Gonet: l'actualité des marchés au 11 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,47%, S&P 500 -1,81%, Nasdaq -2,10%, Russell 2000 -1,55%, SOX -3,22%, Eurostoxx -0,17%, SMI -0,44%.

Wall Street encaisse plutôt bien l’uppercut de l’inflation mais ne supporte pas le second coup, porté par le patron de la Fed de Saint-Louis James Bullard. L’indice américain des prix à la consommation sort à 7,5% en janvier (d’année en année), les économistes prévoyaient 7,3%, en décembre c’était 7%. Cela nous ramène à 1982. En plus, si l’on regarde l’indice de plus près, on constate que ce sont les prix de l’alimentation qui ont le plus progressé. Les lignes se mettent à bouger immédiatement, mais la réaction du marché reste mesurée jusqu’à 18h45, moment choisi par James Bullard pour sortir du bois et appeler à relever les taux d'un point de pourcentage complet d'ici le milieu de l'année. «J'aimerais voir 100 points de base dans la poche d'ici le 1er juillet», déclare le patron de la Fed de Saint-Louis et membre votant au FOMC. Il reste indécis sur l'opportunité d'un mouvement de 50 points de base en mars. C’en est trop pour le marché, qui courbe l’échine.

La courbe des taux US s’affole et envoie le rendement du 2 ans en orbite, tandis que le 10 ans dépasse les 2%. On parle déjà d’inversion de la courbe dans les salles de marchés et la rumeur d’une hausse de taux surprise par la Fed fait le tour des machines à café. Le marché des swaps price désormais 80% de probabilités de 50 points de base de hausse en mars, rappelons ici que l’indice des prix à la consommation sera publié à nouveau, le 10 mars, puis 6 jours plus tard la Fed annoncera sa décision.

Sur le front des indices d’actions, on assiste à un retour de l’aversion au risque, tous les secteurs du S&P500 (SPX) se replient avec une mention spéciale aux grosses capitalisations technologiques. Le breadth est déplorable, seulement 13% des valeurs du SPX clôturent dans le vert. Les volumes d’échanges augmentent légèrement, on n’assiste en rien à une forme de capitulation hier. En revanche la volatilité se fait plaisir, le VIX décolle de 20% et revient légèrement en-dessous de 24. Le SPX repasse en-dessous de sa moyenne mobile à 100 jours, mais reste protégé par sa 200 jours, qui se situe environ 55 points en-dessous de son niveau actuel.

Côté monnaies, le dollar se renforce un peu, mais pas trop, contre l’euro, la paire évolue à 1,1375 ce matin. Le pétrole reste stoïque, le baril de WTI Light Crude évolue juste en-dessous de 90 dollars. Quant à l’or, supposé être un remède à l’inflation, il recule à 1823 dollars par once.

Le marché craint de plus en plus que la Fed soit dépassée par les événements, le décollage vertical de la partie courte de la courbe des taux hier l’illustre. Les propos de James Bullard ont également fait du mal à la psyché collective. Ce même James Bullard qui, il y a environ dix jours, affirmait ne pas voir l’utilité d’une hausse de 50 points de base en mars. En parallèle, on s’inquiète dans les salles de marché que l’économie ne résiste pas à des hausses agressives, de 100 points de base d’ici à juillet par exemple. Et le 10 ans US qui franchit la ligne des 2% de rendement va peut-être remettre en question le TINA (There Is No Alternative…but stocks). 2% de rendement pour une dette réputée solide contre un rendement actuel du dividende du SPX à 1,35%, ça laisse songeur. Cela nous ramène aux résultats de sociétés, qui restent globalement très bons et que le marché ne regarde plus trop ce matin, obnubilé par cette satanée inflation.

