salvini hérite également du ministère de l'Intérieur, tandis que M. Di Maio est nommé ministre du Développement économique. L'euro-sceptique Paolo Savona est finalement nommé aux Affaires européennes (quel sens de l’humour…). Le ministère clé de l'Economie et des Finances revient finalement à Giovanni Tria, un professeur d'économie politique proche des idées de la Ligue (qui prône notamment une baisse radicale des impôts), mais qui s'est prononcé résolument en faveur du maintien de l'Italie dans l'euro. Le ministère des Affaires étrangères a été confié à Enzo Moavero Milanesi, un responsable pro-européen, qui a travaillé pendant 20 ans à Bruxelles et a été ministre des Affaires européennes de Mario Monti et d'Enrico Letta de 2011 à 2014. le «spread», l'écart très surveillé entre les taux allemand et italien à dix ans, qui avait franchi la barre des 300 points mardi, a continué à baisser pour atteindre 238 points hier et 218 ce matin. L'euro, qui souffrait de la crise politique italienne depuis une semaine, reprend plus de 1% et traite à 1,1697 contre dollar ce matin.

Deux sondages diffusés mercredi par les médias italiens ont montré qu'une grande majorité d'Italiens, entre 60% et 72%, souhaitent un maintien de leur pays dans l'euro.

C’est donc soulagés que les indices européens ouvrent ce matin, l’Eurostoxx gagne 1%, porté par les secteurs de l’énergie, financier, technologique et industriel. Milan bondit de près de 3%. Comme déjà indiqué, l’euro se reprend et les rendements obligataires baissent. Les valeurs bancaires rebondissent partout en Europe, même Deutsche Bank qui a pourtant été dégradée par S&P. En Espagne, le premier ministre Mariano Rajoy est sur le point de chuter (vote à midi et demi) et tous les yeux se tournent désormais vers les statistiques de l’emploi aux Etats-Unis, qui seront publiées cet après-midi à 14h30. On attend un taux de chômage à 3.9%, 190'000 créations d’emplois et il faudra surveiller de près les salaires horaires, la clé vers l’inflation.

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