La chronique des marchés de Vontobel au 17 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Dow +0,25%, S&P 500 +0,41%, Nasdaq +0,63%, Russell 2000 +1,00%, Eurostoxx -0,04%, SMI -0,23%.

 

Wall-Street repart à la hausse malgré les taux obligataires américains qui décollent, le rendement de l’emprunt US à 10 ans cassant sa résistance de 3,05% et traitant à 3,11% ce matin. C’est un phénomène très intéressant et les prochaines séances nous diront si le marché des actions a finalement accepté et / ou intégré l’idée que les taux doivent bien remonter un jour, signe d’une économie en bonne forme. Notons par ailleurs que cela fait deux séances que l’indice Russell des 2000 plus petites capitalisations américaines surperforme ses grand frères S&P500 (SPX) et Nasdaq. On considère le Russell 2000 comme un indicateur avancé et l’image des généraux (SPX et Nasdaq) qui grimpent la colline en compagnie de leur armée (Russell 2000) est rassurante. Lorsque les petites et moyennes entreprises d’un pays vont bien, c’est signe de bonne santé générale. Nous voici donc avec un marché des actions américaines qui semble reparti de plus belle, l’indice Russell 2000 clôture à son plus haut niveau de tous les temps alors que le SPX repasse au-dessus de sa moyenne mobile à 100 jours et ne se trouve «plus» qu’à 5,2% de son niveau record. 

Certes les actions US sont plus chères que leurs consoeurs européennes, certes elles offrent un rendement du dividende nettement inférieur mais il ne faut pas oublier que 2018 sera une année record en termes de rachats d’actions par les entreprises. On estime que 650 milliards de dollars seront «effacés» du marchés cette année, c’est nettement plus que le record précédent. Si l’on compare ce chiffre à la capitalisation boursière totale du SPX (23 trillions de dollars), on obtient 3% soit un rendement supplémentaire de cet ordre. Ajouté au rendement du dividende du SPX, actuellement de 1.9%, on obtient donc près de 5% en investissant en actions US alors que le rendement du dividende de l’Eurostoxx 50 s’élève à 3,4%. Ceci explique peut-être cela…

Pour en revenir à la séance d’hier, au registre des secteurs, les materials mènent le bal, les actions liées aux matières premières étant recherchées. Les titres de consommation sont également demandés et notamment Macy’s, qui s’adjuge 11%. Les financières ne profitent pas de la remontée des taux obligataires, probablement inquiètes des remous italiens, l’indice milanais MIB abandonnant 2,3% sur des rumeurs que les deux partis qui vont gérer le pays souhaiteraient sortir de l’euro, rumeurs démenties mais le mal était fait et les actions bancaires italiennes ont particulièrement souffert hier. 

La volatilité revient en-dessous des 14 (VIX), l’or passe en-dessous des 1’300 dollars par once et le dollar index DXY rend un peu de terrain. La paire euro/dollar est à 1,1810 ce matin alors que l’euro-suisse se situe à 1,1826. Le pétrole repart vers le nord, le WTI Light Crude à 71,75 dollars le baril actuellement.

Les facteurs géopolitiques ont été un peu mis de côté hier, même si les investisseurs suivent de près le regain de tensions autour de la Corée du nord. Cette dernière menace d’annuler le sommet entre Kim Jong-un et Donald Trump prévu le 12 juin prochain.
Pyongyang dénonce les exercices militaires annuels débutés en Corée du Sud entre les forces américaines et sud-coréennes, le 11 mai. La Corée du Nord menace d’annuler le sommet si l’administration américaine «nous mettait au pied du mur et exigeait unilatéralement que nous renoncions à l’arme nucléaire».

Ce matin les indices boursiers européens ouvrent en légère hausse, Milan rebondissant de 1%. Le secteur technologique / internet devrait bien se porter après les excellents résultats de la société Tencent (700 HK) qui bondit de 4,7% à la bourse de Hong-Kong. Sulzer gagne 1,1% après que HSBC l’ait relevée à «garder». La livre sterling reprend quelque poil de la bête suite à un article du Telegraph affirmant que Londres aurait annoncé à Bruxelles que le Royaume Uni serait prêt à rester dans l’Union Européenne sur une base «à la carte» au-delà de 2021. Accords bilatéraux en vue? 

La journée sera peu chargée en statistiques économiques, je retiens tout de même les demandes hebdomadaires d’allocations chômage aux Etats-Unis ainsi que l’indice Philly Fed. Ne nous y trompons pas, le nerf de la guerre se situe dans les taux d’intérêts et les monnaies. Les résultats de sociétés sont derrière nous ou presque, la partie géopolitique nous permet de souffler quelque peu, il faut suivre de près le dix ans US, la courbe des taux, le dollar et l’euro et surtout la réaction des actions à la remontée des rendements. Le premier test a été passé avec succès.

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