Les indices vont probablement à nouveau entrer dans une zone de turbulences ces prochains jours et, comme d’habitude, de belles opportunités apparaitront. La pression vendeuse de cette année vient probablement des quants et des CTAS, qui shortent chaque événement inflationniste, tandis que les gestionnaires de portefeuilles (long only) accumulent des valeurs (notamment cylcliques) sur faiblesse. Les hedge funds semblent pris entre deux feux et attendre que la poussière retombe sur le marché obligataire avant de se remettre dans les indices d’actions. Il devient de plus en plus compliqué de se positionner dans le bon secteur en ce moment. En revanche, choisir les bonnes entreprises reste tout à fait possible, en se concentrant sur le rationnel, des bilans solides, des perspectives intactes, une dépendance limitée à la chaine d’approvisionnement et une capacité à transmettre l’inflation un peu plus loin.

Christine Lagarde prévient que la BCE nuirait au rebond de l'économie si elle se hâtait de resserrer les taux. Un relèvement des taux «ne résoudrait aucun des problèmes actuels», déclare-t-elle à Redaktionsnetzwerk Deutschland. «Au contraire: Si nous agissions trop hâtivement maintenant, la reprise de nos économies pourrait être considérablement plus faible et l'emploi serait mis en péril.» En Australie, le gouverneur de la RBA, Philip Lowe, met également en garde contre les risques pour l'emploi qu'entraînerait un relèvement trop précoce des taux.

Goldman Sachs augmente son estimation des taux à sept hausses consécutives de 25 pb, et le marché des swaps prévoit maintenant le même degré de resserrement pour 2022. Malgré une inflation plus rapide que prévu en janvier, les responsables centristes de la Fed ne sont pas pressés de relever les taux d'intérêt avant leur réunion de mars, et une hausse d'un demi-point de pourcentage le mois prochain n'est pas encore probable. Thomas Barkin, directeur de la banque centrale de Richmond, indique qu'il n'est pas encore convaincu de la nécessité impérieuse de relever les taux de 50 points de base. Mary Daly, de San Francisco, est dans le même camp.

Joe Biden exhorte les citoyens américains à quitter l'Ukraine, affirmant que «les choses pourraient devenir folles rapidement». Dans une interview à NBC, on demande à Joe Biden dans quelles circonstances il pourrait envoyer des troupes américaines pour aider les Américains à sortir. «Il n'y en a pas», répond le président. Le chancelier Allemand Olaf Scholz déclare que la Russie ne devait pas sous-estimer l'unité et la détermination des alliés de l'UE et de l'OTAN. Moscou a nié à plusieurs reprises qu'elle envisage une attaque contre l'Ukraine.

Les manifestants qui s'opposent à la vaccination obligatoire en France utiliseront leurs véhicules pour bloquer les routes à Paris à partir d'aujourd'hui, et les autorités américaines se préparent à une éventuelle protestation des camionneurs qui pourrait commencer ce week-end. Novavax demandera aux autorités de réglementation mondiales d'autoriser l'utilisation du premier vaccin protéique Covid-19 chez les adolescents âgés de 12 à 17 ans, après qu'un essai ait montré qu'il permettait de prévenir les cas symptomatiques. Les États-Unis ont conclu un accord de 720 millions de dollars avec Eli Lilly pour la fourniture d'un médicament expérimental qui semble combattre omicron.

Après la seconde estimation de l'inflation allemande de janvier (sortie en ligne à 4,9%), les regards se tourneront vers l'indice de confiance des consommateurs américains, compilé par l'Université du Michigan (16h00).

Ferrari: Jefferies reste sous performance avec un objectif de cours relevé de 125 à 130 euros. L'Oréal: Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 360 à 341 euros. Pernod Ricard: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 235 à 240 euros. Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 214 à 235 euros. Roche: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 435 à 425 francs. Swisscom: Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 620 francs.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices reculent dans le calme. Tokyo est fermée, Hong Kong abandonne 0,43%, Shanghai rend 0,66% et Séoul perd 0,87%. Le future SPX perd 0,5% et l’Europe est indiquée en repli de 1%. Deux niveaux clés sont à suivre: 4451 points sur le SPX (sa moyenne mobile à 200 jours) et 35 sur le VIX.

 

L’actualité des marchés revient lundi 21 février.

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