Gonet: l'actualité des marchés au 6 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,66%, S&P 500 +0,94%, Nasdaq +1,38%, Russell +2,71%, SOX +2,55%, Eurostoxx +0,12%, SMI -0,12%.

La bourse à court terme, c’est un peu comme le jeu de l’échelle, on croit qu’on va gagner et plouf retour à la case départ. La bonne nouvelle, c’est que ça marche aussi dans l’autre sens.

Lundi passé, tout un chacun pensait être de retour à la case départ, le sentiment était de plus en plus négatif, surtout parmi les petits porteurs (AAII: American Association of Individual Investors). Les CTAs (Commodity Trading Advisor) étaient de plus en plus short, seulement 25% des actions de l’indice S&P500 (SPX) traitaient au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours alors que l’indice lui-même était proche d’entrer en territoire extrêmement survendu. Bref, lundi passé le sentiment des investisseurs s’était égaré en pays de Mordor.

Et puis Jerome-Gandalf est arrivé, sans se presser, et nous explique mercredi soir que la Fed pourrait avoir terminé de relever ses taux pour le moment, sans toutefois exclure une nouvelle augmentation. Le patron de la Fed murmure donc aux oreilles du marché ces mots doux tant espérés, qui permettent au plus grand nombre de se remettre à rêver de robinets de liquidités grands ouverts et d’un SPX gonflé aux stéroïdes. Hasard du calendrier ? La vraie surprise de la semaine passée vient du Trésor des Etats-Unis, qui annonce avoir besoin de moins de financement que prévu, et les rendements obligataires de se détendre comme rarement. Cerise sur le gâteau, le rapport mensuel sur l’emploi américain publié vendredi nous apprend que la première économie du monde a créé moins de postes de travail que prévu au mois d’octobre, tandis que le taux de chômage remonte légèrement, là encore une nouvelle encourageante pour les taureaux, qui n’en demandaient probablement pas tant.

Résumons: la Fed semble sur le point de lâcher prise, le Trésor américain a besoin de moins de sous que prévu, le dernier rapport sur l’emploi pointe vers une économie en  mode « boucles d’or » (ni trop chaud, ni trop froid, le top pour les taureaux) et les résultats de sociétés américaines dépassent allègrement les prévisions, alors que plus de 85% des firmes du SPX ont déjà publié leurs chiffres.

On assiste à du positionnement la semaine passée, notamment dans les petites et moyennes capitalisations ainsi que les titres de croissance, le SPX réalise vendredi sa cinquième séance consécutive de hausse et gagne près de 6% sur la semaine. Le Russell2000 (les 2'000 plus petites capitalisations de la cote US) progresse de près de 8%. Tous les secteurs du SPX ou presque montent vendredi, l’énergie boude, pénalisée par un baril de WTI Light Crude qui se languit légèrement au-dessus de 80$. Notons que la belle performance de vendredi se fait sans la mère de toutes les actions, Apple qui recule de 0.5% après avoir déçu lors de la publication de ses résultats la veille. C’est donc une semaine que l’on peut qualifier de faste pour les marchés d’actions du globe, US en tête, rappelons ici que la première semaine de novembre est souvent la meilleure de l’année (saisonnalité).

Le rendement du 10 ans US, qui testait 5% il y a peu, revient ce matin à 4.59%, il regarde sa moyenne mobile à 50 jours qui évolue à 4,55%. Les Fed Funds sont rentrés de Normandie, ils ont à nouveau des choses à dire et prévoient une première baisse de taux le 31 juillet 2024 (67% de probabilités). Ce n’est pas ici une conviction unanime, mais le vent a tourné aussi sur cette partie-ci, c’est à suivre de près. Le SPX récupère ses moyennes mobiles à 50 et 200 jours la semaine passée, c’est loin d’être un détail, l’indice regarde désormais sa 100 jours qui évolue à 4403 points, clôture vendredi à 4358 pts. Le Nasdaq100 (NDX) repasse quant à lui au-dessus de ses 50 et 100 jours, il récupère également le niveau de 15'000 points (15099 pts à la cloche vendredi). Côté volatilité, c’est sans surprise que l’on assiste à une débandade en bonne et due forme, le VIX perd 30% sur 5 séances et repasse sous le niveau de 15, il a de la place pour glisser plus encore, objectif technique 12,68. Le dollar rend les armes, la paire EUR/USD décolle à 1,0746, prochain niveau de résistance 1,0805, c’est là que passent les moyennes mobiles à 100 et 200 jours.

L’or semble tenu en respect par le niveau de 2'000 dollars par once, cours actuel 1985$, pourtant la faiblesse du billet vert devrait l’aider mais la hausse récente a probablement besoin d’être digérée.

Les troupes israéliennes ont entièrement encerclé la ville de Gaza, coupant ainsi la partie nord de la bande de Gaza du sud, déclare un porte-parole de l'armée. Antony Blinken fait une escale imprévue à Bagdad après avoir rencontré Mahmoud Abbas en Cisjordanie. Les responsables de la Maison Blanche estiment que la campagne israélienne a fait trop de victimes civiles et manque d'une finalité cohérente, mais ils peinent à exercer une influence significative sur leur allié, rapporte le Washington Post.

Au menu macro-économique du jour, la seconde lecture des indices PMI des services pour les grandes économies sera disponible sur la journée, notamment en France (9h50), en Allemagne (9h55) et en Europe (10h00).

Berkshire Hathaway affiche un résultats opérationnel et un trésor de guerre records. Ryanair prévoit un bénéfice annuel record et promet des dividendes réguliers. Telecom Italia approuve la vente de son réseau à KKR pour 22 milliards d'euros, Vivendi s'insurge et réfléchit à une réponse juridique. Apollo va investir 1 milliard d’euros dans le portefeuille de Vonovia en Allemagne. Dufry s'appelle désormais Avolta.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, la brise rassurante en provenance de Wall Street fait son effet. Tokyo gagne 2,37% à la cloche, Hong Kong avance de 1,61%, Shanghai progresse de 0,91% et Séoul se met en mode Space-X, le Kospi décolle de 5,6% après que le régulateur a réimposé une interdiction totale de ventes à découvert (shorts) pendant environ huit mois. Le future SPX grappille 5 points et l’Europe ouvre en légère hausse de 0,1%.

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