Wall Street termine bien sa semaine. Jerome Powell fait les gros yeux aux taureaux jeudi, cela fonctionne le temps d’une séance, le marché semble lassé comme rarement d’entendre la Fed inlassablement lui raconter la même histoire, on réclame la face B sur les parquets de trading (si vous ne comprenez pas cette dernière phrase, bonne nouvelle vous êtes jeune). Vendredi les investisseurs dédaignent les résultats préliminaires de l’enquête de novembre de l’université du Michigan, qui montrent un faible sentiment des consommateurs, accompagné d’attentes plus élevées en matière d’inflation. On préfère se concentrer sur l’annonce faite par Taiwan Semiconductor que ses ventes ont bondi en octobre et c’est tout le secteur des semi-conducteurs qui sabre le champagne, entrainant le reste de la tech avec lui, mastodontes compris. Et quand les cadors de la cote se portent bien, c’est le NYSE tout entier qui passe une jolie journée. La semaine précédente avait été superbe, celle qui vient de se terminer n’est pas mal non plus, qui voit l’indice S&P500 (SPX) progresser de 1,31%, le Nasdaq100 (NDX) avancer de 2,85% et le SOX (Semi-conducteurs) gagner 3,97%. Une fausse note est à signaler, la performance hebdomadaire des petites et moyennes capitalisations, l’indice Russell2000 (RTY) rend 3,15%, il est proche de son support ceci dit (1650 contre 1705 pts à la cloche vendredi).

Le SPX récupère sa moyenne mobile à 100 jours en clôture, tout comme le niveau de 4400 points. Le NDX accélère sa course vers le nord, il vise désormais son top de juillet à 15'932 pts, clôture vendredi à 15'529 pts. La volatilité recule significativement vendredi, le VIX perd 7,3% et clôture à 14,17, techniquement il a de la place jusqu’à 12,68. Les 11 secteurs du SPX progressent sur la séance, menés par la tech, les services de communication et la consommation discrétionnaire. Les sept magnifiques mènent la charge, rien ne peut arriver aux taureaux dans un tel contexte, on sent un retour marqué du FOMO (Fear Of Missing Out) sur les parquets de trading. Les rendements obligataires se stabilisent, le 10 ans US traite ce matin à 4,65%, son support à court terme est à 4,60% (moyenne mobile à 50 jours). Le dollar rend du terrain, la paire EUR/USD est à 1,0693, le pétrole revient à 76,35 dollars par baril de WTI Light Crude mais recule de 5% sur la semaine (le conflit entre Israël et le Hamas ne perturbe pas l’offre régionale pour le moment, tandis que la demande en provenance de Chine reste préoccupante). Enfin l’or glisse encore un peu, l’once revient tester sa moyenne mobile à 200 jours (1938 dollars contre la 200 dma à 1935 dollars).

Le dollar, le pétrole et l’or en baisse, cela indique une détente générale du sentiment du marché, accompagnée de craintes d’inflation en repli (l’essence coûte moins cher). Un rebond fulgurant a permis au SPX de clôturer dans le vert au cours de neuf des dix dernières séances et de gagner 7,2% durant les deux dernières semaines, ce qui constitue sa meilleure période de l'année. Il semble que bon nombre d’investisseurs parient sur le fait que ce rebond ne soit pas terminé, les paris baissiers des fonds spéculatifs et autres gestionnaires de fonds sur le SPX sont récemment tombés à leur plus bas niveau depuis juin 2022, selon les données de la Commodity Futures Trading Commission. Les positionnements contre le NDX sont tombés à leur plus bas niveau depuis mars. Avec la baisse récente des rendements obligataires, les investisseurs abandonnent également les opérations qui seraient profitables si les mastodontes de la tech venaient à tousser à nouveau. D’après Bank of America, les paris qui rapporteraient si les Sept Magnifiques trébuchaient sont proches de leur plus bas niveau historique.

Bref, en regardant mes écrans, par la fenêtre et les vitrines des grands magasins, je me demande si le marché ne serait pas en train de se positionner en vue d’un rallye de Noël.

Notons au passage que le SPX progresse de 15% depuis le premier janvier, alors que l’indice S&P500 Equal Weighted est légèrement négatif sur la même période. Cela nous rappelle une fois encore que les mastodontes de la tech sont toujours aux manettes de la tendance globale du marché.

Précisions au passage que tout ce qui précède concerne les Etats-Unis. Sur le vieux continent l’ambiance est toute autre et l’écart de performance entre Wall Street et les principaux indices européens commence à méchamment piquer les yeux. La mécanique de positionnement semble bien engagée aux Etats-Unis, alors que de l’autre côté de l’Atlantique on hérite de résultats de sociétés plus mitigés et on fait avec une banque centrale partagée entre le nécessaire combat contre l’inflation et une économie plutôt morose. En zone euro, le PIB au troisième trimestre est tombé à 0,1%. La croissance en zone euro devrait atteindre 0,7% contre 2,1% pour les USA, en glissement annuel.

Moody’s abaisse vendredi la perspective de la notation crédit des USA de stable à négative, mais maintient le «triple A» du pays. Le président de la chambre des représentants, Mike Johnson, dévoile samedi une mesure visant à éviter une fermeture partielle des administrations fédérales américaines avant la date limite du 17 novembre.

Morgan Stanley prévoit que la Fed procédera à des réductions importantes de taux au cours des deux prochaines années, ramenant le taux directeur à 2,375% d'ici à la fin de 2025. Goldman, pour sa part, prévoit une réduction au quatrième trimestre 2024, suivie de réductions trimestrielles jusqu'à la mi-2026, les taux s'établissant alors à 3,5%-3,75%. Le directeur général David Solomon déclare au HKEJ que la probabilité d'une récession américaine a diminué de manière significative.

De hauts responsables israéliens et américains laissent entendre que les pourparlers visant à obtenir la libération des otages détenus par le Hamas s'intensifient. Les États-Unis ont frappé un centre d'entraînement et une planque dans l'est de la Syrie lors de leurs dernières frappes aériennes contre des cibles liées à l'Iran. La banque centrale d'Israël demande à tous les prêteurs de revoir leurs dividendes et leurs rachats d'actions.

Novo Nordisk affirme que les bénéfices cardiaques de Wegovy ne sont pas uniquement dus à la perte de poids, dans des données publiées samedi lors de l’AHA. Continental botte en touche après des rumeurs de suppression de 5500 emplois. Booking règle son litige fiscal en Italie en versant 94 millions d'euros. Google en pourparlers pour investir dans la startup CharacterAI.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis Séoul qui égare 0,24%. Tokyo grappille 0,05%, Shanghai monte de 0,25% et Hong Kong avance de 1,3%. Le future SPX rend 16 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,4%. C’est demain que sera publiée la principale statistique macro de la semaine: l’indice américain des prix à la consommation, le marché va probablement rester plutôt neutre jusque-là.